GAZETTE de LA-BAS

Nouvelles de là-bas et d’ici

LETTRE à MONSIEUR BOUTEFLIKA,président de la République algérienne

Classé dans : COMMUNIQUES — 31 mai, 2010 @ 17:21

Courrier exemplaire adressé au président algérien, Monsieur BOUTÉFLICA, par M. André SAVELLI, professeur agrégé en histoire au Val de Grâce. Il semble indispensable de faire circuler ce document, extrêmement bien documenté, venant d’un érudit de l’histoire, relatant brièvement l’histoire d’un pays, l’Algérie, et éclatant de vérité.

 Monsieur le Président,

En brandissant l’injure du génocide de l’identité algérienne par la France, vous saviez bien que cette identité n’a jamais existé avant 1830. Mr Ferrat Abbas et les premiers nationalistes avouaient l’avoir cherchée en vain. Vous demandez maintenant repentance pour barbarie : vous inversez les rôles !

C’était le Maghreb ou l’Ifriqiya, de la Libye au Maroc. Les populations, d’origine phénicienne (punique), berbère (numide) et romaine, étaient, avant le VIIIème siècle, en grande partie chrétiennes (500 évêchés dont celui d’Hippone / Annaba, avec Saint Augustin). Ces régions agricoles étaient prospères.

 Faut-il oublier que les Arabes, nomades venant du Moyen Orient, récemment islamisés, ont envahi le Maghreb et converti de force, « béçif » (par l’épée), toutes ces populations. « Combattez vos ennemis dans la guerre entreprise pour la religion….Tuez vos ennemis partout où vous les trouverez » (Coran, sourate II, 186-7). Ce motif religieux était élargi par celui de faire du butin, argent, pierreries, trésor, bétail, et aussi bétail humain, ramenant par troupeaux des centaines de milliers d’esclaves berbères; ceci légitimé par le Coran comme récompense aux combattants de la guerre sainte (XLVIII, 19, 20) .Et après quelques siècles de domination arabe islamique, il ne restait plus rien de l’ère punico romano berbère si riche, que des ruines (Abder-Rahman ibn Khaldoun el Hadram , Histoire des Berbères,T I,p.36-37, 40, 45-46. 1382).Faut-il oublier aussi que les Turcs Ottomans ont envahi le Maghreb pendant trois siècles, maintenant les tribus arabes et berbères en semi escla-vage, malgré la même religion, les laissant se battre entre elles et prélevant la dîme, sans rien construire en contre partie. Faut-il oublier que ces Turcs ont développé la piraterie maritime, en utilisant leurs esclaves. Ces pirates barbaresques arraisonnaient tous les navires de commerce en Méditerranée, permettant, outre le butin, un trafic d’esclaves chrétiens, hommes, femmes et enfants. Dans l’Alger des corsaires du XVI ème siècle, il y avait plus de 30.000 esclaves enchaînés. D’où les tentatives de des-truction de ces bases depuis Charles Quint, puis les bombardements anglais, hollandais et même américain…..Les beys d’Alger et des autres villes se main-tenaient par la ruse et la force, ainsi celui de Constantine, destitué à notre venue, ayant avoué avoir fait trancher 12.000 têtes pendant son règne.Faut-il oublier que l’esclavage existait en Afrique depuis des lustres et existe toujours. Les familles aisées musulmanes avaient toutes leurs esclaves africains. Les premiers esclavagistes, Monsieur le Président, étaient les négriers noirs eux-mêmes qui vendaient leurs frères aux Musulmans du Moyen Orient, aux Indes et en Afrique (du Nord surtout), des siècles avant l’apparition de la triangulaire avec les Amériques et les Antilles, ce qui n’excuse en rien cette dernière, même si les esclaves domestiques étaient souvent bien traités.Faut-il oublier qu’en 1830, les Français sont venus à Alger détruire les repaires barbaresques ottomans qui pillaient la Méditerranée, libérer les esclaves et, finalement, affranchir du joug turc les tribus arabes et berbères opprimées.

Faut-il oublier qu’en 1830, il y avait à peu près 5.000 Turcs, 100.000 Koulouglis, 350.000 Arabes et 400.000 Berbères dans cette région du Maghreb où n’avait jamais existé de pays organisé depuis les Romains. Chaque tribu faisait sa loi et combattait les autres, ce que l’Empire Ottoman favorisait, divisant pour régner.

Faut-il oublier qu’en 1830 les populations étaient sous développées, soumises aux épidémies et au paludisme. Les talebs les plus évolués qui servaient de toubibs (les hakems), suivaient les recettes du grand savant « Bou Krat » (ou plutôt Hippocrate), vieilles de plus de 2.000 ans. La médecine avait quand même sérieusement évolué depuis !

Faut-il oublier qu’à l’inverse du génocide, ou plutôt du massacre armé-nien par les Turcs, du massacre amérindien par les Américains, du massacre abo-rigène par les Anglais et du massacre romano-berbère par les Arabes entre l’an 700 et 1500, la France a soigné, grâce à ses médecins (militaires au début puis civils) toutes les populations du Maghreb les amenant de moins d’un million en 1830 en Algérie, à dix millions en 1962.

Faut-il oublier que la France a respecté la langue arabe, l’imposant même au détriment du berbère, du tamashek et des autres dialectes, et a respecté la religion (ce que n’avaient pas fait les Arabes, forçant les berbères chrétiens à s’islamiser pour ne pas être tués, d’où le nom de « kabyle » – j’accepte).

Faut-il oublier qu’en 1962 la France a laissé en Algérie, malgré des fautes graves et des injustices, une population à la démographie galopante, souvent encore trop pauvre, – il manquait du temps pour passer du moyen âge au XX ème siècle – mais en bonne santé, une agriculture redevenue riche grâce aux travaux des Jardins d’Essais, des usines, des barrages, des mines, du pétrole, du gaz, des ports, des aéroports, un réseau routier et ferré, des écoles, un Institut Pasteur, des hôpitaux et une université, la poste….. Il n’existait rien avant 1830.! Cette mise en place d’une infrastructure durable, et le désarmement des tribus, ont été capitaux pour l’Etat naissant de l’Algérie.

Faut-il oublier que les colons français ont asséché, entre autres, les marécages palustres de la Mitidja, y laissant de nombreux morts, pour en faire la plaine la plus fertile d’Algérie, un grenier à fruits et légumes, transformée, depuis leur départ, en zone de friche industrielle.

Faut-il oublier que la France a permis aux institutions de passer, progressivement, de l’état tribal à un Etat nation, et aux hommes de la sujétion à la citoyenneté en construction, de façon, il est vrai, insuffisamment rapide. Le colonialisme, ou plutôt la colonisation a projeté le Maghreb, à travers l’Algérie, dans l’ère de la mondialisation.

Faut-il oublier qu’en 1962, un million d’européens ont dû quitter l’Algérie, abandonnant leurs biens pour ne pas être assassinés ou, au mieux, de devenir des habitants de seconde zone, des dhimmis, méprisés et brimés, comme dans beaucoup de pays islamisés. Il en est de même de quelques cent mille israélites dont nombre d’ancêtres s’étaient pourtant installés là 1000 ans avant que le premier arabe musulman ne s’y établisse. Etait-ce une guerre d’indépen-dance ou encore de religion ?

Faut-il oublier qu’à notre départ en 1962, outre au moins 75.000 Harkis, sauvagement assassinés, véritable crime contre l’humanité, et des milliers d’européens tués ou disparus, après ou avant, il est vrai, les excès de l’O.A .S. Il y a eu plus de 200.000 tués dans le peuple algérien qui refusait un parti unique, beaucoup plus que pendant la guerre d’Algérie.

C’est cette guerre d’indépendance, avec ses cruautés et ses horreurs de part et d’autre, qui a fondé l’identité algérienne. Les hommes sont ainsi faits !

Monsieur le Président, vous savez que la France forme de bons médecins, comme de bons enseignants. Vous avez choisi, avec votre premier ministre, de vous faire soigner par mes confrères du Val de Grâce. L’un d’eux, Lucien Baudens, créa la première Ecole de médecine d’Alger en 1832, insistant pour y recevoir des élèves autochtones. Ces rappels historiques vous inciteront, peut-être, Monsieur le Président, à reconnaître que la France vous a laissé un pays riche, qu’elle a su et pu forger, grâce au travail de toutes les populations, des plus pauvres aux plus aisées – ces dernières ayant souvent connu des débuts très précaires -.

La France a aussi créé son nom qui a remplacé celui de Barbarie.

Personne ne vous demandera de faire acte de repentance pour l’avoir laissé péricliter, mais comment expliquer que tant de vos sujets, tous les jours, quittent l’Algérie pour la France ? En fait, le passé, diabolisé, désinformé, n’est-il pas utilisé pour permettre la mainmise d’un groupe sur le territoire algérien ? Je présente mes respects au Président de la République, car j’honore cette fonction.

Un citoyen français, André Savelli, Professeur agrégé d’Histoire au Val de Grâce.

4 commentaires »

  1. ameur dit :

    Monsieur le Professeur;le tracé de l’histoire du Maghreb que vous avez fait depuis une certaine date est assez vrai , l’histoire est là pour le prouvé ,la France a colonisée l’Algérie pour ne parler que de mon pays que j aime par dessus tout ,la France a envahie l’Algérie avec « une fleur »au lieu et place de la baïonnette sans effusion de sang ,la France la douce France ,la France symbole des droits de l’homme a conquis l’Algérie suite a un coup « d’éventail » porté par un certain « dey »a un honorable ambassadeur de votre beau pays ,suite a, cela nous avons appris a l’école que nous Algérien tenez vous bien Mr le professeur, nos ancêtres étaient des « Gaulois »donc si on s’en tient a ce que nous avons appris a l’école et suite a ce , »" » ce «  »raisonnement la France était venue avec son armada en Algérie pour pacifié des « GAULOIS »qui se sont révoltés contre leur monarchie!!!Me le professeur notre Président vous a fait « honneur « en venant vous consulter pour un problème de santé vous devriez être fière il vous as démontré ainsi que malgré notre tumultueux passé l’avenir est entre nos mains pour oublier les douleurs et nous tourner vers cet avenir tant prometteur pour nos deux rives…. « salutation respectueuses »

  2. Vincent Lajaro dit :

    Bonjour Ameur,

    Cette lettre est une lettre de polémiste qu’il faut remettre dans son contexte. Elle fait suite à une demande de repentance d’Abdelaziz Bouteflika. L’objectif de cette lettre est de remettre les pendules à l’heure, selon une vision française et même pied-noir. Je pense, quant à moi, qu’il n’y a que des vérités dans ce texte mais qu’il n’y a pas toute la vérité. Tant que nous ne réussirons pas à pratiquer le juste milieu, des deux côtés de la Méditerranée, nous ne pourrons pas réellement nous réconcilier.

    Et tout d’abord, il faut savoir de quelle repentance nous parlons. S’agit-il de la guerre de conquête qui a débuté en 1830 ? Si oui, pourquoi pas ? Mais cela a-t-il un sens ? Est-ce que les Arabo-berbères vont se repentir d’avoir tenté de coloniser l’Andalousie durant 781 ans ? S’il s’agit de la guerre de 1954, permettez-moi d’être étonné, pour ne pas dire offusqué. Car, même si le combat du FLN allait dans le sens de l’Histoire, la méthode était des plus discutables. Toutes les barbaries que vous dénoncez à longueur de colonnes dans votre presse ont été pratiquées, et même souvent au-delà (voir l’émasculation de nos soldats), par l’ALN. Et puis, il faut faire repentance pour des faits reconnus. Il n’y a jamais eu 45000 morts à Sétif (probablement de 4 à 7000, ce qui est déjà suffisamment atroce). Les 1,5 million de morts durant la guerre d’Algérie ne sont qu’un mythe (au grand maximum 250000 victimes de notre fait). Et quand je vais sur les blogs algériens, comme celui d’El Watan, il y a une surenchère incroyable. C’est à celui qui noircira le plus le tableau de la colonisation. Comme si c’était un gage du politiquement correct algérien. Il n’y a jamais eu non plus génocide durant 132 ans de présence française car, autrement, il n’y aurait La-bas que des pieds-noirs. Il faut rappeler, une nouvelle fois, que la population algérienne est passée de 2 à pratiquement 10 millions durant la présence française.

    En tant qu’Algérien, il ne faut pas vous voiler la face. Votre combat était également sectaire et xénophobe. Le FLN ne combattait pas uniquement pour la liberté et l’indépendance mais aussi pour exclure toute présence française d’Algérie. Au fait qui va demander pardon aux pieds-noirs d’avoir été chassé d’un pays qu’ils ont eux aussi construit.

    Mais oui, il y avait aussi du racisme chez les pieds-noirs et nous aurions pu pratiquer la colonisation autrement en nous associant un peu mieux avec les maghrébins. Et oui, nous aurions dû quitter l’Algérie d’une autre façon.

    Sincères salutations.

    Vincent Lajaro, pied-noir.

  3. kabir dit :

    Bonsoir M.le Professeur d’Histoire,
    Merci d’avoir étalé votre savoir en matière d’histoire qui malheureusement se trouve loin d’incarner la vérité des faits historiques et la réalité des visées de la France qui continue ,au nom du droit,de la justice et des libertés,de falsifier les pages qui sont celles des actes barbares que les émancipés ont bien voulu,contre leur volonté,inculquer aux Algériens.Vous cherchez encore avec votre savoir entaché d’arrières pensées faire du mal aux Algériens avec votre plume en mettant un accent douteux sur des statistiques évidemment erronées.La politique de la France en Algérie était celle de diviser pour régner et vous l’avez concédé pour des raisons dont la portée avérée n’est plus de mise.La France doit avoir le courage de reconnaître ses forfaitures et ses actes inhumains contre un peuple démuni et totalement spolié de ses richesses par l’occupant au profit d’une population hétérogène ramassée aux quatre coins de la planète composée surtout de condamnés et de personnes indésirables en France.La France avait pensé faire une épuration de sa population empruntant à l’Allemagne nazie une idée révolue.Si la France comme vous le dites est venue en Algérie pour émanciper ce peuple barbare,pourquoi a-t-elle créer l’indigénat des autochtones et faire jouir toutes les autres races de leurs droits civiques en qualité de français à part entière ?
    Le mensonge de la France officielle était,pour moi simple citoyen qui avait vécu les affres de l’occupation française,une autre bombe qu’elle a lâché juste après sa libération des Allemands en utilisant les Algériens comme de la chair à canon.Elle leur a promis l’indépendance conditionnelle de chasser l’occupant Allemand.Malheureusement,le cadeau servi à nos valeureux soldats c’était les évènements provoqués de Guelma et Kherrata(45 000 morts selon la statistique française,les Algériens ne connaissant pas encore la science des chiffres).
    Alors de grâce,un peu de respect pour ceux qui ont payé de leur vie la paix et la liberté de la France.

  4. Vincent Lajaro dit :

    Kabir, je ne répondrais pas à l’intégralité de votre message car je l’ai déjà fait maints fois sur ce blog. Votre message est le pur produit de la propagande FLN. Que la colonisation soit condamnable, qui aujourd’hui pourrait le contester ! Mais il ne faut pas pour cela entrer dans le mensonge et la calomnie. Vous parlez de spoliation du peuple algérien. Elle a dû exister quelquefois mais la large majorité des pieds-noirs vivaient entre eux, sans spolier qui que ce soit. Ils ne vivaient que de leur propre création de richesses en retirant, ni en ajoutant (malheureusement) quoi que ce soit aux autochtones.
    Dire par ailleurs que les Africains ont été de la chair à canons est également scandaleux. Voici à titre d’exemple, les statistiques de 14-18.

    « L’Algérie a fourni à la mère-patrie :
    - 115000 soldats d’origine française, soit 1/5 de la population ;
    - 157000 soldats d’origine berbère, soit 1/30 de la population ;
    Les chiffres des tués ont été les suivants :
    - 18000 Français, soit 15,65 % des partants
    - 19000 indigènes, soit 12,1 % des partants
    (Un drame algérien de Eugène Vallet, Les grande éditions françaises, 1947) ».

    Pour la seconde guerre mondiale, il faut également aller sur Youtube :

    http://www.youtube.com/watch?v=jdOqMh61CiQ&feature=related

    et écouter l’historien Daniel Lefeuvre, le même qui a démontré que l’Algérie n’a jamais été rentable pour la France :

    « Taux de mortalité durant la seconde guerre mondiale : 5 % pour les Africains et les tirailleurs maghrébins, 5,8 % pour l’ensemble de l’armée d’Afrique et 8 % pour les Pieds-noirs.  »

    De même le mythe des 1,5 million de victimes, durant la guerre d’Algérie, est en totale contradiction avec d’autres guerres, contradictoire également avec la démographie algérienne, certaines déclarations du gouvernement algérien et les effectifs de l’ALN.

    Quant au code de l’indigénat, parlons-en ! C’est vrai que nous ne tenions pas vraiment à vous transformer en Français mais de votre côté, est-ce que c’était réellement votre objectif. Le peu de Maghrébins naturalisés étaient considérés comme des parias par leur communauté. Certains ne pouvaient même pas enterrer leur mort dans le carré des musulmans. Et puis aujourd’hui, sur le sol français, il y a des Maghrébins qui ont les mêmes droits que leurs concitoyens. Cela ne les empêche pas de brûler le drapeau français et d’insulter la Marseillaise sur le stade de France. Donc, vous voyez que les choses sont bien plus compliquées qu’il n’y parait.

    Pour ce qui est atrocités, en temps de guerre, il ne faut pas citer uniquement celles de l’ennemi. Et si l’on parlait, de la tuerie d’El-Halia, de Mélouza et des attentats aveugles qui ôtaient la vie à des femmes et des enfants. Tant que nous ne réussissons pas, ni les uns, ni les autres, à trouver un juste milieu, il nous sera impossible de nous réconcilier réellement.

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