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L’ARRIVEE DES PREMIERS COLONS*

Posté : 6 mai, 2009 @ 5:57 dans histoire, Les premiers colons | 17 commentaires »

Voilà la terre promise!

Comme tous les yeux, les miens sont tournés vers cette nouvelle terre promise, que la distance nous présente sous un triste aspect.

L’ARRIVEE DES PREMIERS COLONS* dans histoire n26

Je pense que, entre le jour du départ et celui de l’arrivée, 19 jours se sont écoulés, en tout 21 jours. Nous avons perdu 2 enfants, laissé à Nevers un pauvre malade, dans les eaux du canal un malheureux père de famille, une femme en couche à Saint- Andéol, et des mécontents à Marseille. Pour ma part, je ne veux pas récapituler ce que je laisse derrière moi ! Nous sommes arrivés, nos regards doivent maintenant se porter sur l’avenir. Une barque est là, j’y descends. A bientôt, mon ami, une autre lettre.  (Journal de Vivant Beaucé )

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Enfin, comme une délivrance, les colons foulaient le sol algérien et l’arrivée renouvelait l’ambiance du départ de Paris.

Mais, la bienvenue officielle souhaité, les nouveaux arrivants étaient dirigés vers des voitures de l’armée qui se mettaient immédiatement en route vers ” leur ” destination. Les bagages suivraient quand ce serait possible.

cnzijl6e dans Les premiers colonsLe voyage se déroulait dans une contrée où la route n’était même pas ébauchée, où le passage des oueds devait se faire à gué, que ce soit en période de crue ou que le lit soit à sec, les marais étaient traversés à l’estime, au risque de s’y perdre et où la végétation, le plus souvent constituée d’arbustes ou de buissons épineux, n’offrait que peu d’abri contre les incertitudes de ce climat inconnu. Puis, le convoi faisait halte en un lieu où s’élevaient souvent, mais pas toujours, quelques baraques ou guitounes militaires.

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Les colons mettaient quelque temps à comprendre  qu’ils étaient arrivés à destination. Quel désappointement ! Ils étaient vraiment au bout du monde les autorités militaires qui les prenaient en charge laissaient que peu de temps pour gémir. il fallait se presser pour créer un embryon d’organisation avant l’hiver.

Pour parer au plus urgent, on entassa les arrivants dans des tentes ou des baraques disponibles. La seule précaution prise fut d’isoler les hommes célibataires en leur attribuant un local séparé. Chaque famille occupait un petit espace dans les autres abris, bienheureuse de demeurer grouper pour les nuits.

Les repas devaient se prendre en plein air et chaque ménage improvisait une table et des sièges avec des caisses retournées et des pierres. Cette installation précaire permettait de se nourrir avec les rations fournies par l’armée : haricots, riz. viande, pain. Les colons devraient apprendre à s’en contenter jusqu’à leur a autosuffisance. Mais, la principale gêne pour les colons venait de cette vie de promiscuité obligatoire, sans intimité dans des ” logements ” où les séparations entre familles n’étaient constituées que par des couvertures tendues des cordes qui ne montaient même pas jusqu’au plafond. Dans de rivet_concessionstelles conditions les disputes étaient fréquentes et la discipline malaisée à faire respecter. Ce fut une tâches les plus rudes des officiers commandant les colonies agricoles et chacun d’eux, sans aucune formation préalable, s’acquitta de cette mission avec sa personnalité, rendant la vie parfois très difficile aux colons en leur faisant subir un véritable calvaire.

 l’histoire de la colonisation a préféré taire pudiquement les noms de ceux qui se montrèrent brutaux, maladroits ou despotiques. Les conditions de vie furent encore aggravées par les intempéries.

L’hiver 1848-49 fut particulièrement rigoureux empêchant les travaux d’installation. Puis après un printemps 1849 qui fit renaître l’espoir et permit d’entreprendre quelques travaux et les premières cultures, l’été arriva très vite, torride, accompagné par le sirocco. Tout fut desséché et anéanti. Enfin, sur ces communautés physiquement exposées par les privations et une hygiène défectueuse, s’abattirent deux fléaux qui allaient causer des cholravages : le paludisme et le choléra. Si la première des deux maladies put être combattue par la découverte récente de l’action de la quinine, le second mal entraîna de véritables hécatombes : à Damesme 49 morts en 3 jours, à Mondovi 250 morts au village en 14 ou 15 mois, auxquels s’ajoutent les morts dans les hôpitaux. ” Dans le département de Constantine, les 2/3 des colons de 1848 ont succombé, sans presque avoir touché la pioche ou la charrue ” (Emile Violard : Les villages algériens de 1830 à 1870).

A tout cela, il faut ajouter en toile de fond l’insécurité permanente due aux indigènes – mais aussi aux fauves – avec son cortège de meurtres, de destructions et de massacres d’animaux, qui contribua largement au désarroi des colons.

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Devant tant de calamités, beaucoup de ces gens, arrivés là débordant d’espoir, s’effondrèrent, et n’eurent plus qu’une idée, repartir en France avant que leur famille ne disparaisse complètement. Ils signèrent alors l’acte de renonciation à leur concession, avant même de l’avoir eue.

Tous ceux qui abandonnèrent, ne retournèrent pas pour autant en Métropole, les uns s’engagèrent comme ouvriers agricoles dans de grandes exploitations, d’autres gagnèrent les villes d’Algérie et cherchèrent à s’employer dans l’Administration ou le commerce. Un certain nombre, enfin, rentra en France.

Ceux qui quittaient les villages, furent partiellement remplacés. S’il faut, pour fixer les idées, donner quelques indications chiffrées, voici le bilan que l’on pourrait dresser, en comptant les passagers des 17 convois initiaux – 14 543 adultes et enfants de plus de 2 ans plus 391 enfants de moins de 2 ans – et les 6 000 personnes environ qui arrivèrent ensuite, le total des colons de 1848 s’élève à 20600 adultes environ.             

Sur ce nombre,  10 000 restèrent dans les colonies agricoles, 3 000 succombèrent et   7000 renoncèrent à leur concession.

Les 10 000 ” rescapés ” créèrent 42 villages dans les 3 départements lgériens. Ainsi,  naquirent : Castiglione, Novi, Marengo, Montenotte, Ponteba, Saint-Cloud, Saint-Leu, Mondovi. Jemmapes, Guelma, etc…

On pourrait en guise de conclusion, et devant une telle accumulation de malheurs, se demander si par une organisation mieux pensée et plus efficace, mais aussi plus humaine, on n’aurait pas pu éviter ces conditions de vie aussi dramatiquement précaires, qui ont joué considérablement sur la manière dont ces ouvriers parisiens transplantés en Algérie ont, au physique comme au moral, supporté les épreuves auxquelles ils devaient faire face. Là n’était peut-être pas le remède, mais là, peut-être, était le baume sur les plaies.

Mais telle fut leur histoire, au goût de sueur et de larmes et couleur de sang, elle fît naître de magnifiques réalisations et des villages prospères qui n’avaient pas fini de tenir leurs promesses lorsqu’une autre page d’histoire…

                                                     doc doc1villagesdalgrie.doc

extrait du livre d’Alain Lardillier  

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L’esclavage des chrétiens en terre d’islam (1)

Posté : 13 avril, 2009 @ 8:28 dans esclavage, histoire | 26 commentaires »

 Il est au goût du jour de ne voir que grandeur dans l’histoire des autres peuples et comportements vicieux se penchant sur celle de notre pays. Ainsi nous sert-on de larges rasades sur l’esclavage des Noirs et, c’est vrai, l’ignoble méthode qui consistait à les enlever d’Afrique pour les envoyer dans les plantations d’Amérique. Certes, nous sommes coupables, mais moins que les autres Noirs, qui nous vendaient leurs frères après les avoir capturés pour recevoir en échange des armes ou de la verroterie. Si nos ancêtres avaient là leur part de responsabilité, on n’entend guère parler d’un autre esclavage, celui auquel les pirates musulmans réduisaient les chrétiens des côtes méditerranéennes. C’était l’époque des barbaresques, du XVIème siècle au début du XIXème.

En droit, les côtes actuelles de l’Algérie, de la Tunisie et de la Libye relevaient de l’autorité de l’empire turc. Le Maroc avait préservé son indépendance. Ces pays étaient pauvres et, se réclamant du jihad contre les  » infidèles,  » les maîtres des lieux avaient institué une profitable L'esclavage des chrétiens en terre d'islam (1) dans esclavage TunisCharlesQuintindustrie de la piraterieLes corsaires musulmans auraient pu se contenter de piller les cales des bateaux mais, la notion même d’esclave étant légitimé par le Coran, ils préférèrent le trafic d’humains, autrement plus profitable.Pour ce faire, ils ne se contentaient d’attaquer les navires venant d’Europe, mais lançaient aussi des assauts contre les terres chrétiennes

sources Jean Isnard

Débuts de la piraterie en Europe           

Après le coup d’arrêt à leur conquête que fut  la victoire de Poitiers, les Musulmans n’eurent de cesse de vouloir s’emparer de l’Europe par l’ouest d’abord en résistant à la volonté des monarques espagnols de récupérer leurs domaines, ce qui fut toutefois accompli en 1492. 

Après leur expulsion d’Espagne ils attaquèrent cette Europe par  l’Ouest et l’Est.

Par l’ouest  sur mer en encourageant et en pratiquant la piraterie, la razzia sur les cotes avec rapt des populations aux fins de les réduire en esclavage ou de soutirer des rançons,

                                      rais.maxi dans histoire 

Célébration du retour du Raïs d’une compagne de course (peinture Mohamed Racim)

À l’est ils eurent plus de succès,                                                                                                                     Sur une durée de huit siècles terminée en 1453 par la prise de Constantinople, ils  s’emparèrent de la quasi-totalité de l’Empire byzantin jusqu’au Danube et à la cote adriatique.
Il fallut les défaire à Malte en 1565 , Lépante en 1571, Vienne (Autriche) en 1529 et 1683, pour s’assurer un répit avant les libérations partielles du XIXème siècle dans les Balkans.  

En méditerranée occidentale il n’y eut aucune trève ; bien que  les états musulmans aient très vite perdu le contrôle de la mer,  la piraterie a toujours  sévi à  tel point que certaines îles comme les Baléares et la Sardaigne se sont vidées de leurs populations dès le IXème  siècle                                                                                                  image002

L’histoire oubliée des Blancs réduits en esclavage.

 Les Blancs ont oublié ce dont les Noirs se souviennent.  

   

Les historiens  ont étudié tous les aspects de l’esclavage des Africains par les Blancs, mais ont largement ignoré l’esclavage des Blancs par les Nord-Africains. [ Esclaves chrétiens, maîtres musulmans ] est un récit soigneusement documenté et clairement écrit de ce que le Prof Davis nomme « l’autre esclavage », qui s’épanouit durant approximativement la même période que le trafic transatlantique, et qui dévasta des centaines de communautés côtières européennes.Au XVIe siècle, les esclaves blancs razziés par les musulmans furent plus nombreux que les Africains déportés aux Amériques

«Il fallut attendre le XVIIIème siècle pour que les monarques d’Espagne décident de repeupler de Catalans les premières iles et d’en implanter un peu  en Sardaigne, alors que la maison de Savoie s’attache à envoyer des Italiens dans la seconde.»

 La Corse et la Sicile quant à elles, ont apparemment été moins éprouvées. Il convient de mentionner la repopulation de la Corse par des Toscans et des Ligures du XVème au XVIIème siècle ainsi que celle de l’île de Gozo (également désertée suite aux incursions des Maures et la fuite des rescapés) près de Malte par des familles venues de cette dernière au milieu du XVème siècle (in livre d’or de Malte). d’après Jean-Bernard LEMAIRE 

Qui sont ces pirates barbaresques ?

   Par leurs exactions les pirates dits  » barbaresques  » ,  » sarrasins  » ou  » turcs « , ont semé la terreur sur l’ensemble des cotes de la méditerranée occidentale, mais nombre d’entre eux, parmi les plus célèbres, n’avaient de  » barbaresque  » que le fait d’être      convertis à l’Islam, par conviction ou par intérêt, c’étaient des forbans qui se souciaient avant tout de s’enrichir aux dépens de leurs contemporains sous quelque bannière que ce soit. 
                                                                                                                 C’est ainsi que le fameux « , Barberousse était en réalité un marin Grec islamisé de Lesbos. Il s’établit avec ses frères et comparses à Djerba puis à Djidjelli.    Sous le nom de Khair-medium_BarberousseEddine il s’empara d’Alger en 1518 avant d’y rétablir l’autorité de la Sublime Porte et d’être nommé Beylar Bey ou Dey, Se plaçant sous l’autorité nominale et le pavillon de cet empire reconnu des puissances de l’époque, il autorise les pirates à se prévaloir de lettres de course et ainsi de prétendre être  » corsaires  » au service de l’Islam.

 

 

          En 1529  » Cacciadiavoli «  ( Chasse-diables), l’un des séides de Barberousse, captura huit galères espagnoles. Andréa Doria tenta une expédition punitive contre Cherchell, repaire de Cacciadiavoli mais dut battre en retraite

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          Après de nouvelles agressions manifestement effectuées avec l’approbation de la sublime porte, l’Espagne, le Saint Siège et les Chevaliers de Malte déclarèrent la guerre aux turcs en 1531.

          En 1533, le pirate «  Kalypine  » ( le Maure d’Alexandrie) attaqua de nuit un convoi vénitien au large de Beyrouth et subit une cuisante défaite. Les vénitiens firent relâcher les prisonniers, dont Kalypine lui-même, pour ne pas envenimer leurs rapports avec Istamboul..
          Sur ces entrefaites, le Sultan ,nomma Khair Eddine Barberousse commandant en chef (Kapitan Pacha) de sa flotte qui acquit rapidement une valeur et une audace jusqu’alors inconnue.

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          En 1534, Barberousse mit à feu et à sang les côtes de la Calabre et de la Campanie, s’installa à l’embouchure du Tibre et menaça Rome.
          Ensuite il saccagea et soumit la Tunisie dont le Sultan s’était soulevé.
    En 1535, à Cagliari les alliés assemblaient, sous le commandement d’Andréa Doria, une TunisCharlesQuintflotte de soixante quatre galères sur laquelle embarqua Charles Quint.
 En 1537, la république de Venise se décide, après maintes tergiversations et faux fuyants à entrer en guerre aux côtés des alliés hispano-pontificaux. Cette décision s’avèrera peu profitable à Venise puisque c’est elle qui fera les frais de la paix de 1540 avec le Sultan ottoman en lui cédant Nauplie et Malvoisie les deux dernières places fortes de Venise en Morée.

          Toujours en 1540, un autre Grec, Dragut (déformation du Turc Turghut), après avoir écumé le détroit de Sicile pour y piller notamment le blé et les êtres humains, se rend Maître de Tripoli en Cyrénaïque où il prend la place, en 1566,

Il participe brillamment (si l’on se place du point de vue musulman) au siège de Malte où son opiniâtreté et le peu d’intérêt qu’il attachait à épargner les piratas+dragutvies humaines, même pas celles de ses hommes, le montrèrent harcelant sans relâche les défenseurs, religieux et Maltais unis mais inférieurs en nombre, au point qu’ il faillit venir à bout de leur résistance désespérée et ne fut arrêté que grâce à l’explosion d’une réserve de poudre.
          En 1546, Barberousse meurt à Constantinople à plus de quatre vingts ans.

        

A Alger on comptait de 5 à 6000 Corses esclaves à la fin du XVIème siècle. On se doit de mentionner dans les rangs de la piraterie le Rais Hassan Corso, de sinistre mémoire, alors que d’autres tel Sanson Napollon servirent les rois de France et hasan1les financiers de Marseille ou se consacraient à faire office d’intermédiaire  dans les transactions de rachat des esclaves chrétiensl

          Elleuj (Elhadj ?) Ali, né en Calabre était un ancien esclave rameur, converti à l’Islam par intérêt dit-on, pour pouvoir sans châtiment se venger d’un musulman qui l’avait offensé, il connut une carrière de premier plan puisqu’il fut Dey d’Alger de 1560 à 1587, avait toute la confiance du Sultan-Khalife et termina Amiral de la flotte turque. D’aucuns racontent qu’il aidait financièrement et rendait parfois visite à sa famille tout en préservant sa région des attaques venues de la mer. Il était également surnommé  » Occhiali « (lunettes, en Italien) car il avait une mauvaise vue et portait des lunettes.
          Simon Rais ou Simon Danser, autre émule nord-européen cette fois, serait un Flamand ou un Danois qui aurait initié les Musulmans à la  » course  » atlantique. Il leur aurait, dès 1601, enseigné les techniques de navigation océane après les avoir initiés au passage du détroit de Gibraltar pour les mener jusqu’en Islande avec quelques pointes en Amérique.

 Pour l’aspect amusant du sobriquet, nous citerons un dernier exemple de chrétien renégat devenu  » Raïs  » (capitaine) chez les pirates barbaresques, il s’agit de  » Mezzomorto « . Capturé à  » moitié mort  » par les Barbaresques au cours d’un abordage, il survécu et s’enrôla aux cotés de ses ravisseurs.
      fanger2    C’est ainsi que les pirates ou corsaires basés en Barbarie,de Tétouan, d’Alger à Tripoli, ont inquiété le commerce maritime et réduit des innocents en esclavage, non seulement dans leur région d’élection mais jusqu’au Nouveau Monde.

A la fin du XVIIIème siècle c’etait devenu un problème inquiétant pour les Européens , un problème qu’il était urgent de résoudre . Il fut résolu par la prise d’Alger en 1830 par l’armée française .

Sources :L’histoire des Barbaresques de Laurent Lagartempe  , Les Barbaresque de Jacques Heers

Excellent diaporama très instructif de Claude Jacquemay.

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 A suivre->Esclaves chrétiens, maîtres musulmans.

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LE CORAN et L’ESCLAVAGE

Posté : 27 octobre, 2008 @ 4:19 dans esclavage, histoire | 4 commentaires »


Révélé dans une terre où l’esclavage était considéré comme naturel, l’islam n’a pas aboli cette pratique, mais a essayé d’inciter ses fidèles à affranchir les esclaves, notamment les musulmans parmi eux. Des esclaves en quête d’affranchissement ont été parmi les premiers convertis à l’islam et allaient former par la suite le noyau de la première armée musulmaneLE CORAN et L'ESCLAVAGE dans esclavage livChebelesclavage Toutefois, et comme le remarque Malek Chebel, le Coran n’était pas contraignant en matière d’abolition. Dans une démarche d’affranchissement progressif basée sur l’initiative individuelle, l’islam ne voulait pas susciter l’animosité des aristocrates arabes qui tiraient confort et profit de ce qu’on peut appeler la traite des hommes. myths-slavery dans histoire Toutefois, l’extension progressive de l’empire musulman, le besoin impérieux d’une main d’œuvre pour travailler dans les nouvelles terres annexées et l’abondance des prisonniers tombés en captivité après les conquêtes musulmanes, ont relégué les recommandations religieuses au second plan.                                                    image006De dynastie en dynastie et de siècle en siècle, l’esclavage est devenu un fait musulman. Nulle part on ne trouve contre lui d’opposition ou de réprobation. Le nombre d’esclaves et la condition servile étaient profondément enracinés dans la société féodale et passaient pour un fait naturel”, résume Malek Chebel.L’islam s’est imposé en grande partie par le biais des conquêtes. L’armée musulmane s’est retrouvée avec des milliers de captifs (hommes, femmes et enfants) auxquels il a fallu trouver un statut. Ce fut celui d’esclave. C’est ainsi qu’on s’est retrouvé devant un paradoxe entre ce que dit l’islam et la pratique historique de l’esclavage en terre d’islam, entre la théorie et la réalité effective de la chose.Progressivement l’idée d’affranchir un esclave en vue de gagner la bénédiction divine disparaissait, laissant la place au sentiment de puissance et de supériorité que procure la situation de maître. La production théologique allait suivre cette évolution, en fournissant des codes pour réglementer l’esclavage, quand il est devenu impossible de l’abolir. Dans la dernière partie de son livre, Malek Chebel présente trois textes, qu’il qualifie de “codes arabes de l’esclavage”, à l’instar du “code noir” du roi Louis XIV, qui réglait la vie des esclaves dans 5788356les colonies françaises. Dans ces textes, on prodigue des conseils sur l’achat des esclaves et leurs prix, comment éviter les tromperies sur “la marchandise”, on y précise les droits dont disposent les maîtres sur les esclaves, y compris les droits sexuels.                                                              pochoirfrise104.jpg

Les esclaves domestiques restent légion en terre d’islam.-

Le sujet me donne la chair de poule et j’espérais n’avoir jamais à en parler. De quoi s’agit-il ?                                                                                                                        Miochel Garoté a travaillé un temps pour le Corps Consulaire et Diplomatique de Lausanne. Dans ce cadre a publié une petite étude historique (1).

 Mais le sujet n’est pas là. Le sujet c’est les conditions de survie des domestiques dans certaines missions diplomatiques des émirats du Golfe accréditées auprès du Bureau européen de l’ONU à Genève. J’ai été confronté à cette abomination dans le cadre du Corps Consulaire et Diplomatique de Lausanne,  notamment concernant des domestiques philippines. Le récent comportement de Hannibal Kadhafi à Genève a relancé ce douloureux sujet. L’article ci-dessous paru dans Le Matin Dimanche rappelle quelques faits horrifiants à cet égard. Je m’abstiens quant à moi de tout commentaire à ce stade.

-Miguel Garroté  
  
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Les esclaves domestiques restent légion en terre d’islam.

-L’affaire du fils Kadhafi à Genève est venue brutalement rappeler le sort réservé au personnel de maison dans les pays arabes. Une forme d’esclavage moderne encore beaucoup trop répandue. Un intellectuel musulman lance un cri de guerre contre cette «culture esclavagiste» qu’il estime contraire au Coran. Les pressions internationales se multiplient également.

Sources  Ludovic Rocchi,  le 2 août,  dans Le Matin Dimanche.

http://www.lematin.ch/fr/actu/monde/les-esclaves-domestiques-restent-legion-en-terre-d-islam_10-210602 -

Hannibal Kadhafi passe pour le mauvais garçon de la famille. Quand le fils du dictateur libyen est interpellé à Genève avec son épouse pour répondre de graves sévices corporels à l’encontre de deux domestiques, on peut penser qu’il s’agit d’un dérapage isolé, d’une frasque de plus d’un personnage connu pour sa violence et qui se croit tout permis. Hélas, non, la violence reprochée à Hannibal Kadhafi et à son épouse n’a rien d’exceptionnel. Le phénomène de la maltraitance du personnel de maison est si ample dans le monde arabe qu’il donne lieu à une longue liste de faits divers et de rapports alarmants d’organisations internationales. Cette semaine encore, une riche famille des Emirats arabes unis a été inculpée en Belgique pour avoir tenu enfermés et avoir harcelé moralement onze domestiques dans un des plus grands palaces de Bruxelles. Mais il ne faudrait pas croire que ces dérapages ne se produisent que lors de séjours à l’étranger. C’est sur place que la situation se révèle la plus terrible.

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Publié au début de ce mois, un nouveau rapport de l’ONG Human Rights Watch décrit des «conditions proches de l’esclavage» pour une grande partie du million et demi de travailleuses domestiques asiatiques employées en Arabie saoudite (lire leurs témoignages ci-dessous). Passeport confisqué, salaire absent ou dérisoire, horaire démentiel, violences physiques et sexuelles, les pratiques barbares à l’encontre des domestiques se révèlent sans limites et le plus souvent impunies au regard du droit et des traditions en vigueur dans les pays arabes.

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La tradition de la tutelle

Bien sûr, l’islam ne détient pas le monopole de cette survivance de l’esclavagisme. La Genève internationale est bien placée pour le savoir, avec ses scandales à répétition de domestiques exploités et maltraités par des diplomates étrangers, qu’ils soient arabes, indiens, sud-américains ou africains. Et on pourra dire que le sort des femmes de ménage employées au noir jusqu’en Suisse n’est pas toujours reluisant. Mais en terre d’islam, la pratique est érigée en système, héritée de quinze siècles de traite d’esclaves. Les marchés de chair humaine à ciel ouvert ont évidemment disparu. Les pays arabes tardent cependant à se défaire de la tradition de la tutelle ou du parrainage qui remplace le droit du travail. Dans leurs palaces et leurs maisons bourgeoises, les maîtres ne sont pas considérés comme des employeurs à l’égard de leur personnel de maison, mais comme les tuteurs d’étrangers qu’ils abritent sous leur toit. Attirées en masse par la promesse d’un emploi plutôt que la misère dans leur pays d’origine, ces petites mains sont dépouillées de tous droits. Il n’est donc pas difficile de leur confisquer leur passeport, de les cloîtrer et de les exploiter sans aucun risque d’être inquiété. Le plus souvent asiatiques, ces victimes de l’esclavage moderne peuvent aussi venir des pays arabes eux-mêmes, à l’image des «petites bonnes» marocaines, ces centaines de milliers de femmes qu’on enlève très jeunes à leur famille et qui finissent exploitées le plus souvent sans salaire, quand elles ne sont pas violées puis répudiées parce qu’elles ont le malheur de tomber enceinte.

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Timide prise de conscience

Face à ce constat accablant, quelques intellectuels musulmans tentent de relayer chez eux le combat des organisations internationales. Quelques pays arabes, dont le Liban, se mettent timidement à empoigner le problème. L’an dernier, un premier colloque international s’est tenu à Marrakech sur l’esclavage dans les pays arabo-musulmans. Et l’Organisation internationale du travail s’est engagée à réglementer en priorité l’exploitation des domestiques lors de sa prochaine assemblée en 2010. Mais l’esclavage en terre d’islam reste «un tabou bien gardé», dénonce l’intellectuel franco-algérien Malek Chebel dans son dernier ouvrage consacré au sujet (lire et écouter son interview ci-dessous).

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Contraire à l’esprit du Coran

On retient de l’Histoire et du Coran que l’affranchissement des esclaves a été prôné en islam bien plus tôt que chez les Occidentaux. C’est vrai, le Coran évoque la question dans vingt-cinq versets datés du VIIe siècle. Mais cet élan n’a pas duré. Et, surtout, le Coran n’étant pas contraignant, il relève de la responsabilité de chaque maître d’affranchir ses esclaves pour gagner la bénédiction du Ciel. Enfin, il existe aussi une partie du texte sacré qui permet de se donner bonne conscience, comme le font les musulmans wahhabites d’Arabie saoudite et ceux du Golfe. Ils se réfèrent à un verset qui dit que Dieu «a élevé les uns au-dessus des autres, en degrés, afin que les premiers prennent les autres à leur service, tels des serviteurs». Il n’est toutefois pas précisé qu’il faut humilier, cloîtrer et violenter ses domestiques…

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«Ce n’est pas une question de religion mais d’éducation»

Le Franco-Algérien Malek Chebel se réclame de l’islam des Lumières. Il a l’habitude de publier des ouvrages qui remettent en cause la manière dont sa propre religion est «dévoyée». Le dernier en date* est consacré au tabou de l’esclavage en terre d’islam.

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Pour le «Matin Dimanche», Malek Chebel a accepté d’analyser l’affaire Kadhafi.

-Les violences dont sont accusés Hannibal Kadhafi et son épouse à l’égard de leurs domestiques sont-elles courantes chez les riches arabes?

Il est malheureusement fréquent que les puissants du monde arabe se permettent de maltraiter les gens à leur service. Cette barbarie est favorisée par l’absence totale d’Etat de droit. Ceux qui ont le pouvoir façonnent le droit pour eux-mêmes.

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Faut-il comprendre que cette manière d’humilier l’autre fait partie de la culture arabe et islamique?

Non, l’islam n’est pas une religion esclavagiste. Mais certains exploitent des versets du Coran ambigus et vieux de quatorze siècles (!) pour faire croire qu’ils sont en adéquation avec leurs principes religieux. Il s’agit plutôt d’un problème d’éducation individuelle, où chez les nantis, on apprend à disposer du droit de vie et de mort sur tout le reste de la population.

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Avez-vous l’espoir d’un changement par rapport à cette «culture esclavagiste» dont vous estimez que l’islam est victime?

Oui, je crois que c’est le bon moment pour venir à bout de ce tabou massif. Je suis invité dans le monde entier pour donner des conférences depuis la publication de mon livre sur le sujet. Il y a dix ans encore, je n’aurais bénéficié d’aucune écoute…

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*«L’esclavage en terre d’islam», Malek Chebel, Fayard, 496 pages.

Podcast – Malek Chebel interviewé par France Inter  histoire20090424.ram          Patientez quelques secondes au début ou poussez le curseur légèrement.

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 De terribles témoignages

L’Arabie saoudite figure en tête des pays arabes où l’exploitation des domestiques cause problème. Dans un rapport de 133 pages publié le 3 juillet dernier, l’organisation non gouvernementale Human Rights Watch dénonce des «conditions proches de l’esclavage» imposées aux travailleuses domestiques venues le plus souvent de pays asiatiques (Indonésie, Sri Lanka, Philippines, Népal). Les autorités saoudiennes sont appelées à entreprendre d’urgence des réformes en matière d’immigration, de droit du travail et de justice pour mettre fin à cette barbarie. Le rapport contient des dizaines de témoignages qui glacent le sang.

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En voici deux extraits :

«Pendant un an et 5 mois, je n’ai reçu aucun salaire. Si je réclamais l’argent, ils me battaient, ou me coupaient avec un couteau, ou me brûlaient. J’ai des marques sur le dos. J’avais mal partout. Ils prenaient ma tête et la cognaient contre le mur. Chaque fois que je réclamais mon salaire, il y avait un conflit» Ponnamma S., une travailleuse domestique sri-lankaise, Riyad, le 14 décembre 2006.

«Au bout d’un moment, l’employeur a commencé à montrer de l’affection pour moi. Il m’a fait venir dans sa chambre. Il a dit: «Je veux te raconter comment je t’ai eu à l’agence». Il a dit: «Je t’ai ramenée pour 10 000 riyals»… L’employeur m’a violé plusieurs fois… J’ai tout dit à madame… La famille entière, madame, l’employeur, ne voulaient pas que je parte. Ils ont fermé les portes et les portails à clefs…» Haima G., travailleuse domestique philippine, Riyad, le 7 décembre 2006.

    à suivre: L’histoire de l’esclavage enseignée à l’école      table_matiere1  

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Des chrétiens pourchassés en Algérie

Posté : 29 juillet, 2008 @ 11:57 dans histoire, Religion | Pas de commentaires »

 

L’Algérie vire-t-elle au salafisme ?

Dans le FIGARO , son correspondant spécial à Alger Arezki Aït-Larbi nous in forme de la politique anti chrétienne amorcée par les autorités algériennes Les évêques d’Algérie ont été reçus par le ministre des Affaires religieuses pour exprimer leur inquiétude face aux expulsions, radiations et condamnations qui ciblent l’Église depuis l’adoption, en février 2006, de lma loi réglementant les cultes non musulmans  à suivre  ->  

                                                                                   Des chrétiens  pourchassés en Algérie dans histoire 005     005 dans Religion    005  005     005    005

  Ces procès montrent une nouvelle fois les dérives découlant de l’application d’une loi de 2006, qui stipule que quiconque «incite, contraint ou utilise des moyens de séduction tendant à convertir un musulman à une autre religion [...], fabrique, entrepose ou distribue des documents [...] qui visent à ébranler la foi d’un musulman» est passible d’une peine allant de deux à cinq ans de prison et d’une amende de 500 000 à 1 million de dinars (entre 5000 et 10 000 euros). Ces derniers mois, une dizaine de procès ont eu lieu contre des chrétiens. A chaque fois, les accusés ont fait les frais d’une interprétation de plus en plus stricte de la loi et les condamnations se multiplient.                      

 Image de prévisualisation YouTube                                        

                                                               En Kabylie, la communauté chretienne revendique un nombre croissant de conversions et assume son prosélytisme. Un phénomène qui dérange les autorités d’un pays où l’islam est la religion d’Etat.

http://www.dailymotion.com/video/x55q9i

Le père Noël en Kabylie 

Le 24 décembre 2006, jour du Réveillon de Noël, le quotidien algérien El-Shourouq El-Yawmi a publié un article pour se plaindre que le Père Noël, en plein faste royal, errait dans les rues de Tizi Ouzou, dans la région berbère de Kabylie, en Algérie. L’article évoque « l’évangélisation » de la région, décrite comme « la mort venue de l’Occident ».  L’article a été publié dans le contexte de la polémique sur le christianisme en Kabylie. En 2004, le ministre des Affaires religieuses Bouabdellah Ghlamallah a d’abord dénoncé le prosélytisme chrétien, mettant l’accent sur le « risque d’effusion de sang ». Quelques semaines plus tard, il a fait volte-face, affirmant que le christianisme ne représentait pas un danger et que « chacun est libre de se convertir à la religion qu’il estime bonne pour lui. »    à suivre

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Racines anciennes du christianisme en Kabylie

Posté : 28 juillet, 2008 @ 11:33 dans histoire, Religion | 20 commentaires »

        En 770, la dynastie Idrisside qui contrôlait toute l’Afrique du Nord entreprit la destruction de l’église catholique et  les dernières communautés chrétiennes berbères s’éteignirent à la fin du 11ème siècle. Mais, dans certaines régions berbères, les femmes ont continué tout au long des siècles  à se faire tatouer une croix sur le menton et la représentation d’un poisson, signe distinctif des chrétiens des premiers temps, figure toujours sur le seuil des maisons dans certaines campagnes berbères comme le pays khroumir                                                                                                      

                                                  Racines anciennes du christianisme en Kabylie dans histoire kahinawahab758                                                                                                                                        Un Algérien chrétien vivant en France témoigne sous couvert d’anonymat : « Lorsque je suis en Kabylie, j’ai le sentiment qu’il est plus facile d’y parler de Jésus-Christ qu’en France. Il arrivequ’on entende dans les magasins des expressions comme « Gloire à Dieu » ou « La paix du Christ »,alors qu’en France, c’est moins fréquent. »

Tous les chrétiens maghrébins que nous avons rencontrés insistent sur le caractère autochtone de leur foi. Souvent, leur environnement porte le soupçon qu’ils sont devenus chrétiens pour être comme les Français ou les Américains, voire pour obtenir des avantages financiers ou de facilités pour émigrer : « N’oublions pas que le christianisme a été très vivant dans notre région dans les premiers siècles. L’Afrique du Nord a donné des grands théologiens à la première Eg lise, comme Tertullien, Cyprien, Donat ou Augustin, ainsi que quelques papes.

Quand le Maghreb était chretien (voir article précédent)

À observer l’Afrique du Nord actuelle, on conclut hélas trop vite qu’elle est orientale. Or quelles sont les origines profondes du Maghreb ? La question a été maintes fois traitée, et la réponse historique est toujours la même : l’Afrique du Nord fut chrétienne et appartenait à l’Empire romain.

Le Maghreb musulman d’aujourd’hui fut largement chrétien autrefois. Son nom d’ailleurs signifie le Couchant ou Occident en arabe (Al-Maghrib)  à suivre -> 006 dans Religion

                                                                    pochoirfrise104.jpg                    

Les Berbères romanisés avaient été loin dans l’assimilation. Ils avaient adopté la langue, les moeurs, même l’esprit de Rome qui put recruter chez eux des chevaliers, des sénateurs et susciter une élite intellectuelle représentée par Apulée, Fronton, Tertullien, saint Augustin. On ne dira jamais assez combien ces Berbères furent profondément christianisés. Le nombre des églises est un sujet d’étonnement car on en voit toujours plusieurs dans un bourg de moyenne étendue. Ce sont ces Berbères nombreux assimilés et christianisés que vint heurter l’invasion islamique.

                                                     pochoirfrise104.jpg

Le christianisme durant l’Algérie française.

Les conversions au christianisme, dans l’Algérie coloniale, ont été un phénomène peu connu et surtout peu étudié par les sciences sociales.

La Kabylie a été la région d’expérimentation d’une politique d’évangélisation qui a commencé dans les années 1870 à l’initiative de Charles de Lavigerie, archevêque d’Alger depuis 1867. Convaincu de l’ancienneté des racines chrétiennes en milieu berbère, il mena une action missionnaire dans la Kabylie montagneuse considérée, selon lui, comme Le Liban d’Afrique.  Lavigerie, profondément kabylophile, était pleinement convaincu qu’entre Kabyles et Français, la même origine romaine chrétienne créait des liens providentiels

                     Une historienne, Karima Dirèche-Slimani se propose dans un ouvrage « de reconstituer les étapes historiques et les modalités sociologiques » qui ont présidé à l’émergence d’une communauté de chrétiens d’origine kabyle. Ils ne sont que quelques milliers mais leur impact symbolique, hier comme aujourd’hui, pèse lourd dans l’imaginaire et les représentations d’une société et d’une nation en formation. En étudiant cette communauté de chrétiens de Kabylie, Karima Dirèche-Slimani répare donc cet oubli partagé.

 

ChretiendeKabylieL’auteur le déclare d’emblée et le démontre tout au long de son travail: le christianisme contemporain n’a rien à voir avec le christianisme antique. Cependant, ce dernier a servi à la construction du « mythe kabyle « qui considère la Kabylie comme une terre d’islamisés et non pas de musulmans. Sur cette base, le mouvement des conversions initié au XIXe siècle va s’employer à réparer cet accident de l’histoire et contribuer ainsi à asseoir le projet colonial.

 

 

doc doc1.doc   à gauche : Suzanne, première communiante, Alger, 1830   

                         à droite : Roger, premier communiant, Alger, 1830

                        doc doc2.doc   Pères Blancs et paroissiens en 1840

Au-delà de la lumière jetée sur un aspect occulté de l’histoire de l’Algérie (et de la France) contemporaine, l’auteur interroge cet impensé lui-même qui fait que pendant plus d’un siècle aucun chercheur d’une discipline constituée n’a trouvé d’intérêt à aborder cette question, laissant le terrain libre aux spéculations et aux stigmatisations. Elle nous donne un premier élément de réponse en affirmant que « l’interaction entre christianisme et colonisation est, sans aucun doute, à la source de ces malentendus et de ces incompréhensions

                            doc coledefilles4.doc

L’auteur époussette une documentation riche et encore inexploitée. Elle nous invite aux archives des missionnaires qui se trouvent à Rome (Maison généralice des missionnaires) ou à Alger (archevêché), nous laissant entrevoir les trésors qu’elles recèlent. Des registres de catholicité ou Liber status animarum, et des registres de baptêmes in articulo mortis; 13520des diaires qui nous renseignent sur le statut personnel des populations, sur leur état sanitaire et médical ainsi que sur l’univers des individus, des familles et des missionnaires eux mêmes.                               

 

Karima Dirèche-Slimani affronte également la parole hésitante et fuyante des concernés eux-mêmes. Les Kabyles chrétiens que l’auteur a rencontrés ne parlent pas facilement de quelque chose qui aujourd’hui encore travaille leur être au monde.

Karima Dirèche-Slimani nous décrit les conditions historiques et sociologiques de la Kabylie de la fin du XIXe siècle en partant de la donnée géographique. La Kabylie montagneuse, plus pauvre, n’avait pas suscité beaucoup d’intérêt aux yeux des Ottomans village_kabyle-12e3equi l’avaient délaissée ; et la colonisation française a longtemps hésité avant de la conquérir. Les différentes insurrections appellent cependant à une répression féroce qui coûtera très cher à cette partie de la Kabylie (70 % de son capital selon R. Ageron) et fera fuir toutes ses élites traditionnelles. Faisant le lien entre cette violence répétée et « la fuite des élites locales, notamment des clercs et des grandes familles maraboutiques », Karima Dirèche-Slimani considère que « Les insurrections de 1857 et surtout de 1871 sont des moments majeurs de décléricalisation de la Kabylie ».

 

                                   

                                                                                                                                                                                                                

   Paupérisation, violence et déstructuration sociale ont précédé ou orienté l’installation des missionnaires dans une région fragilisée où ils ont été témoins et en partie acteurs des profondes mutations. Au-delà des raisons historiques et géographiques, l’implantation kabylie1chrétienne en Haute-Kabylie est en partie facilitée par la quasi-absence de lieux confrériques, concentrés en grand nombre dans la plaine et dans la partie orientale de la basse Kabylie

                                                                                                                                                                                  

Ainsi, par le hasard de la géographie et de l’histoire, au cœur du massif du Djurdura, cinq tribus (Ath Smaïl, Ath Menguellet, Ath Yenni, Beni Douala et les Ouadhia) se trouvent concernées par le phénomène de la conversion, si rare par ailleurs dans l’histoire de l’Algérie coloniale.

 

 

doc enhautgauchen3.doc :familles chrétiennes

                                                                                                                                                               Monseigneur de Lavigerie                         

                                                                                                                                        11orphelins2

Convaincu dès son installation à Alger par ce qui désormais est appelé le mythe kabyle, Mrg Lavigerie crée « l’œuvre de Saint Augustin pour la résurrection de la foi ». Tout un programme. Il s’agit de refaire vivre une foi chrétienne enfouie sous le poids 

                                                 13511

d’une couche d’islamisation récente. Ceux qu’on appellera plus tard les Pères blancs ont cru à «l’idée que les Berbères, islamisés par la contrainte et la violence, ne demandaient qu’à réintégrer la  religion de leurs ancêtres ». Lavigerie, profondément kabylophile, était pleinement convaincu qu’entre Kabyles et Français, la même origine romaine chrétienne créait des liens providentiels

Un effort colossal de (re) christianisation qui va aboutir à quelques conversions que Karima Dirèche-Slimani a qualifiées de « conversions de la misère ». En effet, c’est sur le  

                                        13510l

terrain de la pauvreté et de la maladie que toute cette épopée s’est jouée. En distribuant à manger aux démunis, en accueillant les orphelins, en soignant les malades, les missionnaires vont vite devenir indispensables et même recherchés par des populations vivant une grande misère et dans un grand désarroi. Bientôt, veuves avec des enfants à 13479charge et orphelins ou personnes âgées en situation de dénuement total ou à l’article de la mort, vont commencer à accepter la conversion qui leur est proposée. Cette conquête des corps devient peu à peu une conquête des âmes. Les sœurs blanches deviennent des sortes de s marabouts» à qui on demandera de soigner toutes sortes de douleurs, même celle de la perte des êtres chers. En tant qu’infirmières, elles vont jouer un rôle dans l’évolution des mentalités et du rapport à la médecine. 

                                                                                                             Hôpital Sainte Elisabeth – Groupe de malades  13477                                                  

                                                               

13481

 

 

 

 

 

Ouvroir indigène des soeurs blanches, travaux de vannerie  

D’autres religieux vont investir l’institution scolaire pour développer leur apostolat. Ce qui favorisera la propagation du projet colonial parmi les populations les plus éloignées des centres de la colonisation. Il faut attendre l’avènement de l’école de Jules Ferry en 1880 pour que ces religieux se voient disputer un terrain qui, jusquelà, leur était exclusivement réservé.

                              Chretiens-Kabyles1         

École de filles, mission des Sœurs Blanches

    Une vingtaine d’écoles en Kabylie :

L’école de Taguemount fut ouverte dès 1873. L’internat était, à l’origine, destiné à former une élite chrétienne. Par leur niveau d’étude et d’instruction, les élèves chrétiens deviendraient des modèles de réussite à imiter.

La Kabylie a compté jusqu’à une vingtaine d’écoles congré- gationnistes. Les écoles de filles étaient tenues par des Sœurs Blanches. Et si au départ, leur principale activité était l’ouvroir de tissage et de couture, elles proposeront une formation plus large…

 L’école vue du jardin.

 

                                                                                                                                                                                                        Au travers de ces « conversions de la misère » l’auteur nous laisse entrevoir une société en lambeaux où le dénuement et la maladie vont quelquefois pousser des parents à abandonner leur propre enfant en espérant ainsi le sauver. Recueilli et baptisé, le converti demeurera attaché à sa culture d’origine. Les mœurs paraissent plus fortes que la foi. Autrement dit la dimension sociale de la religion (pratiques matrimoniales, circoncision, etc.) semblent l’emporter sur son aspect privé. Sous peine d’un échec total, l’Église se voit obligée de s’accommoder d’écarts incongrus.

En devenant chrétiens, nous n’adoptons pas une religion étrangère, nous renouons avec nos racines les plus anciennes » disent les nouveaux chrétiens. 

Pourtant dans les premiers temps l’administration interdit le prosélytisme de l’église catholique ! C’était ne pas comprendre que face à l’islam, seule une force spirituelle pouvait équilibrer la situation. Monseigneur Lavigerie affirmait aux kabyles« nous sommes du même sang les français et vous( par les romains). Mais l’insurrection kabyle de 1871 incitait à la prudence, néanmoins les œuvres d’assistance aux orphelins arabes honorent la chrétienté d’Algérie .évoquons également les postes des pères blancs([qui ne devaient pas parler de Mahomet et du dogme de la trinité)» jésuites et religieuses subirent l’anticléricalisme du début du XX° s.

http://mdame.unblog.fr/

   Les plus celèbres des convertis de cette époque  

. Blottis au pied des contreforts de l’auguste chaîne montagneuse des Bibans, Ighil Ali serait passé inaperçu, comme de la cendre face au vent, sans la réputation ineffable de ses enfants. Et quels enfants ! Les plus dignes.

On peut citer la chaleureuse Fadhma Ath Mansour Amrouche, (1882-1967), ses deux enfants Jean El Mouhoub (1906-1692) et Marguerite-Taos (1913-1976) et l’autre nom, moins connu, de Malek Ouary (1916-2001). Sommités littéraires hors pair morts en exil, ils symbolisent ce que l’Algérie a enfanté de mieux. Leur point commun est d’être injustement et horriblement exclus du panthéon de la reconnaissance nationale même si leur notoriété a dépassé les frontières d’une Algérie oublieuse.:Ils étaient chrétiens Les manuels scolaires marguerite-taos-amroucheou universitaires, censés relayer l’histoire algérienne dans sa diversité linguistique, ne parlent toujours pas de la saga des Amrouche. 

Marguerite Taos Amrouch

 

 Jean Amrouch et sa famille <- cliquez                                                 

 

Jean Amrouch, :jea_amrouche

L’homme qui disait « Je pense et j’écris en français, mais je pleure en kabyle ».

           Sources : la Saga des Amrouch, et Sites Berbères,

à suivre       Les raisons de ce reveil ***cliquez

                                                                                            

           Retour à la première page   fleche_064                             

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Les raisons de ce reveil des Kabyles chrétiens ***

Posté : 27 juillet, 2008 @ 12:43 dans histoire, Religion | 4 commentaires »

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Cimetière marin de Mers-El-Kébir

Posté : 16 mars, 2008 @ 2:02 dans CIMETIERES, histoire, LIEUX et SITES | 12 commentaires »

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 DOSSIER  : Nos cimetières  (1) 

Comme promis voici la suite de l’enquête sur le cimetière militaire de Mers EL KébirTout d’abord  l’historique de la profanation du cimetière militaire de Mers-el-Kébir, un excellent article de M. Yves Henry. 

Cimetière marin de Mers-El-Kébir  dans CIMETIERES photo02m

                                                   Le cimetière de Mers el-Kébir en 1962.

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Le cimetière de Mers el-Kébir le 25 avril 2005

                                                                    86.vignette dans LIEUX et SITES

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Les débuts de la colonisation (1830-1848 )

Posté : 19 janvier, 2008 @ 12:25 dans histoire, Les premiers colons | 5 commentaires »

Les quelques Français qui vivaient en Algérie  dans la Régence d’Alger avaient disparu après le conflit déclenché par le fameux « coup d’éventail » du 29 avril 1827.
Sauf exception, ils ne devaient pas revenir. C’est donc une population toute nouvelle qui allait s’établir et, avant de préciser les régions d’où elle venait, on peut s’interroger sur les origines et les conditions de son émigration.

Les débuts du peuplement français en Algérie évoquent surtout deux images. La première, celle des grands colons aventureux venus  » en gants glacés et en habits noirs, les de Vialar, de Tonnac, de Saint-Guilhem, de Lapeyre et bien d’autres d’origine bourgeoise qui n’hésitèrent pas à s’installer au milieu des Arabes avec lesquels ils établissent souvent de bons rapports et se lancent dans des entreprises agricoles presque toujours ruineuses.

Les colons en gants jaunes (Les gants jaunes = aristocrates fuyant la révolution de 1830)

Février 1835
Deux aristocrates marquent les premiers temps de la colonisation agricole en Algérie.

Le baron Vialar et Max de Tonnac, deux aristocrates légitimistes réfugiés en Algérie après la révolution de juillet 1830 pour ne pas avoir à servir le roi Louis Philippe, qu’ils estiment être l’usurpateur ; viennent d’acquérir, après les propriétés de Tixeraïne et de Kouba, les 300 hectares de l’Haouch Khadra.

Recréant des sortes de fiefs en territoire algérien, les deux aristocrates, tels des seigneurs Les débuts de la colonisation (1830-1848 ) dans histoire compo2du Moyen âge, recourent à des ouvriers agricoles de la région du Languedoc à des fermiers arabes pour mettre en valeur leurs terres.

Personnage excentrique, Tonnac s’est parfaitement adapté aux us et coutumes de la vie locale : fixé sur ses terres dans une maison fortifiée, il s’habille et vit selon les coutumes indigènes et parle couramment l’arabe. Entretenant de bonnes relations avec ses voisins, il n’hésite pas cependant à lancer des expéditions punitives pour asseoir son prestige.

De son coté, Vialar, dont la sœur Émilie, entrée en religion, était supérieure de l’Ordre de Saint-Joseph de l’Apparition, fait construire près de Boufarik un dispensaire destiné aux Arabes des plaines de la Mitidja.

 Le Chateau de Tonnac

chateau dans Les premiers colons

« Le Haouch Khadra (ferme de la verdure), à 2 km du futur village de Rivet (Meftah), fut acheté par le Baron Augustin de Vialar et Max de Tonnac le 17/02/1835. Au printemps de Tonnac vint s’y installer et développer la première ferme de la Mitidja. Ce fut une vraie réussite due à ses qualités exceptionnelles. Il vint s’installer seul, le gouverneur lui avait refusé une escorte de quelques hommes pour l’aider à s’installer ! Son habilité, sa souplesse, sa bienveillance, sa parfaite connaissance de l’arabe, firent rapidement tomber leur hostilité et leur méfiance. A l’intérieur de son «château fort», avec tourelles et bastion, il tenait tête facilement aux maraudeurs et devint le chef et le protecteur. (envoyée par Claudine Cerdan, merci !))

Tous les « gants jaunes » ont quitté l’Algérie au début du XXeme siècle, plus ou moins poussés dehors par la gauche française, qui travaillait main dans la main avec les grandes compagnies capitalistes de colonisation.

Une de ces sociétés réclamait 42.000 hectares pour installer 2.000 colons, c’est à dire 4.000 ha pour les 2.000 colons et 38.000 pour elle. Résultat, les colons servaient d’ouvriers agricoles car ils ne pouvaient pas vivre avec 2 hectares par famille. En vérité Tonnac et Vialar ont acheté leurs terres au gouvernement, et ces terres appartenaient auparavent au beylicat, puis ils ont fait venir des ouvriers agricoles de France pour travailler leur propriétés, car ils ne trouvaient pas de main d’oeuvre localement.

Dernière chose, Vialar et Tonnac (Maximillien de Tonnac de Villeneuve), ont mené la révolte des colons (les agriculteurs) contre les divers régimes qui se succédaient pour réclamer le droit de vote des français en Algérie. En effet ces autorités nommaient des amis à eux dans les conseils municipaux et les conseils généraux. Seule obligation : il devait toujours y avoir un arabe et un juif.

Jean-Pierre Bétoin    (Blog de Djamina)

Histoire des colonies françaises 

 La deuxième image c’est la naissance de Boufarik autour de la petite colonie du  » bazar » et le véritable calvaire des premiers habitants aux prises avec la fièvre et l’insécurité.

Dans un cas, c’est le début de la colonisation libre. Dans l’autre, l’implantation de la colonisation officielle dans la Mitidja. Dans les deux, on pense à l’établissement de colons, au sens propre du terme, c’est-à-dire seulement au monde rural, sans doute parce que la France d’alors était essentiellement paysanne et plus encore parce qu’on était persuadé qu’en dernier ressort le pays appartiendrait à ceux qui peupleraient les campagnes et les mettraient en valeur.

Colonisation urbaine

Or c’est un fait, jamais souligné mais incontestable, la colonisation française dès le début fut surtout urbaine et elle le fut de plus en plus avec le temps, imitée d’ailleurs par tous les autres éléments européens.
Ce sont des Français qui les premiers élèvent de toutes parts à Alger maisons de commerce et magasins. Le commandant Pellissier de Reynaud, qui a laissé de remarquables Annales algériennes, note qu’  » on trouvait à Alger, dès le mois de janvier 1831, à satisfaire à peu près tous les besoins de la vie européenne « .
Et, à un moindre degré, il en sera de même dans les ports recevant les immigrants, puis dans les villes de l’intérieur. En 1835, il y a déjà à Alger 3 205 Français (pour 1835 Espagnols, l’élément étranger le plus important). Avec la disparition de l’immigration d’aventure, cette attraction de la cité s’exerce sur toutes les catégories du corps social : ouvriers des diverses corporations amenés par les travaux d’urbanisation, boutiquiers sans affaires cédant au mirage de profits faciles en Afrique, fonctionnaires de tous grades recrutés d’abord exclusivement en métropole et retenus par quelques avantages financiers s’ajoutant à l’emprise du pays, soldats du contingent qui n’ont pas résisté au charme d’une Algéroise ou d’une Oranaise…

sources  HISTOIRE DES COLONIES FRANÇAISES – Tome 2 -

A suivrecliquez                                  retour fleche_064            

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Création des colonies agricoles -1848 -

Posté : 19 décembre, 2007 @ 10:56 dans histoire, Les premiers colons | 7 commentaires »

Création des colonies agricoles -1848 - dans histoire L3ch1fig1p267

                                                      Création des colonies agricoles

Lorsque le grand chef de l’insurection arabe Abdel-el-Kader  se rendit à Lamoricière et au Duc d’Aumale le 3décembre 1847,  la conquête terminée, il fallait commencer l’organisation de ce territpoire.

En février 1848, la Révolution éclate, met fin au règne de Louis-Philippe et proclame la Deuxième République. Des dispositions sont prises pour résorber le chômage par la création des Ateliers Nationaux.

350px-Maerz1848_berlin dans Les premiers colons images.jpg

 Il subsista cependant une forte agitation sociale, qui fut réprimée en juin 1848. (cliquez)

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 Les Ateliers Nationaux , furent fermés et l’on se « débarrassa » des agitateurs en les envoyant fonder des « colonies agricoles » en Algérie.

Dans le dessein essentiel d’éloigner les ouvriers en chômage dans la capitale après la fermeture des Ateliers nationaux, on créa en Algérue, d’un coup 42 villages en promettant aux futurs colons, outre la concession, une maison d’habitation en maçonnerie, des instruments agricoles, des semences, des têtes de bétail et des subventions alimentaires pendant trois ans.

Après les excès révolutionnaires de Juin, la Seconde République va répondre au désespoir Horace_Vernet-Barricade_rue_Soufflotdes ouvriers par des déportations massives , afin d’éviter pour longtemps tout foyer d’agitation non seulement à Paris mais aussi dans les grandes cités du pays.


Dans sa politique coloniale, le pouvoir décide donc de l’émigration massive ouvrière en Algérie.

En Algérie d’ailleurs , les colons déjà installés  mettent tous leurs espoirs dans la jeune République pour attacher définitivement l’Algérie à la mère patrie, ils se tournent alors vers la colonisation civile qu’ils espèrent développer grâce à la « Société Algérienne », qu’ils créent à Paris ; ils trouvent un auxiliaire  dans la misère du peuple, que ne fait qu’ accroître la fermeture des Ateliers Nationaux : un embryon d’association ouvrière s’amorce alors pour une émigration volontaire dans le plus pur style socialiste.

Mais LAMORICIÈRE entre alors brusquement en scène :  il organise scientifiquement, en bon Polytechnicien et général du Génie, le départ «volontaire» des éléments parisiens les plus turbulents auxquels s’ajoutent en final les acharnés de Lyon!
.
Sur les murs de la capitale,alors s’affiche, le 20, un
« Avis aux Ouvriers » : un crédit de 50 millions sur colonisation_algerie-352c75 ans est ouvert au Ministère de la Guerre, ils serviront à installer en Algérie 12000 colons avant le 1er Janvier 1849 ; dans un certain délai et sous certaines conditions de travail, ceux-ci pourront devenir propriétaires définitifs de leurs concessions.

                                                            

L’article 10 du décret du 20 Septembre stipule: « Les colons seront dirigés sur l’Algérie dans le plus bref délai possible »
Pour déplacer, économiquement et en quelques mois au plus, 12000 individus, hommes, femmes, enfants en bas âge, avec un minimum de bagages, le seul moyen de transport de masse, existant alors, est la voie d’eau car le chemin de fer n’en est encore qu’à ses balbutiements
.
L’automne, saison choisie pour les départs, n’est pas particulièrement propice à la navigation fluviale, mais l’hiver, plus favorable, amoindrirait notablement un confort déjà minimal à bord des chalands ; le gouvernement est, par ailleurs, pressé de vider, en partie, Paris de ses « indésirables », mais aussi, à sa louange, d’installer nos émigrants en Algérie avant, bien avant, les grosses chaleurs dévastatrices de l’été.

« Alors partirent, par fleuves et canaux, avec la bénédiction des prêtres et les attentions prodiguées par la franc-maçonnerie, 16 convois (plus un 17e de Lyon) qui déversèrent sur le sol algérien quelque 13000 individus qu’attendaient tentes ou baraques en bois sans aucun confort, la promiscuité, des sols hérissés de palmiers nains, de lentisques ou de jujubiers, une administration militaire sourcilleuse et, pour comble, la sécheresse, les sauterelles et surtout, en 1849, le choléra qui ravagea les villages. Résultat : compte tenu des décès et des départs, il fallut établir 20502 habitants pour qu’il en restât 10397. »  [ Xavier Yacono)

   à suivre [...] le voyage (cliquez)

sources:  Amicale Généalogie Méditerranée , Force Ouvrière,Colonie Agricole de S.Fontanilles.

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Les lendemains du 5 juillet 1962 à Oran

Posté : 29 septembre, 2007 @ 9:42 dans évènements d'Algérie, histoire | 25 commentaires »

Le lendemain du massacre la vie à Oran reprit presque normalement pour ceux qui n’avaient pas un des leurs parmi les disparus .

Presque aucune allusion au drame vécu dans les journaux les jours suivants, à la lecture des archives de l’Echo d’Oran, aujourd’hui, je suis choquée par ce silence.

. Moi-même j’allais le lendemain faire des courses rue de la Bastille, sans crainte particulière. Les magasins même ceux tenus par les Européens étaient ouverts.

Là je rencontrais un père d’élève musulman . Il était boulversé et me demanda ce que j’allais faire « après les vacances ». Quand je lui dis que je partais définitivement à la fin du mois, il eut cette phrase qui dépeignait bien les sentiments que partageait la population « indigène » que je côtoyais tous les jours.

:«Si vous partez que vont devenir nos enfants. ? Ne partez pas . Je vous assure que les « bandits  » qui ont commis ces crimes seront arrêtés et punis, on les connaît ; vous serez en sécurité comme avant!!!»

Les « bandits  » seront punis! je n’y croyais pas . Etaient-ce d’ailleurs des bandits et seulement des bandits ? Mais…

Le 12 juillet 1962 parut dans l’Echo d’Oran un article dont voici un extrait

«A près les évènements tragiques du 5 juillet, les responsables de l’ ALN s’étaient promis de châtier les coupables….» .

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Lisez… (Pour agrandir le texte : double cliquez sur l’image)

echoran1319620708003.jpg

La lecture étant difficile voici la transcription

Les lendemains du 5 juillet 1962 à Oran dans évènements d'Algérie rtf transcription.rtf

Que penser de cette action ? je cherche encore dans les archives la suite et le compte- rendu des « sanctions appliquées » si ….

à suivre : Les victime sont-elles encore au Petit Lac ? (cliquez)

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