L’ARRIVEE DES PREMIERS COLONS*
Voilà la terre promise!
Comme tous les yeux, les miens sont tournés vers cette nouvelle terre promise, que la distance nous présente sous un triste aspect.
Je pense que, entre le jour du départ et celui de l’arrivée, 19 jours se sont écoulés, en tout 21 jours. Nous avons perdu 2 enfants, laissé à Nevers un pauvre malade, dans les eaux du canal un malheureux père de famille, une femme en couche à Saint- Andéol, et des mécontents à Marseille. Pour ma part, je ne veux pas récapituler ce que je laisse derrière moi ! Nous sommes arrivés, nos regards doivent maintenant se porter sur l’avenir. Une barque est là, j’y descends. A bientôt, mon ami, une autre lettre. (Journal de Vivant Beaucé )
Enfin, comme une délivrance, les colons foulaient le sol algérien et l’arrivée renouvelait l’ambiance du départ de Paris.
Mais, la bienvenue officielle souhaité, les nouveaux arrivants étaient dirigés vers des voitures de l’armée qui se mettaient immédiatement en route vers ” leur ” destination. Les bagages suivraient quand ce serait possible.
Le voyage se déroulait dans une contrée où la route n’était même pas ébauchée, où le passage des oueds devait se faire à gué, que ce soit en période de crue ou que le lit soit à sec, les marais étaient traversés à l’estime, au risque de s’y perdre et où la végétation, le plus souvent constituée d’arbustes ou de buissons épineux, n’offrait que peu d’abri contre les incertitudes de ce climat inconnu. Puis, le convoi faisait halte en un lieu où s’élevaient souvent, mais pas toujours, quelques baraques ou guitounes militaires.
Les colons mettaient quelque temps à comprendre qu’ils étaient arrivés à destination. Quel désappointement ! Ils étaient vraiment au bout du monde les autorités militaires qui les prenaient en charge laissaient que peu de temps pour gémir. il fallait se presser pour créer un embryon d’organisation avant l’hiver.
Pour parer au plus urgent, on entassa les arrivants dans des tentes ou des baraques disponibles. La seule précaution prise fut d’isoler les hommes célibataires en leur attribuant un local séparé. Chaque famille occupait un petit espace dans les autres abris, bienheureuse de demeurer grouper pour les nuits.
Les repas devaient se prendre en plein air et chaque ménage improvisait une table et des sièges avec des caisses retournées et des pierres. Cette installation précaire permettait de se nourrir avec les rations fournies par l’armée : haricots, riz. viande, pain. Les colons devraient apprendre à s’en contenter jusqu’à leur a autosuffisance. Mais, la principale gêne pour les colons venait de cette vie de promiscuité obligatoire, sans intimité dans des ” logements ” où les séparations entre familles n’étaient constituées que par des couvertures tendues des cordes qui ne montaient même pas jusqu’au plafond. Dans de telles conditions les disputes étaient fréquentes et la discipline malaisée à faire respecter. Ce fut une tâches les plus rudes des officiers commandant les colonies agricoles et chacun d’eux, sans aucune formation préalable, s’acquitta de cette mission avec sa personnalité, rendant la vie parfois très difficile aux colons en leur faisant subir un véritable calvaire.
l’histoire de la colonisation a préféré taire pudiquement les noms de ceux qui se montrèrent brutaux, maladroits ou despotiques. Les conditions de vie furent encore aggravées par les intempéries.
L’hiver 1848-49 fut particulièrement rigoureux empêchant les travaux d’installation. Puis après un printemps 1849 qui fit renaître l’espoir et permit d’entreprendre quelques travaux et les premières cultures, l’été arriva très vite, torride, accompagné par le sirocco. Tout fut desséché et anéanti. Enfin, sur ces communautés physiquement exposées par les privations et une hygiène défectueuse, s’abattirent deux fléaux qui allaient causer des ravages : le paludisme et le choléra. Si la première des deux maladies put être combattue par la découverte récente de l’action de la quinine, le second mal entraîna de véritables hécatombes : à Damesme 49 morts en 3 jours, à Mondovi 250 morts au village en 14 ou 15 mois, auxquels s’ajoutent les morts dans les hôpitaux. ” Dans le département de Constantine, les 2/3 des colons de 1848 ont succombé, sans presque avoir touché la pioche ou la charrue ” (Emile Violard : Les villages algériens de 1830 à 1870).
A tout cela, il faut ajouter en toile de fond l’insécurité permanente due aux indigènes – mais aussi aux fauves – avec son cortège de meurtres, de destructions et de massacres d’animaux, qui contribua largement au désarroi des colons.
Devant tant de calamités, beaucoup de ces gens, arrivés là débordant d’espoir, s’effondrèrent, et n’eurent plus qu’une idée, repartir en France avant que leur famille ne disparaisse complètement. Ils signèrent alors l’acte de renonciation à leur concession, avant même de l’avoir eue.
Tous ceux qui abandonnèrent, ne retournèrent pas pour autant en Métropole, les uns s’engagèrent comme ouvriers agricoles dans de grandes exploitations, d’autres gagnèrent les villes d’Algérie et cherchèrent à s’employer dans l’Administration ou le commerce. Un certain nombre, enfin, rentra en France.
Ceux qui quittaient les villages, furent partiellement remplacés. S’il faut, pour fixer les idées, donner quelques indications chiffrées, voici le bilan que l’on pourrait dresser, en comptant les passagers des 17 convois initiaux – 14 543 adultes et enfants de plus de 2 ans plus 391 enfants de moins de 2 ans – et les 6 000 personnes environ qui arrivèrent ensuite, le total des colons de 1848 s’élève à 20600 adultes environ.
Sur ce nombre, 10 000 restèrent dans les colonies agricoles, 3 000 succombèrent et 7000 renoncèrent à leur concession.
Les 10 000 ” rescapés ” créèrent 42 villages dans les 3 départements lgériens. Ainsi, naquirent : Castiglione, Novi, Marengo, Montenotte, Ponteba, Saint-Cloud, Saint-Leu, Mondovi. Jemmapes, Guelma, etc…
On pourrait en guise de conclusion, et devant une telle accumulation de malheurs, se demander si par une organisation mieux pensée et plus efficace, mais aussi plus humaine, on n’aurait pas pu éviter ces conditions de vie aussi dramatiquement précaires, qui ont joué considérablement sur la manière dont ces ouvriers parisiens transplantés en Algérie ont, au physique comme au moral, supporté les épreuves auxquelles ils devaient faire face. Là n’était peut-être pas le remède, mais là, peut-être, était le baume sur les plaies.
Mais telle fut leur histoire, au goût de sueur et de larmes et couleur de sang, elle fît naître de magnifiques réalisations et des villages prospères qui n’avaient pas fini de tenir leurs promesses lorsqu’une autre page d’histoire…
extrait du livre d’Alain Lardillier
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