Le cimetière d’Aïn Beïda est loin d’être le lieu idéal où les Musulmans
peuvent élire leur dernière demeure, vu l’état de dégradation
dans lequel il se trouve. C’est une véritable atteinte au droit des morts,
en dehors de toute considération religieuse qui restent pourtant un
élément devant faire reculer les profanateurs, sans foi ni loi, qui s’adonnent
à leur lugubre besogne en quête de soi-disant bijoux qui seraient
enterrés avec les défunts. Pour la circonstance, on a contacté le délégué
du secteur urbain d’Es Seddikia, qui est aussi président du conseil d’administration
de la régie autonome des pompes funèbres, M. Aïtemrar,
qui, avec amabilité, nous a reçus dans son bureau et cela pour un éclaircissement
sur le sujet: «Pour votre information, le cimetière contient
plus de 6.000 tombes, réparties sur une superficie, dépassant les 200
hectares. Il date de 1956 et c’est le cimetière officiel et principal de la
commune d’Oran. Il est géré par une régie communale autonome des
pompes funèbres sous couvert de l’APC. C’est un service qui a vu le
jour, ces deux dernières années seulement, il manquait certes d’entretien,
mais nous sommes à cheval et ainsi, nous avons commencé à installer
des repères dont un bureau à l’entrée, doté de l’outil
informatique. Nous avons ainsi pu numéroter les tombes et un programme
a déjà été lancé pour le préambule, vu l’ampleur du cimetière
et le peu de moyens, on essaye de faire de notre mieux.» Le cimetière
de Aïn Beïda fait vraiment pitié à voir. Il est livré, depuis quelques années,
aux mauvaises herbes et offre ainsi un aspect de désolation. Une
situation que condamnent non seulement les parents et enfants de
ceux qui y reposent, mais aussi les riverains de cette nécropole. Selon
les dires d’un citoyen oranais, en l’occurrence, Benchiha, l’ex-joueur du
MCO, «la dégradation, passée sous silence de ce lieu de culte, résulte
d’une démission collective des élus, pour préserver cet endroit.» La
nécropole de Aïn Beïda date de 1956 et c’est l’une des plus importantes
de l’Ouest du pays. Elle s’étend sur près de plus de 200 ha. Subissant des
actes de vandalisme répétitifs, le cimetière a été profané à maintes
reprises. Enormes dégâts dans le mur de l’enceinte, situé à l’extrémité
du cimetière et un pan entier a été démoli. Plus grave, de nombreuses
sépultures et des tombes ont été saccagées. Et pour cela, M. Aïtemrar
nous révélera: «On a une subvention concernant les cimetières qui
s’élève à 30.000 DA par an, y compris la masse salariale de la régie, les
charges, les matériaux de construction pour les dalles… etc. On a déjà
commencé l’entretien du vieux cimetière de Aïn El Beïda, on a planté
des arbres et creusé un puits, on est en pleine rénovation et cela pour
rendre au cimetière sa dignité. Nonobstant, la hauteur de ces financements
dont, a priori, il serait arbitraire de dire que c’est peu ou beaucoup,
l’état général du cimetière est critique. Hormis les allées
principales qui s’ouvrent sur l’entrée, compte tenu de la broussaille, des
herbes sauvages, des branchages et enfin, des détritus de tous genres.
Notre interlocuteur développe, à sa décharge, l’argumentaire suivant:
«Maintenant, si vous voulez voir un cimetière avec des bancs où
les visiteurs peuvent se relâcher, avec des fontaines et des espaces verts,
il faut plus d’argent et cela va de soi. Ce que je peux vous dire, c’est que
je suis satisfait du travail accompli par le directeur des pompes
funèbres, il y a une nette amélioration par rapport aux années précédentes
et le côté, déjà aménagé, est devenu un petit royaume. Personnellement,
j’investis trop sur les cimetières et puis je suis un homme qui
joint la parole à l’acte. On a structuré les pompes funèbres et on y a
employé des gestionnaires de haut niveau. Tous les carrés sont
numérotés et recensés sur micro.» En tout état de cause, les responsables
sont tenus d’améliorer la situation et apporter au plus vite des
correctives. Certes, le public ne nous facilite pas la tâche et les visiteurs
sont beaucoup pour le désordre et surtout la saleté des lieux, vu qu’ils
laissent, après chaque visite, des sachets en plastique, des bouteilles et
des papiers. Or, si seulement chaque famille nettoyait le carré de la
sépulture visitée, le cimetière serait dans un état impeccable. Pour en
finir, le délégué et président du conseil ajoutera que «je vous assure
que les responsables, gestionnaires, le P/APC et moi personnellement,
on veille à la bonne marche de nos cimetières. Nous sommes en train
de réfléchir pour un plan de circulation, durant les jours fériés et fêtes
et ce, dans le but d’alléger la circulation et pour l’information de tous
les Algériens, l’APC prend en charge et gratuitement toutes les charges
d’un mort, cela veut dire, que le creusement, les dalles et même les endroits
où sont enterrés les morts sont à la charge de l’APC et des fois,
l’APC se charge aussi de transporter les morts, quand il s’agit de familles
démunies. Alors, les gens qui se trouvent au cimetière n’ont rien à voir
avec sa gestion. Je dis donc aux gens qui y viennent, qu’ils doivent chasser
ces squatteurs qui ne font que profiter du malheur des autres pour
s’enrichir.» Un effort de nettoyage a été fait et un immense désherbage
est en cours. Les tombes ainsi dégagées montrent un besoin d’entretien
et une opération de grande envergure, en cours de réalisation, rendrait
au lieu son aspect et laisserait reposer nos morts dans un cadre respectable.
A bon entendeur… salut.