L’esclavage blanc en Méditerranée (1500-1830) 1ère partie
L‘une des scènes les plus populaires de Molière est celle où le fourbe Scapin extorque cinq cents écus à Géronte en lui faisant croire que son fils Léandre a été emmené à Alger comme esclave. « Que diable allait-il faire dans cette galère ? » se lamente Géronte, qui finit par lui remettre cet argent, le prix de la rançon. Cet épisode des « Fourberies de Scapin », exposé sur le mode comique, révèle en fait une pratique relativement fréquente et, en tout cas, dramatique que Robert C. Davis présente et analyse dans ce livre passionnant sur l’esclavage des chrétiens par les Turcs et leurs corsaires algérois, tunisiens et tripolitains. L’esclavage des Blancs, explique l’auteur, minimisé et tenu pour relativement doux en comparaison de celui des Noirs dans les Amériques, offre pourtant des chiffres qui montrent l’étendue d’une activité qui se maintiendra jusqu’au xixe siècle et ne disparaîtra qu’avec l’installation du colonialisme français ennn 1830
Carmen Bernand
En s’appuyant sur des documents historiques et sur des archives de cette période, une étude exhaustive sur l’esclavage des Européens au Maghreb . L’historien américain revient sur la traite des blancs pratiquée en Méditerranée par des corsaires maghrébins, que l’on nommait alors les Barbaresques. Cette pratique a duré trois siècles (du 16ème au 19ème siècle) et a réduit plus d’un million d’Européens en esclavage dans les villes d’Alger, Tunis, Tripoli et Salé. Ces corsaires écumaient la Méditerranée et poussaient des pointes jusqu’aux côtes britanniques, à la recherche de nouveaux captifs. Toutefois, cet esclavagisme se distingue des autres formes de mise en servitude par sa dimension religieuse. C’est aussi une guerre menée contre les chrétiens. En plus des bénéfices réalisés grâce à cette traite, les corsaires maghrébins considéraient qu’il y avait une revanche à prendre sur ceux qui ont chassé les musulmans du paradis perdu d’Al Andalous
Combien de chrétiens – car il s’agit bien d’un prélèvement d’ennemis, d’infidèles, par les corsaires musulmans dont beaucoup sont des renégats – ont été soumis en esclavage ? L’auteur, qui a travaillé principalement en Italie avec une documentation de première main expose les difficultés de chiffrer de façon exacte le nombre des captifs , fournie essentiellement par les ordres religieux qui avaient tendance à exagérer le nombre de ces esclaves.
Toutefois, sur la base de certains recoupements, R.C. Davis arrive à la conclusion qu’entre 1580 et 1680, la période la plus active de cette course méditerranéenne – les « Fourberies » datent de 1671 – on peut accepter une moyenne annuelle de 35 000 captifs vivants répartis, pour la grande majorité, à Alger et, en nombre moins important, à Tunis (6 000) et Tripoli, bien que d’autres bagnes aient existé notamment à Dulcigno (Montenegro), .
sources :livre de Robert C Davis et Carmen Bernand
Dans les premiers temps de l’islam, les notables de Bagdad s’approvisionnaient en esclaves blancs auprès des tribus guerrières du Caucase , les femmes caucasiennes étaient réputées pour leur beauté, mais aussi auprès des marchands vénitiens qui leur vendaient des prisonniers en provenance des pays slaves, encore païens.
À la fin du Moyen Âge, comme le vivier slave s’épuise du fait de la christianisation de l’Europe orientale, les musulmans se tournent vers les pirates qui écument la
Méditerranée. Ces derniers effectuent des razzias (*) sur les villages côtiers des rivages européens. Le souvenir des combats livrés par les habitants à ces pirates perdure dans… la tête de prisonnier maure qui sert d’emblème à la Corse.
La légende la plus connue voudrait qu’à l’époque des raids Sarrasins, les braves guerriers Corses auraient eu l’habitude de tuer leurs ennemis et de les décapiter ensuite pour empaler leurs têtes sur des piques, afin de les présenter aux nouveaux envahisseurs pour les décourager.
S’il est vrai qu’aucun royaume européen n’était à l’abri des incursions corsaires, qui pouvaient remonter de Salé jusqu’au sud de l’Angleterre, ce sont les côtes espagnoles et italiennes qui furent les plus touchées par les razzias.
Les corsaires ne se contentaient pas d’aborder des galères chrétiennes ou des bateaux de pêche : ils mouillaient dans des criques isolées et pénétraient dans les terres, pillaient, saccageaient au passage, et emportaient des paysans ou des religieux, soit pour rançonner la famille, soit pour emmener leurs victimes dans les bagnes d’Alger ou d’ailleurs et en faire des esclaves
.
Avec justesse, l’auteur explique que ces prises non seulement terrorisaient les habitants du littoral et rendaient très risqués la pêche et le commerce maritime, mais que la ponction humaine régulière et la difficulté de payer des rançons élevées de la part de ceux qui restaient, eurent pour conséquence la ruine d’une partie de ces populations et la décomposition du tissu social.
La première moitié du XVIIème siècle fut marquée par l’apogée de l’esclavage en Alger et Tunis d’où les victimes étaient réparties dans l’ensemble du monde musulman.
On comptait en Alger seulement, aux dires de captifs libérés, une vingtaine de milliers d’esclaves de toutes origines dont une bonne moitié de chrétiens d’Europe. Si l’on rajoute les autres détenus entre Alger et le proche Orient le total doit être effrayant. Que dire alors de tous ceux qui n’ont pas survécu ou sont morts en esclavage ?
à suivre La vie sous le fouet
à suivre : Le rachat des esclaves
42 commentaires »
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-> Kuj, je reviens sur votre commentaire car je n’ai pas fini de répondre. Votre phrase d’introduction :
« Un article assez banal qui est en adéquation avec le CONTEXTE ANTI-MUSULMAN ACTUEL »
nécessite une réponse. Selon moi, le soit-disant contexte anti-musulman n’est dû qu’à une radicalisation de l’islam qui, depuis une vingtaine d’années, veut toujours et encore imposer la charia. Un exemple ? Il suffit d’observer dans les rues françaises la multiplication des hidjab, des tchador, des niqab non seulement en nombre mais en proportion. Ces vêtements religieux ostentatoires ne sont, pour l’essentiel, que les oriflammes de l’islam.
Je vous remercie pour ce blog qui nous en apprend beaucoup. Je trouve les echanges dans les commentaires aussi tres interessants.
J’ai juste une remarque:
Pourquoi utilisez-vous le mot « corsaire ». Ce n’etaient pas des corsaires mais en verite des pirates, des bandits. Les corsaires etaient des combattants independants avec un statut equivalent aux militaires. Ils n’etaient pas soumis a ‘autorite d’un etat-major, mais bien soumis aux lois de la guerre. Ces barbares n’etaient soumis a aucune loi, c’etaient de veritbables bandits.
Je constate que certains sont restés bloqués sur l’Algérie française et en sont toujours frustrés…;
je reste ébahie par ces 3 pages de commentaires haineux et incultes.
Enfin, tout cela d’un pathétique !
Pourquoi ne pas demander des réparations expl:indemnités
Voir excuses publique auprès des autorités concernées
Saint-Anne, je réponds à vos quelques lignes bien tardivement mais mieux vaut tard que jamais. Personnellement, je ne suis loin d’être bloqué à l’Algérie française. Je suis même devenu un farouche anti-colonialiste. Non, ce qui me préoccupe aujourd’hui, c’est plutôt la France algérienne.
Et puis à part nous dire que nous sommes haineux et incultes, nous n’avez pas grand chose à nous dire. En tous les cas, je suis loin d’être ébloui par votre argumentation.
Mais bien sûr qu’Alger a rançonné la Méditerranée (et même au-delà) et a pratiqué l’esclavage durant trois siècles. Après 1830, nous avons libéré plusieurs milliers d’esclaves noire en Algérie.
Au travers de tout ces témoignage on découvre que l’ENA n’est peut-être pas la formation idéale pour un futur responsable politique ou et est que le président MACRON avait zape le volet historique de la formation. Ses repentances n’avaient certainement pour but que de séduire une frange de notre électorat. L’histoire reste l’histoire et bien mal venue qui s’en sert pour manipuler ses concitoyens.
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Je suis très content de lire les informations et réactions qui font suite à l’article sur les pratiques de captivités et d’esclavages qui ont suivi l’esclavagisme antique et précédé puis accompagné celui des puissances européennes pour développer leurs colonies dans les Amériques puis en Asie et en Afrique.
Malheureusement, guerre et esclavage sont une donnée du comportement des puissances qui veulent dominer la terre ; cf. : l’Allemagne nazie, le Japon impérial, Daesh, …