GAZETTE de LA-BAS

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Le 5 juillet 1962 article de Paris Match N°692 du 14 juillet 1962

Posté : 9 août, 2010 @ 10:21 dans histoire, Les evènements durant la Guerre d'Algerie | 1 commentaire »

 

PARIS-MATCH

Un reporter de Paris-MatchOran: C’est sur nous qu’ils tirent! par Serge Lentz texte extrait du Paris-Match n°692, du 14 juillet 1962
5 juillet. 11 h
Le sirocco s’est levé, depuis quelques minutes et, bien que nous roulions sur la route de Tlemcen à Oran à plus de 100 à l’heure, l’air qui nous fouette est brûlant. A la sortie d’un petit village écrasé de chaleur, nous sommesarrêtés par deux soldats de l’ALN qui portent des mitraillettes tchèques en travers de la poitrine. Lun d’eux s’approche, entre sa tête dans la voiture et avec un grand sourire nous serre la main à tour de rôle; nous repartons.12h20 -Dans les faubourgs d’Oran, autre barrage. Brusquement, il n’est plus question d’amabilité. Un soldat de l’ALN ouvre ma portière avec violence, et me fait littéralement tourbillonner hors de la voiture. Là, il me pose sa mitraillette sur le ventre pendant qu’un autre me fait lever les bras et me fouille de la tête ( aux pieds. Mon collègue Biot, se fâche: -Enfin, qu’est-ce qui vous prend ? Nous sommes journalistes. Aussitôt, changement d’attitude. La mitraillette s’abaisse: -Il y a eu des coups de feu devant la mairie m’explique le soldat. Il y a beaucoup de blessés et beaucoup de morts; ça tire encore en ce moment. Nous sommes stupéfaits. Je demande: -Oui a tiré ? – C’est l’OAS, bien sûr. Au loin, nous entendons crépiter des coups de feu ponctués d’explosions. . 12h50 -Nous roulons au pas. Notre hôtel n’est qu’à 500 mètres, mais il me semble qu’il nous faudra des heures pour y parvenir. Autour de nous, des soldats musulmans embusqués dans les porches des maisons tirent à l’aveuglette.
.12h55 -Nous embouchons le boulevard du 2e Zouaves. Une mitrailleuse lourde se déchaîne, puis une autre. Nous restons paraIysés. Puis, brusquement, je réalise et je me mets à brailler: -Mais, bon sang, c’est sur nous qu’ils tirent! -Marche arrière, crie Biot. La voiture bondit en arrière dans un hurlement de pignons. Nous virons à toute allure, en marche arrière. Je bloque les quatre roues, moteur calé. Nous nous précipitons vers un porche. Tout cela n’a pas duré plus de cinq secondes. Nous n’avons pas le temps de souffler. -Haut les mains ! Nos bras jaillissent vers le ciel. Je crie: -Nous sommes journalistes. Lautre (un ATO à mitraillette) se fige aussitôt et nous exécute un irréprochable «présentez armes».13h -L’ATO est monté sur le capot de la voiture et nous dirige vers le Commissariat central: -Là-bas, vous serez en sécurité, dit-il. En fait, à peine arrivés, nous nous retrouvons tous à plat ventre sous les balles qui viennent d’on ne sait où.13h20- Nous avons trouvé refuge dans une caserne de zouaves… Un cadavre est écroulé devant la porte de la caserne. C’est un musulman que d’autres civils musulmans ont poursuivi jusqu’ici. Avant même que les zouaves aient eu le temps d’intervenir, le malheureux a été abattu d’une balle de revolver, puis achevé à coups de crosse et à coups de couteau. Le corps n’a plus rien d’humain. La tête est à moitié arrachée.

14h -A l’abri dans la caserne, nous montons sur la terrasse et, à la jumelle, nous regardons ce qui se passe: les voitures fouillées, les ambulances de la Force locale qui passent, hérissées de mitraillettes. Vers le quartier Saint-Eugène, un vacarme énorme se déclenche. Mortiers, grenades, mitrailleuses lourdes, tout y passe. Une demi-heure plus tard, on tire toujours à Saint-Eugène. De notre côté, les choses semblent calmées. A la jumelle, je vois deux soldats français fouillés par des civils musulmans en armes.

15h -Un capitaine qui commande un détachement de zouaves a réussi à faire libérer les Européens retenus prisonniers par les ATC au Commissariat central.

15h15 -Je vois une longue colonne d’Européens qui remontent la rue, plus de quatre cent. Les visages sont durs, fermés, certains tuméfiés. La colonne est silencieuse. C’est un spectacle poignant. A 15h30, les tirs se sont tus.

17h30 -Les rues sont désertes. Le lendemain, on cherche des explications. Quel est le bilan ? Comment la fusillade a-t-elle démarré ? Sur les causes de la fusillade, il court deux versions différentes. On parle, bien sûr, d’une provocation OAS, mais cela semble peu vraisemblable. Il n’y a plus de commandos, ou presque, parmi les Européens qui sontdemeurés à Oran… On parle aussi de règlements de comptes politiques entre musulmans. Or, on raconte en ville que, durant la nuit du 5 au 6, nombre de musulmans ont été collés au mur en ville arabe et fusillés. On ajoute que parmi eux, il n’y avait pas que des pillards. Ceci tendrait donc à confirmer la thèse du règlement de comptes. Peut-être s’agit-il tout simplement d’un coup de feu lâché par inadvertance ou par enthousiasme par l’un de ces nombreux jeunes musulmans qui étaient descendus en ville avec un revolver passé dans la ceinture ? Déjà au soir du 1 er juillet, on dénombrait un grand nombre de morts et de blessés en ville musulmane, morts et blessés simplement victimes de fantasias.

Ce qui est certain, c’est que cette fusillade fut le résultat d’une crise d’hystérie collective durant laquelle les coups de feu partirent dans tous les sens. Un autre élément est le fait que quinze cadavres européens qui se trouvent à l’hôpital civil d’Oran, treize ne portent pas de blessures par balle, mais ont bien été tués à coups de couteau. Quant au bilan des morts et des blessés, on ne saura jamais avec certitude ce qu’il en a été. Les victimes musulmanes furent immédiatement emportées en ville arabe et, comme le Coran le prescrit, enterrées le jour même; il est demeuré impossible de faire un dénombrement exact des victimes…

NDLR. Si les coups de feu peuvent être le signe indéniable de tirs contre des maisons ou des véhicules ou d’exécutions d’Européens, les bruits d’armes lourdes, comme mortiers ou mitrailleuse, cités par plusieurs témoignages, concernent autre chose… On sait que des postes de garde de l’armée française, comme celui de la gare, ont riposté à des attaques de la part de quelques musulmans; on n’a pas de témoignages qu’ils aient utilisé des armes lourdes, dont ils n’étaient pas munis. S’il y a eu des règlements de comptes entre factions de l’ALN, ou entre l’ALN et des bandes incontrôlées, les autorités algériennes se sont bien gardées d’en faire le commentaire…

l’agonie d’Oran tome II, pages 147 à 149

 

Le 5 juillet 1962 article de Paris Match N°692 du 14 juillet 1962                                                                  dans histoire photo_par-match_n%B0692_pet

photo_par-match1_n%B0692_pet dans Les evènements durant la Guerre d'Algerie

 

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http://oran1962.free.fr/Photos/Paris-Match-1-ter_pet.jpg

Qui se souvient de cette photo?

Je consulte le site de Geneviève de Ternant, et je découvre, entre autres témoignages, les photos du reporter de Paris Match n° 692 du 14 juillet 1962: les photos de la page 37 et de la page 38.Il y a également sur la page 39, la photo que je vous transmets et que je vous demande d’ajouter, car je suis la jeune fille assise dans une salle de classe, en proie à une crise de nerfs…. Je vous demande de bien vouloir faire paraitre cette photo sur votre
site car je coudrais lancer un appel: Dans la salle de classe on ne voit qu’un monsieur assis parterre, en proie à un profond chagrin, et une jeune fille en pleurs, or il y avait, au moins une dizaine d’autres personnes dans la classe.  » Nous avons été amenés dans cette école vers 18 heures, en GMC de l’armée française, après avoir été libérés ( du commissariat cantral? à vérifier) où nous étions détenus en otages par les nouveaux maitres de l’Algérie. (un officier français a du parlementer de longues heures pour
obtenir notre libération). Qui se souvient de cet épisode de la journée du 5 juillet 1962 à Oran?…
Les deux reporters de Paris Match étaient du voyage. Dans la classe, les militaires qui nous avaient amenés, ont apporté une caisse de boissons et ont essayé de nous réconforter, puis nous ont demandé notre adresse et nous ont conduits jusque devant notredomicile. Qui se souvient de cette photo?
( Mon témoignage a paru dans l’Agonie d’Oran tome 3 de Geneviève deTernant ).
Mme Fernandez.
 

Photos parues dans Paris-Match n° 692 du 14 juillet 1962

 

**Identité nationale: ce qui compte, c’est l’appartenance choisie

Posté : 15 novembre, 2009 @ 2:05 dans histoire, LES ARTICLES | 3 commentaires »

Kader Hamiche, fondateur du Forum civique des harkis, qui a participé à la création du Conseil national des Français musulmans, intervient ici dans le débat sur l’identité nationale.  

« Je hais l’idéalisme couard qui détourne les yeux des misères de la vie et des faiblesses de l’âme. Il faut le dire à un peuple sensible aux illusions décevantes des paroles sonores : le mensonge héroïque est une lâcheté. Il n’y a qu’un héroïsme au monde : c’est de voir le monde tel qu’il est et de l’aimer. »

Romain Rolland
 

« Je ne demande à ma patrie ni pensions, ni honneurs, ni distinctions : je me trouve amplement récompensé par l’air que j’y respire ; je voudrais simplement qu’on ne l’y corrompît point. »
Montesquieu

Je suis berbère et je n’en suis pas plus fier. J’admets que je l’ai été, un temps, parce que l’histoire de ma famille n’était pas banale et que j’étais persuadé que mes ancêtres avaient compté dans l’Histoire avec un grand « H ». Mais tout ça est longtemps resté théorique et vague et j’ai fini par comprendre qu’on ne juge pas un arbre à ses racines mais à ses fruits. Massinissa, Jugurtha, les empereurs romains berbères, Saint Augustin, les dix mille (ou trois mille, c’est selon) Berbères conduits par Tarik à la conquête d’une Espagne elle-même peuplée de cousins ibériques ; les Fatimides chiites se rendant maîtres de toute l’Afrique du Nord et fondant Le Caire en 969, les dynasties berbères Almoravides puis Almohades régnant sur le Maghreb et une partie de l’Espagne jusqu’au treizième siècle : tous ces grands ancêtres ont de quoi marquer l’esprit d’un jeune Kabyle passionné d’Histoire et d’épopée et lui donner à penser qu’il n’est pas la moitié d’une m…. Mais je me suis mis, hic et nunc, à rencontrer des Berbères, de plus en plus, et, peu à peu, j’ai commencé à savoir. Et mes illusions se sont envolées. D’abord, des Berbères, il n’y en a pas que des bons, et même, il y en a beaucoup de franchement mauvais. Ensuite, rien ne prouve que moi, petit Français né dans un petit village de moyenne Kabylie, j’aie quelque chose à voir avec les grands hommes de l’Ifriqiya (1). A supposer que ce soit le cas, cela ne signifierait pas pour autant que j’aie hérité du moindre de leurs mérites. Enfin, à bien y regarder et renseignement pris, il apparaît que ces grands hommes étaient tous des sacrés tordus, dans leur genre. Après que les glorieux ancêtres, qui passaient leur temps à faire la guerre à leurs frères et voisins, eurent laissé les Carthaginois s’installer tranquillement sur leur territoire (à supposer que l’Afrique du Nord leur appartînt), Massinissa favorisa leur remplacement par les Romains avant que Jugurtha (2) se retourne contre eux quatre-vingts ans plus tard. Le premier était allié à ceux-ci dans leur lutte contre Carthage à partir de 202 avant JC ; le second, en révolte contre les occupants que son aïeul avait aidés à prendre la place des précédents, combattait et tuait ses deux frères et rivaux avant d’être livré par son propre beau-père, Bocchus, à ses ennemis qui l’éliminaient en 104. Belle mentalité ! Enfin, il paraît que c’étaient les mœurs de l’époque. Ce qui, au fond, ne nous change pas beaucoup d’aujourd’hui où, en politique, en économie ou dans le milieu associatif, enfin, partout où il y a un semblant de pouvoir ou de prébendes à prendre ou à garder, on ne tue pas mais on élimine sans plus de scrupules. Le brio excepté car, s’ils tuaient sans remords, du moins les Romains mouraient-ils sans regrets, suivant la devise de leurs glorieux Consuls. En tout cas, il n’y a pas vraiment de quoi se vanter de tels ancêtres. L’empereur romano berbère Septime Sévère ne valait pas (moralement) beaucoup mieux que ces deux glorieux ancêtres, lui qui se fit élire en achetant les voix des prétoriens. Son fils Caracalla se distingua en faisant assassiner son propre frère dans les bras de sa mère et en accordant la citoyenneté romaine à tous les métèques libres de l’Empire en 212. Autant dire qu’il donna le signal de la décadence romaine. Peut-être une façon inconsciente de venger la Berbérie et tout le reste de la Méditerranée qu’ils occupaient depuis quatre siècles ? Quand aux dynasties berbères qui se rendirent maîtresses de toute l’Afrique du nord jusqu’en Syrie, où elles établirent leur capitale, elles eurent tôt fait de se dépouiller de leur austérité spartiate pour adopter le mode de vie confortable et des sybarites orientaux. Et ce sont elles qui furent responsables de la véritable arabisation du Maghreb en y envoyant, pour s’en débarrasser, quatre cent mille sauvages de la tribu des Beni Hillal. Ce qui fit dire au grand savant et philosophe arabo-berbère Ibn Khaldoun (3) : « Là où les Arabes passent, les murs tombent en ruines ! » (4).

Saint-Augustin, en revanche, c’est la classe. Voilà un vaurien qui exerce tous les métiers, se livre à la débauche et fait les quatre cents coups pendant une bonne partie de sa vie et qui, tout d’un coup, est touché par la grâce à trente-trois ans, c’est-à-dire à l’âge où le Christ meurt et où, paradoxalement, il commence vraiment à exister aux yeux de toute une humanité. Il a bien calculé son coup, le bougre ! C’est amusant et absurde mais ça me fait penser à ces Maghrébins, piliers de bistrots et gibiers de potences, qui ont appris l’Islam à Fleury-Mérogis et se retrouvent à peu près au même âge à faire les imams, prêcher la morale aux pères de familles et enterrer les morts musulmans dans les banlieues. De grâce, si je meurs un jour, ayez pitié de moi et ne me laissez pas entre les mains de ces fossoyeurs de religion, ni enterrer dans un carré musulman ! Mais pour revenir à Saint-Augustin, il faut reconnaître que, par la suite, il a été bon, et ce, dans tous les domaines. Devenir le principal artisan de la doctrine du christianisme en utilisant son propre exemple pour l’édification de milliards d’individus à travers les siècles, en inventant au passage un genre littéraire : chapeau, l’artiste ! Ça me plaît bien, cette idée d’une filiation, même improbable et lointaine, avec un type qui parle de Dieu en ces termes : « Tard je vous ai aimée, Beauté si ancienne et si nouvelle… C’est que vous étiez au-dedans de moi et moi, j’étais en-dehors de moi… », et qui a permis à la chrétienté de dominer le monde. Non pas que celle-ci m’attire particulièrement, au contraire. De toutes les religions ayant adopté le dogme aristotélicien de l’univers mû par un moteur lui-même immobile, d’où surgit l’idée de Dieu créateur et incréé, c’est celle qui s’est le plus laissé détourner de son message originel. Polluée par des arguties conceptuelles contradictoires, paradoxales et hermétiques à l’intelligence, la religion apostolique et romaine est devenue un culte idolâtre et pour tout dire polythéiste. Le Catholicisme, avec ses rites à la fois simplistes et impénétrables et sa rhétorique spécieuse capable de dire tout et son contraire, est un vrai sac de nœuds, incompréhensible pour toute intelligence également assez rationnelle et ouverte pour faire la part des choses entre la foi et la superstition. De ce point de vue, le Protestantisme et le Jansénisme, dans leur morale épurée inspirée de Saint Augustin, justement, et l’Islam nettoyé des scories de ses prescriptions sociales et politiques, sont plus proches de l’idée que je me fais de la religion. Ceci étant, je suis assez mal placé pour en juger car il me manque l’essentiel : la foi. Mais Albert Einstein ne parle-t-il pas de la « religiosité cosmique » qui fait de certains mécréants des saints ou des allumés ? Je me reconnais assez dans cette notion, quoique je ne parvienne pas à choisir dans laquelle de ces deux catégories je m’inscris. Aussi suis-je un mécréant respectueux des religions, qui m’interpellent en tant que philosophies. Sur ce plan, le cousinage entre le Christianisme des premiers temps, le Protestantisme, l’Islam, et le Catholicisme dans sa version janséniste est évident et invite à l’oecuménisme. C’est rassurant pour celui qui, bien que né musulman, comme tout le monde (5) , se revendique à la fois mécréant et respectueux des croyances. Un laïc, en somme, que seuls rebutent l’athéisme militant, qui mise tout sur l’intelligence, et le fondamentalisme religieux qui, au contraire, récuse toute intelligence, les deux se rejoignant par cela qu’ils cultivent également l’intolérance. Car c’est le niveau de civilisation auquel les différentes religions ont porté leurs adeptes qui m’intéresse. De ce point de vue, la performance du Christianisme sous toutes ses formes est prodigieuse. « Je suis chrétien par l’histoire et la géographie », disait quelqu’un qu’on cite avec réticence dans un livre comme celui-ci . Quoique non-croyant, je souscris d’autant plus volontiers à cette profession de foi que, ce faisant, je n’ai pas le sentiment de trahir mes ancêtres. Et je suis heureux que les Berbères aient été parmi les premiers à avoir embrassé la religion – donc la civilisation – chrétienne, ce, bien avant les Européens. Et même, d’avoir été parmi les premiers à l’avoir adoptée en masse avant qu’elle s’étende à toute l’Europe et au bassin méditerranéen à partir de l’Afrique du Nord, justement, et, en partie, sous leur impulsion. Depuis, les Berbères n’ont jamais cassé le lien qui les unissait à l’origine au monde chrétien. Certes, l’Islam et les Arabes se sont facilement implantés au Maghreb, mais ils n’ont finalement réussi à n’en coloniser tout à fait ni les territoires ni les esprits. Ils n’ont jamais réussi à affaiblir complètement et durablement l’attachement des Berbères et, singulièrement, des Kabyles, à leurs origines, mais aussi l’attrait et la fascination qu’ils ont toujours éprouvés pour l’Occident, un peu comme si, instinctivement, ils reconnaissaient en les Européens quelque chose d’eux-mêmes. « Je ne suis pas musulman et je ne suis pas arabe ! », criait Matoub Lounès avant d’être assassiné, sans doute par ses frères trop timorés pour le suivre sur cette voie. Une profession de foi, un mot d’ordre, un slogan, que des millions de voix kabyles crient maintenant à la face de leurs occupants du moment. Treize siècles d’Islam et d’arabisation plus ou moins forcée et forcenée n’ont en rien altéré le sentiment délicieux des Berbères d’être des gens « différents » et de constituer comme tels une nation. Un sentiment national qu’ils ont, au prix de formidables sacrifices comme la relégation dans les montagnes par les Arabes, l’exil et la déportation des meilleurs d’entre eux, et la confiscation du plus gros et du plus fécond de leurs terres par la troisième République radicale (6), athée et maçonnique, consciencieusement entretenu en résistant le plus possible à l’écart des envahisseurs et en tâchant de préserver leurs modes d’organisation sociale et politique, et même leurs croyances, très largement hérités des Romains. Tout en ayant toujours le souci de perpétuer leur appartenance à la civilisation romano chrétienne par des signes visibles et dont le sens s’est malheureusement perdu dans le temps. C’est ainsi que les femmes berbères reproduisent le signe de croix en langeant leurs bébés et ont porté jusqu’à ces toutes dernières années – les canons de la beauté ayant changé avec l’avènement de la télévision – des croix tatouées sur le front en gage de soumission du cœur à l’ancien ordre religieux. Mais surtout, et c’est ce qui perdurera, les Berbères portent sur eux physiquement, à chaque instant et pour l’éternité, cette identité qu’ils ont en commun avec le monde romain et, donc, si on extrapole, la France.

C’est cela, ma « communauté d’origine ». Je ne m’en vante ni ne la renie. Je n’en suis ni fier ni honteux. J’y suis attaché mais non pas entravé par elle. Je suis français d’origine kabyle comme on est français d’origine bretonne ou savoyarde ; un Français dont les veines charrient, à coup sûr, du sang aryen, du sang arabe et du sang turc, et bien trop conscient de ce qu’il est, comme la très grande majorité des Français, le résultat d’apports divers et variés, pour récuser à d’autres citoyens de ce pays originaires d’autres contrées le droit à la francité, pour peu qu’ils conçoivent leur appartenance à la nation française comme un choix et un engagement uniques et exclusifs de tout autre.

Je suis le fils d’un Harki assez sûr de ses engagements pour pouvoir dire, cinquante ans plus tard : « Si c’était à refaire, je le referais ! » Je suis fils de Harki et fier de l’être, pas seulement parce que j’ai foi en mon père, que je l’aime et l’admire, mais aussi parce que sachant ce que je sais, j’ai suffisamment d’éléments en main pour pouvoir dire, rétrospectivement et objectivement : « Le combat de mon père et celui d’une certaine France qui ne voulait pas voir brader l’Algérie étaient justes. » Je suis encore plus fier d’être un fils de Harki quand les Harkis sont insultés par leurs ennemis ; et je suis un kabyle solidaire des Kabyles quand la Kabylie est martyrisée. Mais, par-dessus tout, je suis français, et plus encore lorsqu’on crache sur la France.

Français voulant, donc français étant, je suis français d’une appartenance nationale exclusive de toute autre et que personne, jamais, ne pourra me contester (7). Si la France devait, et ce jour ne me paraît pas si lointain, soutenir un conflit armé et mobiliser ses fils pour la défendre, je répondrais à son appel, et mes enfants avec moi, sans aucun état d’âme ni aucune restriction mentale. Je ne suis pas sûr qu’il en soit de même pour nombre de Français issus de l’immigration européenne ou africaine qui pratiquent la double allégeance. Je ne suis pas sûr qu’il en soit de même pour ces enfants d’Immigrés espagnols, italiens, portugais ou autres, qui masquent leur ingratitude envers la France en l’accusant d’avoir exploité leurs parents alors qu’elle leur a donné l’asile quand ils fuyaient la dictature et la misère, et qui en tirent argument pour justifier leur attachement prioritaire sinon exclusif à leur pays d’origine. Je ne suis pas sûr qu’il en soit de même pour tous ceux qui dissimulent leur attachement à la patrie d’origine de leurs parents sous une improbable nationalité européenne. Je ne suis pas sûr qu’il en soit de même pour beaucoup de ces Juifs français, pour la plupart originaires d’Afrique du Nord, qui vouent un tel culte au mythe du « grand » Israël qu’ils en sont devenus les plus sûrs freins à un règlement de la question palestinienne. Je ne suis pas sûr qu’il en soit de même pour la plupart de ces Musulmans français doublement attachés, eux, à leur pays d’origine et à l’oumma, et pour qui la carte nationale d’identité n’est qu’un sésame qui leur permet de profiter ici d’avantages qu’ils ont été bien incapables d’instituer dans leur propre pays.

Fils d’un noble paysan Kabyle qui a hérité de ses ancêtres aux vertus guerrières la volonté et la force, quand les circonstances l’y obligeaient, de lâcher le manche de la charrue et de saisir celui du glaive pour le salut de sa famille, et qui, en des temps difficiles et des circonstances décisives, a choisi la France et lui est resté fidèle bien qu’elle se soit comportée avec lui comme une indigne marâtre, je suis héritier et dépositaire des prérogatives et des responsabilités découlant de ce choix courageux et assumé. Et chaque heure, chaque jour qui passent me font un peu plus Français et un peu moins Kabyle. Je ne m’en réjouis ni ne m’en plains : je le constate, tout simplement. Pour qu’il en fût autrement, il eut fallu que la Kabylie restât française. C’est ce que l’Histoire n’a pas voulu. Il n’y a pas à revenir là-dessus.
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(1) Province romaine d’Afrique
(2) Descendant du précédent, formé à Rome
(3) Auteur de la formule : « Nous sommes tous des Berbères plus ou moins arabisés ! »
(4) Formule qu’il faut traduire ainsi : « Là où les Arabes passent, la civilisation trépasse ! » Ibn Khaldoun était bien placé pour le savoir.
(5) C’est le sens même du mot « musulman » qui signifie « créature soumise à Dieu » (je veux bien faire cette concession, à condition qu’on ne veuille pas m’imposer une définition de Dieu).
(6) Cinq cent mille hectares après la révolte de Mokrani en 1871.
(7) N’en déplaise à ceux qui veulent faire peur aux Harkis fidèles à la France en leur suggérant qu’un jour celle-ci les chassera.

Les raisons du mal-être qui ravage l’Algérie ?

Posté : 15 novembre, 2009 @ 1:52 dans histoire | 6 commentaires »

Interview de Boualem Sansal 

Quelles sont, selon vous, les raisons du mal-être qui ravage le pays ?

Les réponses renvoient toutes à ces thèmes que nous ruminons à longueur de temps : l’identité, la langue, la religion, la révolution, l’histoire, l’infaillibilité du raïs. Ce sont là ces sujets tabous que le discours officiel a scellés dans un vocable fort : les Constantes nationales. Défense d’y toucher, on est dans le sacré du Sacré. Stupeur et tremblement sont de rigueur. Ouvrons la boîte des Constantes et faisons la part des choses.

Le peuple algérien est arabe
Cela est vrai, mes frères, à la condition de retirer du compte les Berbères (Kabyles, Chaouis, Mozabites, Touaregs, etc., soit 80% de la population) et les naturalisés de l’histoire (mozarabes, juifs, pieds-noirs, Turcs, coulouglis, Africains… soit 2 à 4%). Les 16 à 18% restants sont des Arabes, personne ne le conteste. Mais on ne peut jurer de rien, il y eut tant d’invasions, d’exodes et de retours dans ce pays, hors la couleur du ciel, rien n’est figé. Nos ancêtres les Gaulois et nos ancêtres les Arabes sont de ce mouvement incessant de l’histoire, et ça laisse des traces. Moi-même, qui ai beaucoup cherché, je suis dans l’incapacité de dire ma part rifaine, kabyle, turque, judéo-berbère, arabe et mon côté français. Nous sommes trop mélangés, dispersés aux quatre vents, il ne nous est pas possible, dans ma famille, de savoir qui nous sommes, d’où nous venons et où nous allons, alors chacun privilégie la part de notre sang qui l’arrange le mieux dans ses démarches administratives. Les Berbères n’ont pas forcément vocation à être, à eux seuls, les enfants de l’Algérie. Le fait d’être là depuis le néolithique n’est pas une fin en soi. Bientôt les Chinois, de plus en plus nombreux chez nous, pourront clamer que l’Algérie est chinoise et il sera difficile de les contredire. Disons que pour le moment l’Algérie est peuplée d’Algériens, descendants des Numides, et on en reste là. Cette Constante, l’affirmation entêtée d’une arabité cristalline descendue du ciel, est d’un racisme effrayant. En niant en nous notre pluralité multimillénaire et en nous retirant notre élan naturel à nous mêler au monde et à l’absorber, elle nous voue tout simplement à la disparition. Pourquoi veut-on faire de nous les clones parfaits de nos chers et lointains cousins d’Arabie ? De quoi, de qui ont-ils peur ? Je comprends que les Kabyles, les Berbères les plus ardemment engagés dans le combat identitaire en aient assez d’être vus comme inexistants dans leur propre pays, ou pire, comme une scorie honteuse de l’histoire des Arabes. Mais quand même, s’ingénier à se vouloir arabes par force et s’affirmer kabyles avec la même farouche intensité, c’est pile et face du même racisme. Nous sommes des Algériens, c’est tout, des êtres multicolores et polyglottes, et nos racines plongent partout dans le monde. Toute la Méditerranée coule dans nos veines.
 
Le peuple algérien est musulman
Clamée avec cette inébranlable intention, cette Constante est une plaie, elle nie radicalement, viscéralement, les non-croyants, les non concernés et ceux qui professent une foi autre que l’islam. En outre, elle offre le moyen à certains de se dire meilleurs musulmans que d’autres, et qu’en vertu de cela ils ont toute latitude de les redresser. De là à songer à les tuer, en même temps que les apostats, les mécréants, les non-pratiquants et les tenants d’une autre foi, il n’y a qu’un pas et il a été maintes fois franchi en toute bonne conscience.
En validant cette Constante, la Constitution, qui stipule que « l’islam est religion d’Etat », fait de l’Etat le garant d’un génocide annoncé et en partie réalisé. Et nous voilà forcés à la peur, à la vigilance, à l’hypocrisie, à la protestation permanente de bonne foi, à la surenchère, bref, à la bigoterie institutionnalisée, et de là, à nous enrôler dans le jeu infernal des chefferies en place. Il faut bien vivre et penser à sa famille. On s’invente une filiation, on se fait une barbe, on se cogne le front contre le mur pour se faire la marque nécrosée du grand dévot, on se déguise en taliban fiévreux. Du mimétisme au fanatisme, il n’y a qu’un pas. La phase suivante de l’islamisme, et elle viendra, c’est un processus cumulatif à explosions périodiques, sera infiniment plus terrible. Affirmer que le peuple algérien est musulman revient à dire : qui n’est pas musulman n’est pas des nôtres. Or tout croyant trouvera sur sa route plus croyant que lui. Si de l’étincelle ne jaillit point la lumière, alors le feu ira à la poudre.
Il n’y a qu’un système qui peut nous sauver de ce processus funeste : la laïcité. Est-ce si sûr, la France laïque est-elle à l’abri de ses intégristes ? La laïcité est une condition nécessaire mais non suffisante. Il y a encore tant à faire pour que la liberté, l’égalité et la fraternité soient le pain de chaque jour pour tous. En attendant, chez nous, entre nous, empressons-nous de mettre un peu de laïcité dans notre thé, ce sera ça de gagné. On pourra alors être musulmans sans avoir de comptes à rendre à personne, sauf à Allah, le jour du Jugement dernier. Et d’ores et déjà, nous le savons, sa clémence nous est acquise.
Et si le gouvernement voulait bien nous écouter un jour, nous lui suggérerions de supprimer l’enseignement religieux de l’école publique, de fermer les mosquées qui ont proliféré dans les sous-sols des ministères, des administrations, des entreprises, des casernes, de revenir au week-end universel, de réduire la puissance des haut-parleurs des minarets, de fondre l’impôt religieux dans la fiscalité ordinaire, d’intégrer la construction des mosquées dans le plan directeur des villes, etc. L’étape suivante réclame un ingrédient essentiel que le gouvernement ne peut, hélas, pas nous donner : la démocratie.

L’arabe est notre langue
Rien n’est moins évident. L’arabe classique est langue officielle, c’est vrai, mais pas maternelle, pour personne. Chez soi, en famille, dans le clan, la tribu, le arch, le douar, le quartier, c’est notre quotidien, nous parlons en berbère (kabyle, chaoui, tamashek…), en arabe dialectal ou en petit français colonial, voire les trois ensemble quand on a le bonheur de posséder l’un et l’autre. Personne ne le fait en arabe classique, sauf à vouloir passer pour un ministre en diligence ou un imam sur son minbar. Plus tard, les choses se gâtent affreusement : pendant que les parents travaillent en arabe classique (dans certaines administrations) ou en français moderne (dans le reste du monde professionnel), les enfants papotent, jouent, s’amourachent ou se disputent dans l’une ou l’autre des langues berbères ou en arabe dialectal, mais font leurs devoirs en arabe classique, version ministère de l’Education, tandis que leurs grands frères, à l’université, étudient en français et se parlent dans une sorte d’espéranto empruntant à toutes les langues et patois usités dans le pays.
La mauvaise gestion politique de cette question sensible a fini par balkaniser le pays. Trois courants forts se sont taillé chacun son empire dans le système : le courant arabophone, tout-puissant dans l’enseignement primaire et secondaire, la justice, la police, l’administration territoriale, la télévision, les partis de l’Alliance ; le courant francophone, appelé aussi Hizb França, le parti de la France, maître absolu dans l’administration centrale, les entreprises, les universités, les grandes écoles, les partis et associations démocratiques, et la communication internationale ; le courant berbérophone, qui s’est fait un nid dans le culturel marginalisé. Un quatrième courant, récent, dit algérianiste, tente timidement de fédérer ces puissants Etats tandis que le courant anglophone, encore peu visible, prépare une offensive globale. La conclusion, vous la connaissez : l’arabe classique est la langue de l’Algérie mais les Algériens parlent d’autres langues. Ça ne vous rappelle pas l’Europe du Moyen Age ? Moi, si. Les seigneurs glosaient en latin, les serfs se débrouillaient comme ils pouvaient.
Dans le discours officiel, il y a des affirmations politiques. La première est que nous ignorons l’arabe parce que le colonialisme nous en a frustrés. Y croyez-vous ? Moi pas, ou alors qu’on m’explique pourquoi ce foutu colonialisme n’a pas agi de même pour nos autres langues. L’arabe dialectal était enseigné dans ses lycées au côté de l’arabe classique, et nos langues berbères se pratiquaient au vu et au su de ses gendarmes alors même qu’elles véhiculaient dans leurs chants et poèmes un discours des plus insurrectionnels. En outre, l’arabe classique s’enseignait tranquillement dans les écoles coraniques et les medersas, et très officiellement dans les lycées dits franco-musulmans, qui, soit dit en passant, et cela est connu, ont produit de très fins lettrés bilingues. Cela dit, la guerre de libération a essentiellement emprunté à la langue française et à son incomparable essence révolutionnaire pour construire ses plans, véhiculer ses idées, internationaliser la cause.

La fameuse proclamation du 1ernovembre 1954 de même que la charte de la Soummam ont été rédigées en un français que ne désapprouverait aucunement l’Académie française, encore moins maintenant que notre compatriote Assia Djebbar y siège de plein droit. Notre grand écrivain Kateb Yacine a résumé son élégante pensée en une phrase : «Le français est à nous, c’est un butin de guerre.» La deuxième affirmation est que le colonialisme a nié notre identité et nos origines. Là, c’est vrai, nos ancêtres les Gaulois était d’un ridicule accompli. Ce n’est même pas valable en France, où un Français sur deux a un parent d’origine étrangère, quand ce n’est pas toute la famille. Mais à quelques pour cent près, ne pourrait-on pas dire la même chose à propos de nos ancêtres les Arabes ?
Si le gouvernement voulait bien nous écouter, nous lui suggérerions de constitutionnaliser l’arabe dialectal et le français. On n’est jamais fou quand on édicte des lois qui correspondent à la réalité et jamais on n’a assez de langues pour se faire comprendre.

Ainsi décortiquées, lesdites Constantes nationales ne sont en fin de compte que méchantes trouvailles, nuisibles pour la République, dangereuses pour le peuple. Elles sont la mort de la vérité, de la spiritualité, de la saine piété, du patriotisme. Elles ont servi et servent seulement à cela : hiérarchiser et aligner, marginaliser et exclure, légitimer et consacrer, adouber et enrichir. Nos constantes à nous sont simples : liberté d’être et bonheur de douter.
© Gallimard

Né en 1949, Boualem Sansalvit en Algérie. Il a publié quatre romans chez Gallimard : « le Serment des barbares », « l’Enfant fou de l’arbre creux », « Dis-moi le paradis » et « Harraga ». Le texte que nous publions est un extrait de « Poste restante : Alger, lettres de colère et d’espoir à mes compatriotes », qui paraît cette semaine chez Gallimard

Le débarquement de Provence

Posté : 28 août, 2009 @ 11:52 dans histoire, Le débarquement de Provence Aout1944 | 2 commentaires »

  La participation française au débarquement en

Provence  (août 1944)

Dès août 1943 à la conférence de Québec un plan américain de débarquement en Provence,
complémentaire de celui de Normandie est étudié.

Lors de la conférence de Téhéran (novembre 1943), Staline se montre d’accord avec ce plan dont l’application soulagerait d’autant le front soviétique. Churchill y est opposé, lui préférant la priorité aux opérations déjà engagées en Italie, pour attaquer directement le Reich par le sud. C’est finalement le président Roosevelt qui tranche pour un second front dans le sud de la France. Ce sera l’opération Anvil, rebaptisée Dragoon, 

                   Le débarquement de Provence dans histoire DebarqProvenceCarte

Le 15 aout 1944, l’opération qui portait comme nom de code Dragoon fut le débarquement en Provence des troupes alliées entre un secteur allant de Toulon et Cannes. A l’origine appelée Anvil, le nom de cette opération fut changé en Dragoon par Winston Churchill car il était contre ce débarquement qu’il assimilait à  des dragonnades. En fait, il aurait préféré tenter une percée des troupes déployées sur le front italien vers les Balkans afin de prendre en tenaille l’armée allemande en Europe centrale et pouvoir ainsi arriver à  Berlin avant les Soviétiques. Les objectifs de l’opération Dragoon étaient de libérer les villes de Toulon et de Marseille puis de remonter le Rhône pour effectuer la jonction avec les forces de l’opération Overlord débarquées le 6 juin en Normandie.
L’opération Dragoon incluait un atterrissage de planeurs et un faux débarquement
dans le nord de l’Italie.

 Cette opération a pour but de : fixer des troupes ennemies,  disposer de ports en eau profonde, protéger ensuite le flanc droit de l’armée américaine venant de Normandie.

La veille, Radio Londres diffuse 12 messages pour la Résistance, des régions R1-R2, R3-R4 et R6, et dont les plus connus sont : « Le chasseur est affamé(Bibendum) » ou « Nancy a le torticolis (guérilla) » »…Comme lors de l’opération Overlord, le plan de bataille prévoit une division des troupes en différentes « forces » avec toutes un but précis.

L’assaut naval

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Le « débarquement »

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La 3e division d’infanterie américaine débarque à Cavalaire le 15 août 1944.

L’assaut naval eut lieu sur les côtes varoises entre Toulon et Cannes plus précisément de Cavalaire à Saint-Raphaël. 880 navires anglo-américains, 34 français et 1 370 navires pour le débarquement.

                                           France-Provence-Debarquement-1944-2

 La veille du débarquement

Durant la nuit du 14 août, les commandos français sont débarqués sur les flancs du futur débarquement :

  • Au nord Force Rosie (groupe naval d’assaut français, capitaine de frégate Seriot) débarque à Miramar pour couper la route aux renforts allemands venant de l’est.
  • Au sud Force Romeo (groupe français de commandos d’Afrique, lieutenant colonel Bouvet) débarque à Cavalaire pour réduire les défenses allemandes du Cap Nègre.

La Force Sitka constituée de la 1st Special Service Force et commandée par le Colonel Edwin E. Walker se charge la même nuit de détruire les batteries des îles côtières de Port-Cros et du Levant situées devant Hyères.

Trois divisions américaines ont formé la Force Kodak du Général Lucian Truscott. Les troupes d’assaut du 6° Corps Américain sont elles-mêmes divisées en trois forces :

  • La Force Alpha du général John W. O’Daniel, composée de la 3e Division d’infanterie et du Combat Command 1 de la 1re division blindée française du général Sudre, débarque du côté gauche à Cavalaire et Saint-Tropez
  • La Force Delta du général William W. Eagles, composée de la 45e division d’infanterie, au centre à La Nartelle.
  • La Force Camel du général John E. Dahlquist, composée de la 36e division d’infanterie, du côté droit à Saint-Raphaël.

L’objectif était de débarquer et de constituer une ligne de front de 25 km de profondeur (appelé Blue Line). Puis, d’avancer vers la vallée du Rhône et prendre contact avec le 2e corps français.

 L’assaut aérien

L’assaut aérien se composait d’un parachutage d’hommes et de matériel entre Muy et la Motte avec 5 000 parachutistes de la 2e Brigade indépendante britannique et des planeurs américains pour les véhicules. Ils étaient parachutés depuis l’Italie. L’objectif était de s’emparer du Muy et des hauteurs de Grimaud afin d’empêcher l’afflux de renforts ennemis depuis l’ouest.

C’est la Force Rugby du général Robert T. Frederick qui en eut la charge. Cette force se composait des unités suivantes :

  • 1st Airborne Task Force
  • 517th Airborne Regimental Combat Team: composé du 517th PIR (Parachute Infantry Regiment)
  • 460th PFAB (Parachute Field Artillery Battalion), et du 596th PCEC (Parachute Combat Engineer Company)
  • 509th Parachute Infantry Battalion.
  • 1st Battalion du 551st Parachute Infantry Regiment
  • 550th Glider Infantry Battalion
  • 2nd Independant Airborne Brigade (British Army, du gén. Pritchard)

 L’assaut aéronaval

À l’aube du 15 août, les Alliés déploient la Task Force 88 au large de la Provence. Cette force tactique a pour mission d’assurer la couverture aérienne du débarquement dans un premier temps, puis d’aider les troupes débarquées dans leur progression dans un deuxième temps.

 Après l’assaut

Le 16 août, à J + 1, débarque la Force Garbo de la 7e armée US commandée par le général Alexander Patch composée du 6e corps US et de l’armée B commandée par le général de Lattre de Tassigny.

Des divisions françaises accompagnent l’armée B :

  • 2e corps d’armée français (armée B) du général de Larminat
  • 1re DMI du général Brosset
  • 3e DIA du général Monsabert
  • 1re DB du général du Vigier

Les trois quarts de la Force Garbo étaient sous commandement français avec pour moitié de troupes des colonies.

L’objectif était de faire une poussée vers Toulon. Une semaine plus tard, l’armée B est complétée par :

  • 9e DIC du général Magnan
  • 2 groupes de Tabors marocains du général Guillaume

Au total, plus de 94 000 soldats et 11 000 véhicules ont été débarqués le premier jour. La nouvelle du succès rapide de cette attaque, avec une avancée profonde en vingt-quatre heures, a déclenché un soulèvement d’insurrection populaire dans Paris.

Le débarquement de Provence à majorité établi par les forces françaises,s’étendra jusqu’au 30 août et même au mois de septembre 1944.

La présence des hauts-fonds et la dis­position des batteries ennemies ont déterminé le choix des plages du débarquement entre le Lavandou et Saint Raphaël.

La 7ème Armée américaine, que com­mande le général Patch, va constituer le corps expéditionnaire. Elle est composée du 6ème corps d’armée et d’une division aéroportée. Elle comprend également l’Armée B placée sous les ordres du général de Lattre de Tassigny. Pour la suite des événements, de Lattre a conscience du rôle que peuvent jouer les maquisards.

Un compromis a précisé la situation des troupes françaises : le général Patch les commandera lors de la première phase de l’opération et le général de Lattre en assumera le commandement tactique dès leur engagement. 

        debarquement

L’armée B sous les ordres du général de Lattre de Tassigny regroupe cinq divisions d’infanterie, deux divisions blindées (la 1ère et la 5ème), deux groupements de tabors et plusieurs éléments de réserve. S’y retrouvent les combattants du corps expéditionnaire qui s’est couvert de gloire en Italie et des soldats fraîchement embarqués à Oran : Français de souche(dont de nombreux Pieds-Noirs),  soldats musulmans d’Algérie, de Tunisie, du Maroc, troupes venues d’Afrique Occidentale française, d’Afrique Equatoriale française… 

.

600 bateaux de transport et 1 270 péniches vont faire débarquer cette force terrestre sous la protection de 250 navires de guerre (dont une trentaine de français), constituant la «  Naval Western Task Force  », appuyée par les avions de la « Mediterranean Allied Air Force » (2 000 appareils). Ayant réuni au large de la Corse des navires venus en dix convois, pour des raisons stratégiques, la flotte alliée s’est d’abord dirigée vers Gênes pour tromper l’adversaire. Le 14 août 1944 au soir, elle met le cap sur la côte provençale. 

A 8 heures du matin, les vagues d’assaut américaines des 3ème DI US, 36ème DI US et 45ème DI US s’élancent des péniches de débarquement pour prendre pied, entre Cavalaire et Saint-Raphaël, sur les plages aux noms de code respectifs d’Alpha, Delta et Camel. Parmi ces soldats se trouvent les Français du Combat Command 1 (CC1) du général Sudre. 

Au soir du 15 août, deux têtes de pont sont assurées de part et d’autre de Fréjus. Sur près de 100 000 hommes débarqués, on compte un millier de tués et disparus dans les rangs alliés.

Le soir même, les Forces Françaises de l’Intérieur a reçu trois messages de Londres, dont le dernier « Le chef est affamé » fut le signal pour le lancement des opérations.
Le 15 août, juste après minuit, la «1st Special Service Force » (le colonel Walker) neutralisé les batteries des îles d’Hyères, tandis que les Commandos d’Afrique (le colonel Bouvet) ont atteint la côte près de Cap Nègre, qu’ils ont ensuite saisi. Le groupe d’assaut naval (commandant Seriot), en arrivant à la pointe de l’Esquillon, monta contre le champ de mines à Le Trayas.
Vers 4h du matin, 400 avions ont largué plus de 5000 parachutistes alliés sur la vallée de l’Argens, des renforts et tout matériel est arrivé en planeurs (au total, 10.000 parachutistes seront en action sur le terrain avant la fin de la journée).

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Source: SHD
Avec l’aide de combattants de la résistance locale, ils ont garanti les voies d’accès aux zones d’atterrissage. A l’aube, un bombardement féroce aérienne et navale ont éclaté le long de la côte, détruisant les positions allemandes détenues par 242e division du général de Basler. À 8 h, les vagues d’attaque américain de la 3e DIUS (General O’Daniel), 36e DIUS (General Dahlquist) et DIUS 45e (général Eagles) ont été lancées à partir de péniches de débarquement de descendre à terre entre Cavalaire et Saint-Raphaël, sur des plages baptisées Alpha, Camel et Delta, respectivement.

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Source: SHD
Parmi eux se trouvaient des soldats du Commandement de combat français général Sudre 1 (CC1).
Dans la soirée du 15 août, deux têtes de pont ont été garantis à chaque extrémité de Fréjus. Sur les 100.000 ou si les troupes alliées qui ont débarqué, environ un millier ont été tués ou portés disparus. Le lendemain, la plupart de l’armée B débarquement: la 1ère DFL à Cavalaire et la 3e DIA à La Foux, etc Le 17 août, de Lattre a établi son poste de commandement à Cogolin.
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Source: SHD
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Source: SHD
La stratégie a été fixé, les troupes américaines avançaient via la Provence supérieure vers l’Isère et la vallée du Rhône. Les Français prenaient les ports de Toulon et Marseille.

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Source: SHD
Le 17 août, en effet, Hitler ordonna la 19e Armée allemande à se retirer vers le nord: seuls les divisions stationnées dans les deux grands ports étaient de tenir à tout prix. La 11e division blindée, qui avait d’abord quitté la région de Toulouse, le 13 août, à étaler devant des troupes débarquées, a été traqué par les maquisards de l’Hérault et les régions du Gard, attaqué par l’aviation américaine et, sous de fortes pressions, se retira vers le nord sans avoir accompli sa mission.
Le 18 août, la zone occupée par les Alliés étendu à 30 km. La veille, la 130 B26 avait de nouveau bombardé les défenses côtières. La 3e DIUS perce à Cuers et Castellane, etc
Les Américains étaient désormais en mesure de poursuivre sur la voie de la Durance. Une partie de la «1st Special Service Force », aux côtés des FFI, a repoussé plusieurs unités allemandes vers les Alpes, la libération des villes de la Côte d’Azur pouvvaient commencer. De Lattre voulaient aller vite: l’ennemi a pu être débordé avant qu’ils aient le temps d’assurer leurs positions. Mais la logistique a également dû prendre en compte que le long de la côte, les navires ne pourraient déposer des hommes et des équipements que très lentement.De Lattre décide qu’il allait rassembler ses troupes à venir, et les envoyer vers la zone de combat comme ils sont arrivés.

Quant aux forces navales françaises, leur rôle a été important et les bâtiments se sont faits remarquer par la précision de leur tir. Leurs compositions étaient dans l’ensemble comparables à celles d’un « Fire Support Group » et elles auraient pu être utilisées groupées. Cependant le commandement américain tenait à assurer la responsabilité entière de l’opération. Les bâtiments français furent donc dispersés dans les forces américaines.

photo03m
Barge de débarquement. Visible sur le site de débarquement du Dramont.

Stèle commémorative du débarquement de Provence au Dramont.

 photo05mStèle commémorative à Saint-Tropez (juin 2004).

à suivre La prise de Toulon

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signature_grueda – Sources : La participation au débarquement de Provence – Service Historique de la Marine 1969 – Travail établi par la section historique de la Marine et rédigé par M. Masson, le CF Muracciole, le LV Villardi de Montlaur ; Brochures sur le DDay,…). A lire également l’ouvrage de Philippe Lamarque : Le débarquement de Provence ainsi que l’ouvrage de Paul Gaujac : Août 1944 Le débarquement de Provence (Histoire et Collections)

 à suivre : La prise de Toulon

                                                                                                                                       
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La prise de Toulon

Posté : 27 août, 2009 @ 1:57 dans histoire, Le débarquement de Provence Aout1944 | 2 commentaires »

 1) L’avancée vers Toulon 

,Le général de Lattre et le 2ème corps français, avançaient vers Toulon et Marseille qu’ils allaient avoir  l’honneur de libérer seuls. Leur tâche ne s’annonçait pas simple, car  si la région était vide d’occupants, les garnisons de Toulon et Marseille avaient reçu l’ordre de résister jusqu’au dernier.                     La prise de Toulon dans histoire photo4_c08f_goums

   

19 août 1944.
Des goumiers marocains
sur une route du Var.

Prov: NARA

 Le général de Lattre et le 2ème corps français, avançaient vers Toulon et Marseille qu’ils devaient avoir  l’honneur de libérer seuls. Leur tâche ne s’annonçait pas simple, car  si la région était vide d’occupants, les garnisons de Toulon et Marseille avaient reçu l’ordre de résister jusqu’au dernier.   De Lattre, sûr de lui s’imposa de prendre les deux villes en 15 jours (alors que les américains estimaient 40 jours), et pour toute instruction, il ordonna à ses troupes  «d’épargner la population civile et « de ne pas abîmer les vignes »

. De Lattre était pressé d’en finir car il ne voulait pas laisser l’exclusivité de la libération de la France aux troupes américaines, pendant que les soldats français s’acharneraient sur les deux puissantes forteresses du sud de l’hexagone.   

 Pour prendre Toulon, De Lattre appliqua les leçons de ses succès en Italie : il fallait être rapide pour compenser le manque de puissance, et donc déborder largement l’ennemi pour annihiler toute résistance. 

La libération de Toulon fut menée par les unités, en majorité coloniales, de l’”Armée B” du général de Lattre de Tassigny, appuyées par l’action des résistants                                                                                                                                                                                                                                                             

Dans cet esprit, la petite armée française fut divisée en deux groupes :  Le groupement Nord aux ordres du général Monsabert, constitué de la troisième division d’infanterie algérienne (D.I.A.) et du 7ème régiment de chasseurs de chars. (R.C.C.) progressera par les Maures.et la 9e DIC (général Magnan) manœuvrera par la montagne.

photo3_c07f_02_sene dans Le débarquement de Provence Aout1944

,

  La 3ème DIA en marche vers Cogolin.aux   ordres du Général Monsabert

 (Le Colonel  Raoul Salan y commandait le 6ème régiment de Tirailleurs Sénégalais ) 

le 8 août 1944, plage de Cavalaire,une section du 18ème Régiment de tirailleurs sénégalais. 

Le groupe Sud : La lre DFL (général Brosset), qui prendra Hyères, progressera par la côte et la 9e DIC (général Magnan) manœuvrera par la montagne. La 3e DIA (général de Monsabert) contounera Toulon  et avancera vers Marseille. Les opérations seront soutenues par l’artillerie des navires.

Pendant que cette Première armée française file vers l’ouest, les alliés aidés par les Forces françaises de l’intérieur libèrent relativement facilement Draguignan. Saint-Raphaël est délivrée aussi.  La prise de Fréjus enfin, dont les défenses avaient empêché de débarquer sur ses plages la veille, permet d’élargir la tête de pont à l’ensemble de l’est duVar.

 De Lattre installe son poste de commandement à Cogolin et les maquisards des Maures peuvent sortir du bois, voire grossir les rangs des combattants.

 En fin de soirée, un total de 250 000 hommes supplémentaires a débarqué dans le Var. La nouvelle du succès de l’opération Dragoon, fait frémir jusqu’à Toulon, Marseille et Paris où la Résistance se prépare à l’insurrection.  debarq_prov

Cependant à Toulon, la garnison allemande s’est renforcée de la 242e division, repliée dans le port : au total, près de 25 000 hommes sous le commandement de l’amiral Ruhfus, commandant de la Kriegsmarine en Provence. Du côté allié, de Lattre ne dispose alors que d’environ 16 000 hommes.
Le 19 août, le 3e RTA (colonel de Linarès) est aux abords de la ville. La 9e DIC est progressivement engagée sur un axe Pierrefeu-Toulon, appuyée par des éléments de la 1re DB (général du Vigier).
Ce même jour, après avoir pris d’assaut la batterie de Maurannes, les commandos d’Afrique s’emparent du Coudon ; les jours suivants, c’est au tour du bataillon de choc (colonel Gambiez) d’enlever le Faron, ces deux forts dominant la rade de Toulon.

Les 22 et 23 août, la 9e DIC et la lre DFL combattent dans la ville : “Marsouins”, Algériens, Sénégalais, Français Libres, Français des colonies (le terme Pieds-Noirs n’existait pas encore)- rivalisent de courage pour progresser vers la première ville libérée par l’Armée d’Afrique. 

    La bataille de Toulon fut la première que l’armée française, à peine débarquée sur les plages de Provence, livra pour la libération de notre pays. Toulon, creuset des troupes coloniales, fut justement délivrée par des soldats d’outremer soutenus par les résistants et les forces alliées.Sous le drapeau français, s’étaient rassemblés des hommes mais aussi des femmes venus de cinq continents. Ceux que l’on appelait alors des indigènes combattaient côte à côte avec des Français des colonies et des évadés de la France occupée. Près d’un soldat sur deux était un Africain : les tirailleurs maghrébins et noirs constituaient le gros de l’infanterie. » C’étaient des gens de toutes les couleurs, de toutes religions, de toutes opinions politiques, qui venaient pour libérer la France « 

  2) La prise de Toulon.

Cependant, la 3ème division d’infanterie Africaine (3ème DIA) débarque ses véhicules au rythme de un par heure et retarde donc la 3ème division US qu’elle doit rattraper, et qui est déjà à Hyères, le 18 Août, après avoir balayé toutes les unités de résistance allemandes.  Impatient d’agir, le général de la 3ème DIA obtient le 19 d’envoyer à Toulon les troupes déjà débarquées (5 compagnies) et de faire suivre les  véhicules une fois qu’ils seront à terre. De l’autre côté, la 1ère DFL (division française Libre) sera prête dès le 20 au matin à attaquer les défenses Est de Toulon.
 Donc, le 19 Août, la 3ème DIA passe à l’attaque en espérant atteindre un double but : pénétrer par le nord de la ville, pour le moment sous contrôle des maquisards, et bloquer la sortie ouest de Toulon. Pour cela, la division est organisée en trois groupes : le premier groupe aux ordres du Colonel Linarès est chargé de s’infiltrer dans Toulon par le mont Caume, tout en gardant le contact avec le reste de l’armée. Pour cela il disposera du 3ème R.T.A. Le groupe 2, aux ordres du colonel Bonjour est chargé de se rendre à l’ouest de la ville, à La Ciotat, et de mener une reconnaissance jusqu’à Aubagne. . Le groupe 3 aux ordres du colonel Chapuis est chargé de suivre le groupe 2 et d’aller dans l’une ou l’autre direction, en fonction des besoins du moment. Au soir du 19, Linarès a atteint le front nord de Toulon, et Bonjour est aux prises avec l’ennemi au carrefour du Camp, qui permet d’aller vers Aubagne puis Marseille, vers le nord, ou vers Toulon, au sud. A l’est, sur le front d’Hyères, la 1ère division française libre (D.F.L.) prend contact avec l’ennemi, solidement installé, protégé par le mont Redon, pilier de la défense allemande du secteur.

 Le 20 Août, la première D.F.L. passe à l’attaque : la deuxième brigade réussit à enlever le mont Redon, mais plus au sud elle est stoppée par des casemates en béton. Dans la ville d’Hyère proprement dire, la 4ème brigade est bloquée par des éléments allemands embusqués dans le Golf hôtel, mais certaines compagnies françaises réussissent à s’infiltrer dans les premiers bâtiments. La résistance opposée par la presque totalité de la 242ème division d’infanterie allemande est en effet assez sévère : l’amiral Ruhfus donna l’ordre à ses hommes de tirer jusqu’à la dernière cartouche. Pour ces raisons, bien que l’offensive sur le front  de Toulon, fut aidée par des éléments de la première DB française ainsi que des éléments du 9ème D.C.I., les alliés durent faire face à une résistance profonde et organisée. 

A l’ouest, le général Bonjour réussit à s’emparer du carrefour du Camp, défendu par le groupe d’instruction des sous-officiers allemands. Immédiatement, le général français en profite pour lancer le 7ème RTA vers Aubagne, et avec le reste il se dirige vers Le Beausset (pour ceinturer Toulon) et nettoie la côte entre Bandol et La Ciotat.
 
Au Nord, le général Linarès a pris les monts Caume et Croupatier qui dominent la ville, et a avancé jusqu’aux communes de Dardennes et Revest.                                   
Toujours pendant cette journée du 20 Août, le commandement de l’attaque sur le front  fut confié au général de Larminat,  de Lattre prépara alors un nouveau plan qui permettrait d’avancer le plus vite possible sur Marseille, une fois Toulon prise .
De Larminat, avancera sur Marseille avec la 1ère D.F.L. (qui opère actuellement sur le front d’Hyères à l’est de Toulon) et de la 3ème D.I.A. qui opère actuellement au nord et à l’ouest de Toulon, tandis que la 9ème D.C.I. nettoiera le port.

Conscient de la progression de ses troupes, de Larminat considère Toulon comme pratiquement prise, et envisage de la traverser, pour arriver au plus vite à Marseille.

 Cependant, la traversée du port militaire français ne sera pas chose facile. Pendant les 21, 22 et 23 Août, le combat fait rage sur le front est. A l’ouest et au nord, les troupes de Linarès et Bonjour s’infiltrent dans la ville, tandis que les commandos du colonel Bouvet enlèvent pendant la nuit du 20 au 21 Août le fort du Coudon, défendu part 120 marinsallemands                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                           Le groupement Linarès est en fait tenu en haleine par un bataillon allemand embusqué dans la poudrière du ravin de Dardennes. Lorsque le 23 Août la garnison est réduite, faute d’hommes valides, les soldats français de différentes formations se ruent dans Toulon, précédés par trente hommes et un char pour arriver place de la liberté et y hisser la drapeau tricolore. 

Action du Bataillon de choc

«Le 15 août 1944, seize hommes du Bataillon sont parachutés en Provence quelques heures avant le débarquement sur les régions du Muy et Saint-Raphaël. Ils sont chargés de servir d’interprètes entre les troupes aéroportées américaines et la population locale (civils, résistants)le 20-21 août 1944 le bataillon de choc participe à la libération de TOULON, les combats font rage dans le centre ville ou une section faite prisonniere est fusillée en pleine rue (le benjamin du bataillon se trouvait dans cette section), seuls deux chasseurs survivent tout en étant blessés en sautant dans des jardins.
Au mont Faron (aujourd’hui transformé en musée sur le débarquement de Provence) les « chocs » s’emparent des édifices défensifs, la poudrière quand à elle où se sont réfugiés de nombreux allemands est le théâtre d’un affreux combat, les » chocs » lançant des grenades dans les tunnels mettent le feu aux munitions embrasant les tunnels remplis d’allemands, ces derniers se rendent finalement, à la vue des charniers dans les tunnels, les « chocs » qualifièrent ce combat de deuxième Douaumont (site Bataillon de choc)
 

 Le groupement Linarès est en fait tenu en haleine par un bataillon allemand embusqué dans la poudrière du ravin de Dardennes. Lorsque le 23 Août la garnison est réduite, frenchcommandostakeoverke0faute d’hommes valides, les soldats français de différentes formations se ruent dans Toulon, précédés par trente hommes et un char pour arriver place de la liberté et y hisser la drapeau tricolore. Au même moment, des compagnies de la 9ème D.I.C. arrivent sur cette même place. Pendant les journées suivantes (jusqu’au 28 août), le combat continua dans les rues de Toulon, avec un ennemi décidé à résister jusqu’à la dernière cartouche. En effet, les Allemands ne voulaient pas se rendre aux FFI ou aux Soldats algériens.
 Cependant, Bouvard un officier d’aviation, obligé de se parachuter au dessus de Toulon son avion ayant été touché par la Flak, conseilla à la garnison de l’arsenal de terre de se rendre et il se porta garant de trouver un officier français qui les prendra en charge. 

Réfugié sur la presqu’île de Saint-Mandrier, Rufhus fut contraint à la reddition le 28, après que les français l’en eurent délogé.                                                 

  L e 13 septembre, des navires de la marine Nationale trouvent un mouillage dans le port détruit de Toulon, sous les regards des nombreux citadins, massés sur les collines, qui contemple le retour de leur flotte de guerre    

   Entrée de l’armée B dans Toulon                005414                    

                     005415

Après la prise deToulon, autour du 22/23oût, De Lattre   planifie l’attaque sur Marseille , Mais les combats sur Toulon et les événements avaient été moins longs que prévus

. Le général de Monsabert veut  surprendre l’ennemi, il est sur la route de Marseille Le 21 août, des émeutes ont éclaté à Marseille: les FFI sont confrontés aux troupes allemandes.

Mémorial du débarquement de Provence, Mont-Faron (83) 

Mémorial du débarquement de Provence, Mont-Faron (83)  
Mémorial rendant hommage aux combattants de l’armée B commandés par le général de Lattre de Tassigny.  

   - Sources : La participation au débarquement de Provence – Service Historique de la Marine 1969 – Travail établi par la section historique de la Marine et rédigé par M. Masson, le CF Muracciole, le LV Villardi de Montlaur ; Brochures sur le DDay,Le bataillon de choc…). A lire également l’ouvrage de Philippe Lamarque : Le débarquement de Provence ainsi que l’ouvrage de Paul Gaujac : Août 1944 Le débarquement de Provence (Histoire et Collections)  

à suivre :La prise de Marseille

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La prise de Marseille

Posté : 24 août, 2009 @ 3:36 dans histoire, Le débarquement de Provence Aout1944 | 16 commentaires »

La prise de Marseille dans histoire CarteDesOperations

 La prise de Marseille.

La ville phocéenne est défendue par la 244 ème division d’infanterie allemande . Au nord, le colonel von Hanstein avec 4 bataillons doit tenir le carrefour de Cadolive Peypin et Septême, tandis qu’au sud, le général Boie avec 4 bataillons d’infanterie et deux régiments d’artillerie, doit tenir Aubagne. Le reste de la défense allemande est répartie dans la ville.

On se souvient que le 7ème R.T.A. avait été envoyé à Aubagne dès le 20 Août. Renforcé par le CC1 de la première DB, des détachements sont envoyés pour prendre Aubagne, et pour ensuite déborder Marseille par le nord. Le 21 août, à Aubagne, la résistance allemande est 013912 dans Le débarquement de Provence Aout1944solide, tout comme à Cadolive-Peypin.

Cependant, les resistants avaient remarqué que certains passages montagneux étaient dépourvus de défenses ils  en avisèrent le PC du Bataillon B  Immédiatement, le 7ème R.T.A. est envoyé dans ces creux, tandis que le CC1, renforcé par le G.T.M. du colonel Blanc, doit forcer le passage d’Aubagne.

Pendant la nuit du 21 au 22,  quelques résistants marseillais parviennent au PC de la 3ème D.I.A., pour  informer le commandant que 1500 maquisards révoltés dans Marseille depuis le 19 Août sont en grandes difficultés et qu’ils risquent la destruction.

Ce message est décisif pour le commandant Le Blanc du 3ème D.I.A. : le G.T.M. :  il  contournera le 7ème R.T.A., il bloquera la route d’Aix et de Salon, tout en détruisant la résistance allemande à Cadolive-Peypin, et une fois arrivé sur les hauteurs de l’Estaque, il attaquera Marseille par le Nord Ouest.

Le 22 au matin, le R.T.A. réussit à passer sans difficulté par le plan de l’Aigle, et tombe aux mains des résistants et des policiers marseillais, tandis que plus au sud le bouchon d’Aubagne commence à céder.

Le 23, le 7ème RTA et les résistants ont commencé à combattre dans la ville rebelle.
Une tentative de pourparlers avec le commandement allemand a échoué. Le 25 août, la 3ème et 7ème RTA, l’ICC et FFI, s’avança vers Notre-Dame de la Garde.

Cependant, de Lattre est inquiet de ces succès jugés trop rapides, et pense qu’il serait dangereux de laisser le 7ème R.T.A. pénétrer seul dans les « mille pièges de Marseille ».

De plus, voulant s’assurer une voie vers Avignon, il soustrait le CC1 aux troupes attaquant Marseille.
Pour nettoyer le port de Toulon, il  laisse la bas la 1ère D.M.I. jusqu’au 27 Août au moins. Il donne donc l’ordre de ne pas dépasser le ruisseau du Jarret sans son accord.

                                                                                                                                                                Entre le 23 et le 25 Août, des tentatives de pourparlers sont faites pour libérer Marseille, mais elles n’aboutissent pas,  le 25 Août, l’offensive reprend, avec comme objectif l’Eglise de Notre Dame de la Garde, perchée sur une colline qui surplombe entreepMarseille et d’où il est possible d’observer tous les mouvements de l’ennemi. Cet assaut est possible, car le groupement du colonel Linarès (3ème R.T.A.) est remplacé  à Toulon par le 9ème D.C.I. et peut donc aller vers Marseille.

Après de rudes combats, l’Eglise est prise et le CC1 est  rendu à l’opération de la prise de la ville Le plan avait été bien calculé
A l’état major allemand, un débat fait rage entre ceux qui veulent se rendre et Schaeffer qui veut continuer à combattre.

Les tirailleurs Algériens en haut de la montée de l’oratoire, au pied du fort Villars   

                                   terrassp                                                                     

Sur la première terrasse : tirailleurs algériens attendant l’assaut final.

    parvisp, Le général de Monsabert avec Mgr Borel et le Colonel Edon sur la terrasse supèrieure de la basilique. 

                                                                                                    

Il y avait de lourdes pertes, mais des bastions ennemis sont tombés les uns après les autres. Le 27 août, la 1re division marocaine des Tabor s’empare du fort Saint-Nicolas.

-
Source: SHD

Cependant, le 26 dans le sud de la ville, le général allemand se rend avec 1500 hommes dans le tunnel de Carpiagne, puis la garnison du fort Saint Nicolas qui domine la canebière, et peu à peu presque tous les points de défenses allemands se rendent aux troupes françaises.

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Le 27 août, pendant la soirée, Schaeffer demande au général de la 3ème D.I.A. une reddition dans l’honneur, qui bien évidemment lui est accordée.                             

                                  Le drapeau tricolore flotte sur le clocher de Notre Dame de la Garde

                                            drapeaup

A Toulon,le lendemain 28 août, l’amiral Ruhfus se rend  après avoir combattu de manière acharnée et désespérée. Ce sont en tout 34 000 hommes qui se rendent aux forces françaises  (20 000 à Toulon et 14 000 à Marseille).

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Jusqu’à la victoire, Marseille et Toulon joueront un rôle essentiel dans 
 l’approvisionnement des armées alliées : plus de 900.000 hommes et 4 millions de tonnes d’équipement passeront par là.

Dans le même temps,  les forces de résistance avaient pris l’offensive à travers une série de sabotages de voies ferrés et de guérillas, ainsi les maquisards précipitèrent  la retraite de l’ennemi. Les Français purent opérer la jonction avec les Américains et commencer  la poursuite de la 19e Armée allemande, l

Les alliés ont maintenant leurs grands ports méditerranéens, pas trop endommagés (à part Toulon), le deux ports pris en 8 jours, au lieu de 40 estimés. Les soldats de  l’Armée d’Afrique  peuvent désormais rejoindre les américains plus au nord, libérer Lyon, et entrer en Alsace-Lorraine …

Sources de l’article ; Le texte de cette page est très fortement inpiré des livres « Bataille et Délivrance 15-28 aoùt 1944″ -Joseph Hourlin. -février 1951, et « Libération de Marseille : prise de Notre-Dame-de-la-Garde : août 1944  » -Roger Audibert – les sites « SUD WALL »(Capu Rossu)-Les chemins de Mémoire.

                                logo_rf3

   Les cimetières militaires de Provence   -->ICI

                                Lecteurs souvenez-vous !!!

               15 août 1944, l’Armée d’Afrique débarque en                              Provence pour libérer la France

L’Armée d’Afrique c’est :

176.500 Pieds Noirs ; 16% de la population
115.700 Musulmans ; 1,6 % de la population
,
5% de coloniaux  et 1,7% de Français de l’hexagone.

Cet effort exceptionnel des Français d’AFN dans la libération de la France n’est jamais évoqué!

France, à quoi tient ton amnésie ? Vois combien tu fus reconnaissante, à la même saison en 1962, privilégiant tes vacances que gâchait notre désarroi, revendiquant tes centres de villégiatures réquisitionnés où l’on nous entassait sur des lits de fortune, indifférente à nos larmes, nos blessures, nos morts, nos disparus :

                                            40917216_p-13160*

Souviens-toi, sans réécrire notre histoire, ni la gommer.
Encore moins en te fiant aux scénarios fantaisistes et partisans des cinéastes ;
ils n’ont soulevé qu’un pan du voile… et par le petit bout de leur lorgnette.

Nombre de morts fin 1945

- Pieds Noirs : 24.047
-
Musulmans : 6.273

Marc Mora ( Notre Journal) 

Sources ; Le texte de cette page est très fortement inpiré des livres “Bataille et Délivrance 15-28 aoùt 1944″ -Joseph Hourlin. -février 1951, et “Libération de Marseille : prise de Notre-Dame-de-la-Garde : août 1944 ” -Roger Audibert – le site “SUD WALL”(Capu Rossu”)

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La prise d’Alger

Posté : 22 juin, 2009 @ 7:54 dans histoire, politique | 5 commentaires »

La prise d'Alger dans histoire 7plr6mh1

L’invasion de l’Algérie.

 La ville et le territoire de l’Algérie actuelle sont alors sous la suzeraineté théorique du sultan d’Istamboul depuis trois siècles sous le nom de «Régence d’Alger». Dans les faits, l’intérieur du pays est livré à l’abandon, insoumis et réticent à l’islamisation. Le territoire compte environ trois millions d’habitants (contre 36 millions pour la France de la même époque).

En France, confronté  à la fronde des députés, le roi Charles X éprouve le besoin de restaurer au plus vite son image.

C’est ainsi que le 2 mars 1830, lors de la séance d’ouverture de la Chambre, Charles X annonça officiellement sa décision : « Au milieu des graves événements dont l’Europe charles_X dans politiqueétait occupée, j’ai dû suspendre l’effet de mon juste ressentiment contre une puissance barbaresque ; mais je ne puis laisser plus longtemps impunie l’insulte faite à mon pavillon ; la réparation éclatante que je veux obtenir, en satisfaisant à l’honneur de la France, tournera, avec l’aide du Tout-Puissant, au profit de la chrétienté. »

Le 3 mars 1830, dans le discours du trône, il évoque pour la première fois l’idée d’une expédition punitive destinée à obtenir réparation de  l’insulte faite par le Dey, ainsi qu’à détruire le repaire de corsaires installé dans la régence d’Alger et mettre fin à l’esclavage !

Bref, Alger  n’était qu’un prétexte, dont le but véritable était le renforcement du pouvoir. On dénonça cette expédition « liberticide ».  tout en se moquant de certaines précautions imaginaires (par exemple, se faire accompagner de quatre cents chiens pour goûter l’eau des citernes et des sources afin d’éviter les empoisonnements !), on rappelait que toutes les tentatives faites depuis trois siècles pour prendre Alger avaient échoué.

LeDey ne s’excusant toujours pas, la tension montait, et toutes relations furent  coupées entre Paris et Alger..
La marine française organisa alors le blocus, le long des côtes de l’Algérie.

Le 17 juin 1829, une felouque tenta de se faufiler vers l’est. Arraisonnée près d’une plage, les marins français furent pris sous le feu de plusieurs centaines de Bédouins accourus sur place, occasionnant la mort de deux officiers et de vingt-cinq marins. Le dey Hussein acheta aux Bédouins, au prix de 100 piastres d’or chacune, les têtes de vingt-quatre de ces marins, et les fit exposer près d’une des portes d’Alger.

Une insulte à la « Royale » !
Toute chance de négociation ayant disparu, il était désormais inéluctable que la France ait recours à la force.

Le débarquement à Sidi-Ferruch.

Dans les ports français de la méditerranée, une armada se forme.
11 vaisseaux de guerre, 20 frégates, 4 corvettes, 7 corvettes de charge, 11 bricks, 8 bombardes, 9 gabares, 7 bateaux à vapeur. Avec les transports, c’étaient 600 bâtiments… l’un des plus importants armements qui fussent sortis d’un port français !

L’agitation était intense dans le port d’embarquement : « Les rues, les quais, les places publiques de Toulon étaient remplis de soldats, de matelots, de curieux, de marchands, de spéculateurs, et de toutes les catégories d’intrigants, d’usuriers, de fripons et de désoeuvrés qui se traînent à la suite des armées, dans l’espoir d’avoir part au butin, en se mettant à la remorque de quelques fournisseurs ou de quelques sous-traitants.

« La cohorte des cantiniers était la plus nombreuse ; jamais armée n’a dû être mieux approvisionnée : de Marseille, de Nantes, de Sète, de Nice et de tous les ports de la Catalogne, se disposaient à partir en même temps que l’escadre, des bâtiments chargés de vivres de toute espèce [...], si l’on ajoute à tous ces embarras accumulés dans Toulon, l’immense personnel des vivres et des hôpitaux et la légion d’interprètes pour l’intelligence des diverses langues de la côte d’Afrique, depuis l’arabe du Coran, , jusqu’au tuarick [langue touareg] du pays des Tibbous, on concevra aisément quelle idée de grandeur s’attachait à une entreprise qui mettait en mouvement tant d’ambitions, tant d’intérêts et tant d’intelligences » 

« A midi, la brise se fit belle et bonne [...]. Le départ, si longtemps retardé, devint un grand événement dont tout le monde voulait être témoin : quatre cents voiles sortant à la fois de la belle rade de Toulon, étaient un spectacle qu’on n’avait jamais vu, et que très probablement on ne devait jamais revoir. [...]

« A cinq heures, La Provence se mit sous voile, et, à la chute jour, il ne restait plus un seul vaisseau dans ce port, qui, quelques auparavant, contenait toute la marine française.  » Alger ! Alger ! » criait-on de toutes parts, comme les Romains criaient  » Carthage ! «  » J.-T. Merle

Les soldats de Bourmont ont une étrange mission : passer la mer pour prendre Alger Il faut vingt jours à la marine à voile pour parvenir dans la baie de Sidi Ferruch. À la lunette, Bourmont observe la ville d’Alger, toute blanche, dominée par la Casbah, résidence du gouverneur Hussein-Dey qui impose au pays la loi du sultan de Constantinople.

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 Bourmont se demande si le Dey va résister. Il ne dispose pas, se dit-il, de forces suffisantes. La démonstration de la flotte devrait suffire, pour que la ville ouvre ses portes d’elle-même. La ville a la forme d’un triangle dont la Casbah est le sommet, un sommet de plus de 100 mètres d’altitude.  

Beaucoup de ses habitants se sont enfuis, à l’approche des Français : 10000 peut-être, sur 30000blocusalger

Commandée par l’amiral Duperré, la flotte avait  pris la mer le 25 mai 1830. Après un séjour à Palma-de-Majorque, à cause des vents non favorables, l’escadre arrive en face 28c-algerde la presqu’île de Sidi-Ferruch, signalée comme le point la plus propice au plus près d’Alger  et le débarquement commence à l’aube du 14 juin..

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14 14 juin : - Avant le lever du jour les troupes françaises, (30.000 hommes sous lecommandement du général Louis de Bourmont, débarquent à Sidi Ferruch à 25 kilomètres, à l’ouest, d’Alger. C’est le plan de débarquement de l’officier du Génie, Boutin, que Napoléon Bonaparte, avait envoyé secrètement en Berbèrie, qui a été ressorti et utilisé.

 Dans son rapport, Boutin écrivait : « Dans l’espace compris entre le cap Caxine, Sidi Ferruch et au dessous, et c’est vraiment là qu’il faut opérer… En débarquant à Sidi Ferruch, on n’aurait ni batteries à combattre, ni probablement d’ennemis en présence, ni de hauteur à gravir. On suivrait un chemin d’une pente presque imperceptible, tout à la fois éloigné de la vue des forts et de la plaine où la cavalerie est à craindre et qui conduit droit à l’emplacement du point qu’il faut attaquer le premier. La période favorable pour l’expédition était de mai à juin, en un mois on serait maître d’Alger.« 

Conformément à ces recommandations, ce fut bien à la date précise et à l’endroit précis indiqués par Boutin, à Sidi Ferruch (Sidi Fredj en arabe), localité située à environ vingt-cinq kilomètres d’Alger, qu’eut lieu le débarquement des forces du vice-amiral Victor Guy Duperré sur le littoral algérien. C’était le 14 juin 1830. Comme prévu par Boutin une vingtaine d’années plus tôt, aucune résistance n’attendait les Français en cet endroit.

                                   Gravure « Bombardement et Prise d’Alger » - Imagerie Pellerin, à Épinal

Les troupes françaises débarquent sur la plage de Sidi Ferruch, à 25 km d’Alger. La défense algérienne, en nombre Infime, juste l’effectif de la batterie côtière, ne put empêcher les troupes françaises d’effectuer leur débarquement.

Pendant ce temps, la flotte bombarde les défenses de la ville, en particulier la citadelle de Fort-l’Empereur, ainsi nommée en souvenir de Charles Quint

«La progression de l’ennemi et le choix de ses positions se firent donc sans grandes difficultés. Quelques tirailleurs, cavaliers et fantassins accourus de la région tentèrent de s’y opposer, la batterie turque, faute de beaucoup de munitions, ralentit ses tirs. Elle tomba, peu après entre les mains de l’ennemi.

Ce fut cinq jours après que les troupes d’Ibrahim Agha firent leur apparition. Il avait concentré ses forces à El Harrach, pendant que les autres débarquaient à l’ouest. Il s’était laissé tromper par la présence d’une importante flotte au large, qu’il croyait hésitante à effectuer le débarquement alors qu’elle servait seulement de couverture.

Ibrahim réunit ses troupes sur le plateau de Staouéli  Il décida de l’attaque du camp ennemi le 18 juin, dès le point du jour. L’ennemi subit de grosses pertes, mais Il progressait.

Craignant d’être encerclé par l’ennemi, Ibrahim Agha quitta ses positions abandonnant une grande partie de ses bagages et munitions, tentes, 5 pièces de canons, 4 mortiers, du bétail, des munitions, etc … ).

Les fuyards puis les blessés, qui rentrèrent à Alger, y semèrent une panique épouvantable. Des centaines de familles commençaient à quitter leurs habitations pour la campagne. Le dey fit fermer les portes, avec ordre de ne les ouvrir qu’à son gendre l’agha Ibrahim pour qu’il puisse l’informer du déroulement des opérations.    

Quand celui ci lui relata les péripéties de la bataille, il comprit l’erreur qu’il avait commise dans ces circonstances particulièrement critiques.

Bou Mezrag se hâta de rallier les fuyards et de les réencadrer, pour en constituer une nouvelle armée avec laquelle il reprit l’offensive le 24 juin. Mais Il dut, une fois de plus ordonner un repli. A Sidi Bou Naga, les troupes algériennes stoppèrent celles de l’ennemi, grâce à des batteries que Bou Mezrag avait fait Installer sur les hauteurs de Bouzaréah. Les sapeurs français qui tentèrent de creuser des tranchées autour de leurs positions bien proches, maintenant de la capitale, furent durement éprouvés par le feu de l ‘artillerie de la Casbah, du Fort Sultan (Fort l’Empereur), et du Fort Bab Azoun.

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4 juillet : Les troupes française assiègent le « Fort l’Empereur », au dessus d’Alger, qui leur barre l’accès à la ville.

Il faut signaler l’existence d’escadrons de spahis combattant dans les 
rangs de l’armée française . Dès 1830, en effet, apparaissent dans notre armée les premiers escadrons de cavalerie Indigène. Ce sont les Spahis Turcs en grande partie, qui, avant l’arrivée de l’armée française, faisaient partie des troupes montées du Dey  d’Alger.  Licenciés, après la prise d’Alger, par nos troupes, un certain nombre d’entre eux viennent, sous les ordres d’Yusuf, se ranger sous notre drapeau. Le maréchal de Bourmont, puis le Général Clauzel, acceptent le concours de cette cavalerie indigène qui constitue d’abord un, puis deux escadrons commandés respectivement par Yusuf, promu capitaine, et par le Chef  d’escadrons Marey.  

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«…Il y eut, par la suite un duel à mort entre les deux batteries, quand, après quatre heures de combat, on entendit une formidable explosion. C’était le dernier carré des tobjis turcs qui, pour ne point céder le fort à l’ennemi, s’étaient sacrifiés en faisant sauter la poudrière.

Pressé de toute part par certains défaitistes, le dey consentit à entrer en négociation avec les envahisseurs. Son émissaire Mustafa Saïji, proposa de la part de son maître, de donner toutes les satisfactions demandées, et, de payer les frais de l’expédition. Le général de Bourmont lui répondit qu’il n’entrerait en négociations que lorsque l’armée française occuperait Alger et tous les forts qui en dépendaient, y compris la Casbah.

Mostefa Saïji revint peu après en compagnie du consul d’Angleterre qui essaya de fléchir la commandement français. Ce fut en vain.

L’émissaire du dey reçut alors, par écrit, les conditions de paix. Conditions que nous connaissons. Le 5 juillet l’armée française faisait son entrée à Alger pour donner naissance à une longue période coloniale.╗

 le 5 juillet à midi, Bourmont fait son entrée à Alger, au son de la Tyrolienne de Guillaume Tell et de la Marche de Moïse

article de Denis Mourad Chetti – Automne 2003. 

img_5913     La guerre présentait néanmoins une dimension asymétrique, les combattants algériens étant essentiellement des volontaires peu entraînés en comparaison avec les soldats français, dont une partie avait servi sous les ordres de Napoléon Ier. L’artillerie était quasi-inexistante pour  pouvoir inquiéter l’armée française. Enfin, l’inexpérience du général algérien à qui fut confiée la tâche de bouter les Français hors d’Algérie finit d’annihiler toute chance de victoire. Les forces algériennes furent donc logiquement battues

                                                     arton726

Selon les termes de l’accord de reddition, le Dey devait livrer à l’armée française le Fort de la Casbah, ainsi que tous les forts d’Alger. En échange, le Régent déchu aurait la liberté de partir avec sa famille là où il le souhaitait, avec l’assurance que sa sécurité serait garantie, en tout lieu où il se rendrait.

10 juillet : - Avec l’accord des Français, le Dey d’Alger s’embarque pour Naples, les français ont saisi son trésor,48 millions de francs, soit l’équivalent de quatre milliards d’euros actuels, furent prélevés dans le trésor permettent de couvrir les frais de l’expédition

  Enfin, l’accord stipulait que la pratique de la religion musulmane ne serait pas entravée et que la liberté des Algériens ne serait en aucun cas bafouée, quel que soit leur rang dans la société, leur religion ou leur richesse.

. Les soldats français se livrèrent quant à eux à une mise à sac de la ville qui ternit leur victoire 

La conquête de l’Algérie allait se poursuivre pendant plusieurs années à l’intérieur des terres,                                                                                            .

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Vue générale d’Alger, Chandelier dessinateur et Walter lithographe ; Vue extraite de l’album Bettinger © CAOM

Sources :
- « Comment l’Algérie devint française – 1830-1848″, Georges Fleury, Perrin, 2004 (ainsi que pour l’image).un article de Pierre Michelbach                                                                      – Historia Spécial N° 486/H.S./ RD – Juin 1987.Islamoline,le site de l’Université de Yale
- « La Epoca » – Avril 1865. Sourceshistoire-Empire ,
et La Cour de Charles X, ouvrage du baron Imbert de Saint-Amand,

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Comment l’Algérie devint française

Posté : 26 mai, 2009 @ 11:27 dans histoire, politique | 7 commentaires »

Depuis le XVIe siècle les commerçants français payaient au Dey le droit de faire du négoce dans les « concessions d’Afrique » qui trafiquaient surtout du corail. Ces concessions avaient été renouvelées en 1818.

 Depuis le Congrès de Vienne, le Dey n’avait plus le droit de réduire les chrétiens à l’esclavage et d’en faire commerce. Il avait dû rendre, en 1816, mille captifs chrétiens sous a menace d’une flotte anglaise. Mais il continuait à pratiquer en Méditerranée des raids de corsaires, la « course » , comme on disait.

En 1819 un amiral français et un amiral anglais sont allés voir Hussein-Dey pour le sommer, au nom de leurs gouvernements, de renoncer à la course. Le Dey hausse les épaules. Renoncer à la course ? Mais c’est de la course que les gens de la Régence d’Alger tirent depuis des siècles leurs plus grands profits. Il n’écoute pas ces Européens. Mais la France ne peut pas abandonner ses ressortissants, ni laisser bafouer son pavillon par les pirates du Dey.

« De petits intérêts de commerce ne peuvent balancer les grands intérêts de l’humanité: il est temps que les peuples civilisés s’affranchissent des honteux tributs qu’ils paient à une poignée de barbares. » (Intervention de M. de Chateaubriand à la Chambre des Pairs rapportée par Raynal)

L’histoire du blé vendu à la France .

 1793 n’est pas loin, la révolution, la liberté, l’égalité française font trembler les rois du vieux continent.
L’Europe est coalisée contre la France et ses idées subversives. La disette est partout. Il ne reste qu’une alliée: la régence d’Alger et le Dey. Celle-ci par l’entremise de la maison Bacri-Busnach, des commerçants juifs livournais, qui détiennent presque tout le commerce de la régence, livre du blé à la France à la première République en 1792 et ce pendant 7 ans. Le fameux blé de la discorde.

Ce blé évalué à 14 millions payés en partie aux héritiers Baccri-Busnach sera réclamé par les neuf Deys qui se sont succédés pendant toute cette période, 1792/1830-ja, mais surtout par le dernier Dey Hussein III. La Restauration évalua la dette en 1819, à 7 millions. En 1827, rien n’est fait. Hussein créditeur de Bacri-Busnach et particulièrement intéressé, réclame le paiement à Louis XVIII. Rien n’est fait.

                                                     Comment l'Algérie devint française dans histoire 225px-Talleyrand_01

Mais . Talleyrand voulait des territoires pour la France, et de grands territoires à peupler. On ne peut plus s’étaler en Europe, sauf peut-être la Wallonie? il regarde du côté de l’Algérie.  Il est le maître de ces stratégies.  Ensuite, aggraver le différents entre Paris et Alger, les méfaits de la course en Méditerranée suffisaient, enfin traîner la patte pour honorer les véritables réclamations du Dey pour le règlement de la dette, qui s’élèvent à plusieurs millions, millions qui vont fondre au soleil, au fur et à mesure du temps et des régimes qui passent.

A cette époque, le congrès de Vienne était réuni; les plénipotentiaires qui le composaient portèrent leur attention sur l’Algérie, et témoignèrent le désir de s’unir pour opposer une digue aux déprédations des corsaires. L’Angleterre seule, qui craignait que cette répression ne rendit à la France l’influence qu’elle avait précédemment exercée sur les Barbaresques, s’y opposa.

Dans ce moment même, une escadre américaine, composée de trois frégates, un sloop, un brick, trois schooners, et commandée par le capitaine Decatur, se dirigeait vers Alger; elle venait relever l’Union d’un honteux tribut que lui avait imposé le dey, bien décidée à obtenir une prompte et complète satisfaction. Avant même de se montrer devant la ville, les Américains capturèrent trois navires algériens. Une attitude si énergique déconcerta le divan, qui souscrivit presque sans réclamations à tout ce qu’exigeaient des ennemis si déterminés à faire triompher leur bon droit. Le succès de cette expédition ramena l’attention des puissances européennes sur Alger, et, dès ce moment, elles résolurent d’abolir l’esclavage des chrétiens dans les États barbaresques.

«Décidément, l’Algérie tout le monde la voulait, mais pas pour les mêmes raisons. Allez dire aujourd’hui à quelque pieds noirs encore meurtris, que l’Algérie et la Belgique furent l’enjeu d’un marchandage entre plusieurs pays européens. Ils n’en croiraient pas leurs oreilles et pourtant. Et si on vous disait que l’affaire était prévue, et voulue depuis longtemps! Qu’elle était en quelque sorte dans le sac.»

«Lors donc, Talleyrand nomme en 1815, le sieur Pierre Deval, consul de France à Alger  Le consul multiplie les provocations et les rodomontades. Etait-ce dans son caractère, son éducation ou bien plus sûrement sous ordre de son Ministre? Comment Deval, connu comme un homme tout en courbettes, a-t-il brusquement trouvé l’audace de contrer en public le Dey ? On peut supposer que celui-ci a au cours de l’audience du   29 avril 1827 au cours de la réception officielle du Baïram (fête de l’Aïd en turc).27 avril 1827 où fut porté le fameux “coup d’éventail” par le souverain d’Alger au consul français, et qui a été le prétexte de la rupture et de l’agression française, trois ans plus tard, soit tombé simplement dans un piège, depuis longtemps mis en place. A partir de cet incident, le consul Deval va utiliser tous les moyens pour envenimer les choses. Le gouvernement français enverra au Dey un ultimatum insultant, dont on n’ignore pas au bord de la Seine qu’il sera rejeté par Alger. Et c’est la rupture voulue et minutieusement préparée, depuis de longues années par Paris.
 La vérité est qu’il fut frappé de trois coups de chasse-mouche. Une douleur symbolique! coup_eventail_maxi dans politiqueQuelle manœuvre diabolique ! mais Talleyrand l’est-il moins?» Jean-Pierre Badin

Le blocus des côtes algériennes décidé par le gouvernement français n’ayant pas été efficace,les actes de piraterie se multipliaient, les autres nations se plaignaient de plus en plus de l’insécuriçté en Méditerranée, le Conseil des ministres français songea à une expédition contre Alger.

D’autres incidents survenus en pleine mer, et sur la côte algérienne ajoutaient des motifs au conflit. Le 30 juillet 1829, l’amiral De la Bretonniêre, monté sur le vaisseau « La Provence » et accompagné du brick « l’Alerte » se présentèrent devant Alger, pour demander, une fois de plus, réparation du dey.

vue d’Alger en 1830

                                       alger1830

                                                         

« Le 31 juillet 1929, Il fut reçu par le dey, après avoir refusé de déposer son épée comme il était exigé à tous les visiteurs. C’était un autre acte irrespectueux à l’égard non seulement du dey mais aussi des coutumes protocolaires à la Cour d’Alger. Au bout de deux heures de conférence, le dey remit au surlendemain sa réponse définitive.
Le 2 août 1929, nouvelle entrevue qui n’aboutit à aucun résultat attendu par la délégation française, De la Bretonniêre regagna son bord, après avoir prévenu l’oukil el hardj qui l’accompagnait, qu’il appareillerait le lendemain à midi.»                                                             

                                                                                                                                                                      Le lendemain « La Provence » appareilla vers le large. Trois coups de canon, à blanc, 17010donnèrent le signal d’un tir en direction du navire Celui ci fut touché mais sans gravité puisqu’il poursuivi sa route.

Le 8 août 1829, le Conseil des ministres chargeait le général de Bourmont et d’Haussez de préparer l’expédition.

Les préparatifs militaires et diplomatiques s’accélèrent au début de l’année 1830 ; tout doit être mis en place et terminé au début du mois de mai car, selon les “spécialistes”, c’est la période la plus favorable pour un débarquement sur les côtes algériennes.
On est allé chercher au ministère de la Guerre un plan réalisé par un espion français, le commandant du génie Boutin, fait en 1801. Ce plan précisait que le meilleur endroit pour accoster sans trop de danger était la presqu’île de Sidi-Fredj.

Le 31 janvier 1830, le Conseil des ministres français fixa le point de débarquement à Sidi Ferruch. Tous les chefs devant diriger l’opération furent désignés.

Des garanties internationales de neutralité furent prises auprès de toutes les puissances européennes. Chacune consentit à déléguer un observateur qui accompagnera l’expédition.

De son côté, Hussein Dey prévenu des dispositions prises par la France, et les forces qu’elle s’apprêtait à mettre en action, fit de son mieux pour se préparer à la résistance. Il fit, entre autres, élever de nouvelles batteries pour mieux protéger la baie d’Alger. Il acquit de nouveaux canons et accumulé de grandes quantités de munitions.

En même temps, il donnait l’ordre aux beys de Constantine, de Titteri et d’Oran de réunir toutes les forces que leur beylik pourrait fournir, et de venir, eux mêmes, à la tète de ces contingents, prendre part à la défense d’Alger.

Le 2 mai, les opérations de l’embarquement des troupes françaises furent commencées.
Le 25 mai, la flotte mit voile sur Mayorque.

La 13 juin la flotte française arriva à l’entrée de la baie d’Alger….. .

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Quelle fut la réaction des puissances européennes devant le débarquement ?

Que se passent-il pour les grandes puissances pendant ce temps? Si elles sont favorables à l‘attaque française contre la piraterie menée depuis Alger; elles craignent que la France ne devienne trop puissante, .

Le 04 novembre 1830, s’ouvre à point nommé, la conférence de Londres. Talleyrand, est nommé ambassadeur à Londres par Louis Philippe pour participer aux négociations qui allaient sceller le sort du territoire compris entre la Hollande et la France. Allait-on scinder en deux ce territoire? Une partie à la France, l’autre aux Pays-bas, ou bien allait-on créer un Etat indépendant, la Belgique ?

Talleyrand très habilement se range à la majorité , il abandonne les prétentions du trône de France sur cette partie du territoire et obtient par accord tacite la souveraineté française en Algérie. L’Algérie contre la Wallonie  Fut-ce une bonne diplomatie?

Car, comme s’interroge si intelligemment Jean Isnard : « Avec le recul de l’Histoire, Talleyrand a-t-il eu tort ? ou bien est-ce nos chefs politiques qui n’ont pas été à la hauteur des rêves d’un homme qui a consacré sa vie à la grandeur de la France? »

L’Histoire a tenu à un fil. Que se serait-il passé si Waterloo avait connu une autre fin? que se serait-il passé si la Wallonie avait été scindée en deux ? que se serait-il passé sans Talleyrand qui  fidèle à sa légende obtint  l’Algérie contre la Wallonie ?

«Autres époques, autres politiques. Maintenant, tout est rentré dans l’ordre ou presque. La Belgique existe (pour combien de temps ?), l’Algérie est indépendante et la France est ….éternelle.» Jean Pierre Badin

Sources

D’après l’essai de Jean Pierre Badia —  Lacoste et Nouschi : Algérie, passé et présent. Jean Isnard

à suivre La prise d’Alger

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Le rachat des esclaves (1)

Posté : 17 mai, 2009 @ 11:34 dans esclavage, histoire | Pas de commentaires »

          C’est en 1583 que l’on situe les premiers rachats répertoriés. En 1585 une mission, sorte de nonciature apostolique, s’installe à Alger, sans parler des religieux esclaves volontaires qui accompagnaient les victimes en partageant leur sort (rappelons-nous                           Le rachat des esclaves (1) dans esclavage chmalt1

St Vincent de Paul maintenant vivace leur foi par la pratique de leur religion)

. Les riches pouvaient payer eux-mêmes leur rançon mais pour les pauvres ce fut l’Eglise, la Papauté qui la première s’en préoccupa en mettant en place des institutions spécialisées dans les négociations de rachat des esclaves car le but des pirates était, non seulement de procurer à leurs compatriotes la main d’œuvre qualifiée dont il manquaient ( armuriers, artisans, jardiniers etc…) et de la ” chair fraîche “à bon compte pour les harems mais aussi d’extorquer le plus d’argent possible aux Européens qu’ils savaient soucieux de ne pas abandonner leurs coreligionnaires dans la souffrance..

Tabarca, depuis 1540 comptoir génois sur un rocher minuscule ou s’entassèrent jusqu’à 2000 habitants, à proximité du rivage à quelques lieues à l’est de La Calle, fut un centre actif de rachat dès le début du XVIIème siècle. image006 dans histoire
          En 1596, se fonde en Sicile ” l’Arciconfraternità della ridenzione dei Cattivi qui eut son siège en L’église Santa Maria Nuova à Palerme.
          A Gênes en 1597, on voit se constituer le ” Magistrato del Riscatto degli Schiavi “qui prenait la succession d’un ancien organisme remontant à 1403, le ” Magistratodi ».

« Au XVIIème siècle les corsaires algériens deviennent de plus en plus redoutables. La Méditerranée n’est plus assez vaste pour eux; ils cherchent un autre théâtre pour leurs déprédations, et s’avancent jusqu’aux îles Canaries, où ils portent la désolation et la mort.  Dans l’espace d’une seule année, en 1582, deux mille esclaves chrétiens sont vendus à Alger, et on en comptait alors plus de trente mille dans les différentes parties de la régence. Michel Cervantès, qui y était prisonnier à cette époque, nous a laissé des détails curieux sur la manière dont les Algériens traitaient leurs esclaves; nous allons les rapporter en faisant le récit de la captivité du célèbre romancier espagnol » J-F Lamarque      Cervantès esclave d’Alger lire l’article en entier

Au XVIIIème siècle à Cagliari, c’est le ” bureau de rachat des esclaves sardes ” qui participa deux fois, sous l’autorité du Roi de Piémont-Sardaigne et avec la contribution financière de bon nombre de souverains européens y compris le Pape à la libération des esclaves qu’il allait accueillir pour mettre en valeur son île de Sardaigne dont il venait d’hériter, jugée insuffisamment peuplée.                   

  Il y eut même des ordres religieux dévolus expréssement au rachat des esclaves chrétiens: Les Tinitaires des saints Jean de Matha (illustration) et Félix de Valois et les Mercédaires des saints Pierre Nolasque et Raymond de Penafort.

 Trinitaires et Mercédaires s’offraient en échange des esclaves chrétiens quand l’argent ne 09-barbaresques-mathurinsuffisaient pas à leur rachat; il n’y a que dans le catholicisme que l’on voit cela… Une fois dans la place, ils soutenaient la foi des chrétiens prisonniers souvent persécutés pour les contraindre à une conversion forcée. Du XIIIe au XVIIIe siècle, les seuls Mercédaires auraient libéré pas moins de 60.000captifs                          

Condition générale des esclaves chrétiens à Alger.

Les malheureux prisonniers faits par les corsaires se divisaient en deux classes: la première comprenait le capitaine, les officiers du bâtiment capturé et les passagers avec leurs femmes et leurs enfants; cette première classe était soumise à un travail moins dur que les simples matelots, qu’on vendait publiquement au plus offrant et dernier enchérisseur; les enfants étaient presque tous envoyés au palais du dey ou aux maisons des premières familles, et les femmes servaient les dames maures ou entraient dans les harems… lire l’article en entier

    Du coté des Espagnols, des organismes de rachat similaires à Alger et à Tunis notamment un hôpital.
          Les Français étaient représentés par des Capucins à Tétouan et des Carmes à Alger, ils agissaient en missionnaires et représentants officieux du Roi de France, se préoccupant du salut des âmes, baptêmes et enterrements, tout en organisant parfois en secret au péril de leur vie, des évasions en groupe par la mer grâce à de hardis navigateurs tel Felipe Romano le Valencien qui déjoua plusieurs fois les contrôles des Janissaires tout en commerçant avec eux.  

Le retour des rachetés dans leur pays ou ailleurs, puisqu’on retrouve le cas d’une centaine de familles d’esclaves originaires de Tabarca encore, capturés par les pirates d’Alger en 1756 au cours d’un conflit entre les deux régences, déportés à Alger puis rachetés par le Roi d’Espagne qui seront installés, eux d’origine génoise, sur une petite île à 11 milles au sud d’Alicante nommée de ce fait Nueva Tabarca où ils feront souche et deviendront Espagnols.
          C’est ainsi que ces gens, certainement nés à Tabarca (comptoir génois du corail) mais issus de familles originaires de Pegli, près de Gênes et parlant un dialecte Ligure, se sont retrouvés , vers 1776, sujets du Roi d’Espagne dans une petite île au large du cap de Santa Pola à 11 milles au sud d’Alicante où ils ont fait souche et se sont hispanisés.
  Les archives ecclésiastiques sont toujours détenues par les représentants de l’Eglise catholique à Tunis et il toujours possible d’avoir des informations sur des ancêtres esclaves, notamment les noms et adresses des familles musulmanes les ayant détenus et utilisés, ainsi ce document fourni par l’Eglise catholique de Tunis

pdf tabarka.pdf Liste des esclaves rachetés et installés àSantaPola 

          Au retour des libérés on organise de grandes cérémonies avec actions de grâces et parade du convoi dans les rues sous les acclamations de la foule. Ils portaient, parfois au bout d’un bâton sur l’épaule, un symbole de leur asservissement passé tel que des chaînes symboliques ou un petit pain noir, seule nourriture que leurs geôliers leur consentaient  Premier pas vers une relative tranquillité, en 1816 le traité de Tunis mit un terme aux expéditions de pillage commanditées par son Bey à l’encontre du royaume de Piémont-Sardaigne, comme celle de 1798 à San Pietro.

          Toutefois, Alger et Tripoli n’étant pas parties à cet accord, ce n’est qu’en 1830 avec le débarquement des Français à Sidi Ferruch que la pacification de la méditerranée occidentale sera définitivement acquise, paix qu’elle n’avait pas connu depuis près de 14 siècles.

« Ce qui nous amène à dire quelques mots du dernier des esclaves célèbres, le général Youssouf, né en l’île d’Elbe, capturé en mer à 11 ans, esclave puis Mamelouk à Tunis où l’élimination en duel secret d’un congénère jaloux de son idylle avec une fille de leur maître, suivie de la découverte du corps qu’il avait scellé dans un mur, le contraignit à prendre la fuite. Il se présenta alors aux Français arrivés de fraîche date et se mit à leur service comme interprète. Se faisant apprécier de ses supérieurs il deviendra officier, sera l’artisan de la prise de Bône, participera à fonder les corps des Tirailleurs et des Spahis et finira sa vie à Nice avec le grade de général de division après avoir servi dans de nombreuses campagnes hors d’Algérie.» Jean-Bernard LEMAIRE

Le souvenir de la libération des «  esclaves en terre d’islam » perdure en Méditerranée occidentale de nos jours.

 stSauveurGairautNDMerci Dans l’église de Gairaut, on peut apercevoir une statue dédiée à Notre Dame de la Merci.
Ce vocable rappelle l’ordre institué par S.Pierre Nolasque( + 1256) à Barcelone pour le rachat des captifs, c’est à dire des chrétiens détenus par les Barbaresques. Les espagnols durent se battre pendant 400 ans pour chasser les Maures de leur pays (1085-1492). Les chrétiens faits captifs étaient particulièrement à plaindre. Ils étaient vendus comme esclaves aux musulmans d’Afrique. Force était alors de payer rançon pour obtenir leur délivrance.
Pierre Noslasque, inspirée par la Vierge Marie, fonda l’ordre de la Merci ou de la Rédemption ou Rachat des captifs. Aux trois vœux habituels : obéissance, pauvreté, chasteté, les mercédaires en ajoutaient un quatrième : celui de se constituer en otage, quand c’était pour eux le seul moyen d’accomplir leur mission. Grâce à l’héroïsme et la générosité des chrétiens, cette mission se poursuivit jusqu’à la disparition de la piraterie.

 Pourquoi le culte de Notre Dame de la Merci à Gairaut ?
Est-ce une dévotion importée par un ancien captif délivré ou par une famille dont un des membres fut mercédaire ? Est-ce en rapport avec la victoire sur les musulmans en 1543, siège de Nice ? Nul ne peut l’affirmer. En tous cas, la fête de N.D de la Merci fut primitivement instituée pour remercier la Vierge d’avoir rendu la liberté aux prisonniers qui lui criaient ” Merci “.
Mais chaque année, le 24 septembre (ou le dimanche le plus proche), depuis que le Pape Innocent II institua cette fête pour l’Eglise entière (1696), les Gairautins aiment venir honorer Marie pour la fête de leur quartier.

Au reste, la sollicitude des Pères de la Merci ne se bornait pas à faire des quêtes dans les divers états de la chrétienté pour subvenir au rachat des malheureux esclaves, ils visitaient, ils consolaient dans leur captivité ceux qu’ils n’avaient pu affranchir; ils entendaient leur confession et les maintenaient dans leur foi ; lorsqu’ils étaient malades, ils les soignaient dans un petit hôpital qu’ils avaient élevé à leurs frais, et les empêchaient de tomber dans les vices honteux où la passion brutale de leurs maîtres ne les entraînait que trop souvent. Telle était la malheureuse condition des chrétiens que le sort de la guerre faisait tomber entre les mains des redoutables corsaires algériens.  

Sources  Jean-Bernard LEMAIRE St Germain-en-Laye le 25 novembre2002                                    Les cahiers de la Méditerranée

/Sources bibliographiques :
- Fernand BRAUDEL ” la méditerranée au temps de Philippe II ” 2 t., (Armand colin, 1985)
- Giuseppe VALLEBONA ” Storia di una colonizzazione “
- Capitaine de Frégate Cavelier de Cuverville ” Pêche du corail sur les cotes de l’Algérie “( Nancy, Berger-Levraud 1880)
- Gérard CRESPO ” les Italiens en Algérie 1830-1962 “(septentrion ) (quelques erreurs dans cette thèse)

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Traites négrières en terre d’islam (2)

Posté : 12 mai, 2009 @ 11:24 dans esclavage, histoire | 2  779 commentaires »

 L’esclavage perdure en terre d’islam

Un esclavage discret et à peine atténué se perpétue aujourd’hui. Il y a des zones de non-droit absolu en Arabie Saoudite et dans certains pays du Golfe, par exemple. Au Niger ou au Mali, vous pouvez acheter – à l’unité – un enfant de 10 ans dont vous ferez ce que vous voudrez. Alors que les autorités religieuses en Occident ont fini par basculer dans le camp des abolitionnistes au XIXe siècle et aujourd’hui encore battent leur coulpe pour les crimes passés, je n’entends aucun prédicateur d’Al-Jazira condamner ces pratiques. »

J’espère que les africains et les descendants des esclaves vont oser bientôt demander des excuses et des réparations aux arabo-musulmans. Il est plus que temps. On ne peut éternellement accuser les occidentaux…

Vidéo sur la traite négrière en terre d’islam: 

 http://www.ajm.ch/wordpress/?p=1113

Premières traites négrièresL’exploitation de captifs noirs par les peuples du bassin méditerranéen n’est pas une nouveauté moderne. On en relève de premières traces dans l’Égypte pharaonique d’il y a 4000 ans puis plus tard chez les Grecs et les Romains.

Elle va être relancée par l’islam pour une raison en premier lieu religieuse : «en pays d’Islam, seuls sont esclaves les enfants d’esclaves et les personnes capturées à la guerre 

 Traites négrières en terre d’islam (2) dans esclavage sudan1Photo: enfants esclaves

Des personnes libres ne peuvent être asservies, pas plus que les enfants abandonnés, selon une politique courante dans les civilisations antiques», ( Olivier Pétré-Grenouilleau.)

D’où le recours au gisement subsaharien.

 Cela commence avec un fameux traité conclu en 652 entre des Nubiens et l’émir d’Assouan, pour la livraison chaque année d’un quota de 360 captifs à ce dernier en vente_esclaves_600 dans histoireéchange de marchandises diverses.

Rapidement, les habitants du monde islamique en arrivent à assimiler les Noirs à des esclaves et, pour justifier le rapprochement entre l’infériorité juridique et la couleur de peau, ils font appel à la fameuse malédiction de Cham. cliquez

L’anthropologue Malek Chebel montre dans L’esclavage en terre d’islam  comment une culture esclavagiste s’est greffée sur l’islam. Il a justement sous-titré son ouvrage Un tabou bien gardé.

9782213630588FSIl s’agit non d’un livre d’histoire mais d’un récit de voyage ethnographique émaillé de références littéraires.

Spécialiste du monde musulman, l’anthropologue Malek Chebel s’est penché sur un sujet rarement abordé : l’esclavage en terre d’islam, sans se limiter aux traites négrières.

Il évoque les anciens trafics d’esclaves blancs mais aussi les trafics humains qui perdurent dans maints pays sous des formes plus ou moins édulcorées.

Le Coran, livre  fondateur de l’islam, évoque l’esclavage dans pas moins de 25 versets sans le condamner formellement.

«Le Coran n’étant pas contraignant, l’abolition relève de la seule initiative personnelle du maître. Cette ambiguïté est constitutive de l’approche coranique : encourager ceux qui font le bien, mais ne pas alourdir la peine de ceux qui ne font rien», écrit Malek Chebel. «Plusieurs versets entérinent au demeurant l’infériorité de l’esclave par rapport à son maître».

Le calife Omar (581-644) est à l’origine d’une législation qui interdit de mettre en servitude un musulman.

 Dans les faits, c’est cette prescription, qui encourage les musulmans à chercher des esclaves hors de leurs terres, c’est-à-dire en Afrique noire et en Europe orientale, (Les barbaresques)

À la fin du Moyen Âge, comme le vivier slave s’épuise du fait de la christianisation de l’Europe orientale, les musulmans se tournent vers les pirates qui écument la Méditerranée. Ces derniers effectuent des razzias sur les villages côtiers des rivages européens. Le souvenir des combats livrés par les habitants à ces pirates perdure dans… la tête de prisonnier maure qui sert d’emblème à la Corse.

On évalue à plus d’un million le nombre d’habitants enlevés en Europe occidentale entre le XVIe et le XVIIIe siècle, au temps de François 1er, Louis XIV et Louis XV. Ces esclaves, surtout des hommes, sont exploités de la pire des façons dans les orangeraies, les carrières de pierres, les galères, les chantiers,… d’Afrique du nord.  Des organisations chrétiennes déploient beaucoup d’énergie dans le rachat de ces malheureux, tel Miguel de Cervantès.

En Europe orientale et dans les Balkans, pendant la même période, les Ottomans prélèvent environ trois millions d’esclaves. Mais l’expansion européenne, à partir de la fin du XVIIIe siècle, met fin à ces razzias.

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                                                  Enfants  nés également de l’esclavage,
Rapidement, l’esclavage devient un fait musulman, comme il l’a été grec ou romain. «Nulle part on ne trouve contre lui d’opposition ou de réprobation», note l’auteur. Ainsi montre-t-il que les plus grandes figures intellectuelles de l’islam ont été comme les autres de grands propriétaires d’esclaves.

Inhumanité de l’esclavage

Malek Chebel rapporte trois codes régissant l’esclavage en terre d’islam.

À travers des références littéraires, en premier lieu les Mille et une Nuits, ainsi que de nombreux récits de voyageurs, il dépeint aussi le statut des esclaves, leur déshumanisation par la privation de nom et leur exploitation à des fins sexuelles, qu’il s’agisse des concubines destinées à assouvir les plaisirs de leur maître ou des eunuques chargés de les garder !

Inventée et développée à grande échelle par la Chine impériale, exportée dans les pays musulmans et jusqu’en Italie (les castrats), l’exploitation des eunuques est l’une des formes d’esclavage les plus inhumaines qui soient. Cela commence avec l’ablation des parties génitales, généralement pratiquée sur de jeunes adolescents : elle se solde par une mortalité effroyable…

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L’esclavage «de traîne» en terre d’Islam

 Souvenirs de l’esclavage et ce qu’il en reste dans le monde musulman

. Dans beaucoup de régions perdure l’esclavage «de traîne» : il affecte les descendants d’esclaves qui portent le fardeau de leur hérédité ; ainsi ne peuvent-ils par exemple épouser une femme de classe supérieure.                                             

                                            Sur la côte sud de l’Iran subsiste une communauté issue des anciens esclaves noirs qui parle arabe, pratique le sunnisme et entretient des coutumes d’origine africaine. En Arabie, malgré la répétition des édits abolitionnistes, l’esclavage perdure de fait, avec une relative discrétion. Il concerne des ressortissants africains, sans parler des travailleurs asiatiques dont le sort est proche de la servitude.

L’esclavage demeure présent aussi dans les régions sahariennes (Libye, Niger, Tchad, Mali,…) sans qu’on puisse en chiffrer l’importance. Cédant à la pression des ONG, un chef targui du Niger, Amrissal Ag Amdague, a accepté le 10 mars 2005 de libérer 7.000 esclaves coutumiers contre espèces sonnantes et trébuchantes ! En Mauritanie, l’esclavage des Noirs (Harratine) par les Bédouins est une réalité prégnante dont l’auteur a lui-même pris la mesure lors de ses voyages…

Autant dire que la lutte contre l’esclavage demeure d’actualité et cet ouvrage permet de s’en convaincre. Malek Chebel le rappelle avec justesse : «l’esclavage est la pratique la mieux partagée de la planète, c’est un fait humain universel».

 sources: ‘Olivier Pétré-Grenouilleau : Traites négrières ,Malek chebel L’esclavage en terre d »Islam

L’esclavage dans le monde musulman, trois fois plus étalé dans le temps qu’en Occident, a aussi touché deux fois plus d’individus, soit 20 millions de personnes sur 10 siècles.

   à suivre ->                                                  

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