GAZETTE de LA-BAS

Nouvelles de là-bas et d’ici

L’ALPHABETISATION EN ALGERIE

Classé dans : LA COLONISATION — 4 décembre, 2009 @ 15:31

            En Algérie où durant 132 ans la France était chez elle, la haine de l’Occident n’est pas moins ressentie qu’ailleurs. Ici cependant, c’est la France qui est visée principalement et il
n’est qu’à se reporter à la charte de 1985 réunissant tous les chefs du FLN et du gouvernement algérien qui avait alors condamné une nouvelle fois la France en ces termes : « … La France a ruiné l’Algérie arabe. Les méfaits de la colonisation en Algérie ont revêtu une forme d’oppression absolue confinant au génocide ». Et ces diatribes n’ont de cesse d’alimenter les journaux algériens…
Ainsi 47 ans après l’indépendance, la haine n’est pas assouvie et il n’est qu’à visiter le site de notre ami Jean-Louis GRANIER : « Bab el Oued Story » (en fin de page) qui reprend fidèlement ces articles, pour s’en convaincre… Ce que l’on enseigne depuis 1962 aux jeunes générations, tant dans les écoles que dans la rue, c’est que l’œuvre colossale des premiers pionniers français et étrangers et tout ce qui fut fait ensuite par leursenfants n’est qu’un tissu d’abominations et de crimes. Et cet enseignement là dépeint le misérable peuple musulman sous « l’occupation française » comme abêti, vivant dans  le plus dur des esclavages, courbant l’échine sous le joug de l’impérialisme (devenu le mot magique).Ainsi près d’un demi siècle après l’indépendance, fait-on croire de façon éhontée et
monstrueuse aux jeunes algériens que leurs pères furent uniquement des esclaves
misérables et affamés, soumis, sans droits ni recours, au bon plaisir des colons. A en croire cette nouvelle Charte, il est faux que l’œuvre française a rendu les Musulmans plus heureux. La pacification des tribus, la sécurité dans les douars et dans les chemins, la victoire sur les épidémies, l’établissement de la propriété, l’hygiène, l’assistance publique, l’enseignement, les caisses de prévoyance, les routes, les hôpitaux, les écoles et les infirmeries dans le Bled, le goût de l’effort…chansons, rengaines ridicules, abominables trompe-l’œil que tout cela !

            Avant que la France ne vienne en Algérie, celle-ci jouissait-elle de toutes ces choses ? Les Algériens les avaient-ils réalisées ? La France les en-a-t-elle privés ? Et ce qu’ils n’ont pas su faire eux-mêmes en tant de siècles, voici qu’ils accusent depuis des décennies la France de n’avoir rien fait pour eux durant « son occupation »…

            Avoir donné la vie à un néant minéral, est-ce un méfait de la colonisation ?       
            Avoir chassé la famine, la peste et le choléra, est-ce de l’oppression ?
            Avoir fait jaillir du sable du désert un pétrole et un gaz qui permettent à l’Algérie d’aujourd’hui de ne pas sombrer dans la misère, est-ce la ruine ? A cela, qu’ont opposé ceux
qui se pavanent aujourd’hui dans les ministères et ceux qui écrivent de telles abjections ?… La révolte… le terrorisme…l’abomination. Et pourtant, ce colonialisme si décrié n’est rien d’autre que ce phénomène qui a poussé l’Occident à partager l’essentiel de son avance technique avec le reste du monde qui ne l’avait même pas entrevue. L’entreprise s’est, en bien des cas, accompagnée de souffrances, certes, mais il n’est pas d’aventure humaine qui ne s’accompagne de ce douloureux  cortège… Il est le prix de sueur et de sang qu’il faut payer, mais le bilan est positif. Pourtant, on ne l’entend pas ainsi en Algérie et voici comment elle participe à l’éducation de ses enfants : « L’école, c’est la Révolution qui continue » ; le journal « Révolution Africaine » nous donne un aperçu de cette éducation… Mais ouvrons quelques pages du livre édité par la Commission Nationale d’Alphabétisation, livre obligatoire dans toutes les écoles algériennes. Sa lecture y est édifiante :

« Pas d’autre Dieu qu’Allah » … « L’Arabe est notre langue et l’Islam notre religion. »
… « La colonisation a mangé tous nos biens. » … « Notre pays a été ruiné par la colonisation : vengeance du peuple par la guerre sainte. » … « La colonisation a procédé au sabotage de notre pays dans plusieurs domaines : dans l’industrie, dans l’enseignement et dans l’agriculture. » … « En Algérie, avec le socialisme, il n’y a plus d’hommes agenouillés… » … « Le socialisme fait le bonheur du peuple ! Le socialisme met fin à la misère du peuple… »

            Il est intéressant également de relever (dans les textes arabes) le texte d’explication réservé au maître : « Le maître, dans ce texte, doit lire et faire répéter à ses élèves la phrase « la colonisation a mangé nos biens » et il doit expliquer fortement comment, « parmi les pays où la colonisation a mangé leurs biens, il y a notre pays à nous, Algériens ». On
appelle cela l’alphabétisation… Cela ressemble plutôt à de l’endoctrinement politique !

            Cependant, cette haine si elle s’adresse en priorité à la France, n’épargne pas les harkis contraints d’avoir fuit le génocide de 1962. C’est ainsi qu’en réponse à une campagne de
sensibilisation organisée en 1986 par une association de Français originaires d’Algérie : Jeune Pied-Noir (1), sur le thème : « Hommage aux Harkis », le quotidien officiel du gouvernement algérien « El Moudjaid » titrait en gros caractères : « VIEILLES HAINES ET NOUVEAUX
HARKIS » présentant ces « traîtres » de « harkis de l’ère de l’indépendance, pires que leurs prédécesseurs de la guerre de la libération ». Assimilant ces hommes parmi « l’ennemi extérieur », le quotidien poursuivait : « Si méprisables qu’ils soient, ces traîtres existent pourtant, et ils se pavanent dans les studios de télévision et de radio outre-méditerranée, dans les rédactions parisiennes pour, aux côtés des bourreaux d’hier, dénigrer leur pays et outrager leur peuple » … « L’ennemi extérieur,  ce sont aussi tous ceux qui depuis trente ans croupissent dans la haine de la révolution algérienne, tous ceux qui, dans leur mentalité nostalgique rétrograde, ont voulu et veulent rester à l’heure coloniale du « raton », à l’image de l’Algérien, « sous-homme » et ceux de cette sorte-là continuent de subsister outre méditerranée ».

            Les « moralistes » et « humanistes » au « cœur sur la main » que sont la LICRA, SOS Racisme, le MRAP, la Ligue des Droits de l’Homme, la Halde et toute la gauche politique
française devraient lire « El Moudjaid » ; ils se rendraient vite compte de quel côté se trouvent les véritables racistes !… Cependant, ces adeptes de la « repentance » et de
l’anticolonialisme, devraient s’inspirer de cette cinglante leçon d’histoire que nous donne Walter Williams, Africain-Américain et professeur d’économie à l’université George Mason de Virginie (Etats-Unis) : « Peut-être que votre professeur d’économie vous a enseigné que la pauvreté du Tiers-Monde est l’héritage de la colonisation. Quel non-sens ! Le Canada a été une colonie, comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande ou Hong-Kong. En fait le pays le plus riche du monde, les Etats-Unis, fut jadis une colonie. Par contraste, l’Ethiopie, le Liberia, le Tibet, le Sikkim, le Népal et le Bhoutan ne furent jamais colonisés et pourtant ils abritent les
populations les plus pauvres du monde… » Mortifiant sujet de réflexion. ..
                                                                                                                                                                                                                                          José CASTANO                                                                                                                                                                                                                    

Un commentaire »

  1. Vincent Lajaro dit :

    L’attitude de l’Algérie vis-à-vis des harkis me sidère. Le chemin sera encore long avant d’arriver à des relations apaisées. Le président Bouteflika qui compare les harkis à des collaborateurs n’a rien compris à la seconde guerre mondiale. Comparer la situation de l’Algérie de 1960 à celle de la France de 1940 n’a d’ailleurs aucun sens. Mais puisqu’il y tient, je dirais personnellement qu’il faut plutôt rapprocher la situation des harkis à celle des malgré-nous, ces Alsaciens qui ont été incorporés de force à la Wehrmacht. Il faut lire et relire les témoignages des harkis pour comprendre qu’ils n’avaient le choix qu’entre la peste et le choléra. Il y avait, d’une part l’armée française, répressive, qui leur demandait de choisir leur camp et, d’autre part, l’ALN dont la violence n’est plus à démontrer. J’ai encore lu dernièrement un harki affirmant qu’il est tombé dans le camp français quand l’ALN lui a ordonné d’égorger toute une famille qui s’était fait soignée par des médecins français. Dans ce cas, je ne vois pas où est l’allégeance à la France ou la traitrise à la cause algérienne. Cinquante ans après l’indépendance, il serait temps de mettre les pendules à l’heure. Mais il vrai qu’il faudrait questionner le FLN, le sacro-saint parti libérateur. De notre côté, il serait également temps de reconnaître que l’attitude de la France vis-à-vis de harkis a été criminelle. Il s’agit bien là d’une des pages les plus sombres de notre Histoire.

    Par ailleurs, l’économiste Walter Williams, que je ne connaissais pas, pourrait également entreprendre une étude sur la corrélation entre colonialisme et richesse… pour constater qu’elle est inexistante. Les pays européens, les plus riches : Suisse, Luxembourg, Scandinavie, n’ont jamais colonisé un quelconque pays. L’enrichissement par les colonies n’est qu’une vieille lune, toujours d’actualité en Afrique et même dans la plupart des milieux français. Et bien non, la France ne s’est pas enrichie en Algérie. Il suffit de lire Chère Algérie de Daniel Lefeuvre pour s’en convaincre. Et il y a un autre argument pour étayer cette thèse. De toute évidence, la France ne s’est jamais aussi bien portée qu’après son départ d’Algérie.

    Vincent Lajaro,
    Pied-noir.

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