GAZETTE de LA-BAS

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J’ai vu le film de J-P LLedo

Classé dans : films.émissions TV,le racisme — 23 février, 2008 @ 16:56

Je suis donc allée voir le film de Lledo et je n’ai pas été déçue ni même irritée par certaines erreurs historiques pardonnables. .  
Je ne vais pas détailler les péripéties du film vous avez dû déjà lire mon article je n’ai rien à y retoucher après avoir vu le film.

 Pour la première fois des auteurs de massacres d’Européens parlent et décrivent sans état d’âme leurs exactions.

Les phrases  prononcées par l’un d’eux  répondant à une question de Aziz sur l’insurrection déclenchée par l’ALN, le 20 août 1955, qui ciblait la population eur  opéenne sont terribles à entendre :

- » Pourquoi vous les avez tués tous, femmes et enfants. pourquoi les enfants? 

- «  Les chefs nous le demandaient. Ils nous disaient que chez les Gours c’était la femme qui commandait et si nous tuions les femmes et les enfants elles demanderaient au mari de partir et qu’il fallait les tuer tous  ». Je ne sais ce qui m’a le plus  blessée : le contenu de la phrase ou le ton d’une tranquillité effrayante et sans gène aucune avec lequel  étaient dites ces paroles devant une caméra.

Je comprends pourquoi le film est interdit en Algérie et je crois juste la  crainte de Lamine MERBAH lorsqu’il veut  justifier la censure :

 « Des témoignages non anodins de certains moudjahidines algériens  disent que les révolutionnaires algériens ont commis des crimes atroces contre les Pieds-noirs. Donnant ainsi l’image d’un terrorisme qui coule dans le sang des Algériens depuis la nuit des temps  ».

C’est exactement ce que j’ai pensé sur le champ et l’un de mes amis présent près de moi a écrit  le lendemain « Ce film aurait pu avoir comme titre : Nous sommes tous des assassins  »

Ce n’était certes pas le but poursuivi par J-P Lledo mais c’est hélas ce  que des PN ont dû se dire oubliant les amis plus humains qu’ils avaient laissés là-bas.

Même la présentatrice d’une émission de radio au demeurant plein d’humour et semble-t-il très instruite a dit elle aussi que si on lui avait demandé de tuer sa nounou, tant aimée, devant la maison de qui elle pleure, elle l’aurait fait. Pourtant dit- elle,  elle vivait très heureuse au milieu des Français de Bab el Oued qui eux, vers 1961 lui ont recommandé de partir dans la maison de sa famille dans la Casbah.

La séquence sur Cheïkh Raymond est plus ambiguë, son assassinat est toujours nié par le FLN, et je suis étonnée de la survivance de sa mémoire parmi ces « vieux » qui se réunissent encore aujourd’hui pour écouter ses enregistrements.

Arrive la séquence sur Oran : peut-être ceux qui ne connaissaient pas la situation catastrophique du quartier de la Marine ont-ils  été  surpris et scandalisés, certains spectateurs ont murmuré dans la salle,  mais le pire n’a pas été montré.

 Certains personnages du film de Gilles Pérez  »Les Pieds-Noirs «  auraient eu leur place à ce moment-là, pour parler eux aussi de cette communauté entre les Marinéros. Dans la vidéo que je leur ai envoyée ils ont reconnu tous les personnages du film, Amida,  Charlemagne et TchiTchi, et tous ceux qui parlent de leur jeunesse commune et partagée sans problème de racisme, comme des frères disent les personnage du film de Lledo et de raconter des anecdotes pour le prouver. A cette évocation sans faux-semblant,  j’ai mieux compris l’amertume de tous mes amis , ‘Marinéros français » après le 5 juillet 1962 devant la passivité (dans le meilleur des cas) de leurs anciens amis .

Le meilleur du film, à mon avis, est le jeune intellectuel oranais Kheïreddine  qui interroge les habitants de ce qui reste de la Marine , il les traque dans leurs non-dits et arrive à les faire parler sur le 5 juillet, poussant son interlocuteur à se contredire et à ne plus savoir comment s’en tirer.

 Le massacre du 5 juillet ? Ils ont bien déclaré que c’était une horreur et qu’ils ne pouvaient pas en dire davantage devant la caméra, car « cela irait contre l’Honneur de l’Algérie » et ils esquivaient : moi je n’étais pas là, je n’ai rien vu ! On m’a parlé du Petit Lac! On m’a dit qu’on les égorgeait et qu’on le jetait dans « l’étang » …Tchitchi, lui prétend avoir sauvé des personnes enfermées par le FLN dans une salle de la Calère. Allez voir le film mes amis vous me direz si c’est possible!   

 J’ai appris que la pièce que montait  Kheïreddine au Théâtre d’Oran : Les justes de Camus  avait été interdite. Vous devinez pourquoi, si vous connaissez la pièce qui cerne trop la réalité .  

Je vous recommande d’aller voir le film : pour une fois des vérités sur les massacres de Français sont dites par des Algériens pro FLN et auteurs de ces massacres,    ils sont  très courageux ont dit, dans la salle, durant le débat, des coreligionnaires qui savaient de quoi ils parlaient   Ils n’ont pas la langue dans la poche : impensable  pour moi il y a quelques jours seulement. 

L’avis d’une des filles des victimes enlevées le 5 juillet 1962      

Ce film est intéressant parce qu’il est tourné en Algérie et toutes les personnes interrogées sont Algériennes, il n’y a pas d’interview de Français il est objectif et sans complaisance. Les arabes reconnaissent leurs participations aux attentats et aux actes inhumains vis à vis des PN avec qui ils reconnaissent avoir eu de l’amitié ils se justifient par le seul argument que le FLN leur donnait l’ordre et ils ne le discutaient pas  , allant jusqu’à tuer ceux qu’ils considéraient comme des frères.

Le plus intéressant pour nous, Oranais, est que les témoins du massacre du 5 juillet qu’ils soient participants ou pas sont gênés et disent qu’ils ont commis une faute grave que les Oranais qui étaient restés, ne méritaient pas ça. Une des personnes interrogée parlent même de génocide. Ils savent tous que le petit lac renferme les cadavres…
Une fois de plus si l’histoire officielle nous a condamné en tant que colonialistes, l’histoire des hommes qui vivaient le même quotidien est là pour rappeler que nous n’étions pas ce que l’on a voulu faire croire. Certains dans la salle partisans de l’indépendance, ont reconnu qu’ils n’étaient pas au courant de cette réalité.
Ce film mérite d’être vu…
je le conseille pour comprendre l’état d’esprit des Algériens à notre égard ,dont le but était de nous faire partir par la terreur, ils reconnaissent, qu’ils étaient sans pitié même vis à vis des PN qu’ils côtoyaient depuis toujours. Ce film est plein d’enseignements pour nous. Ceux qui avaient l’illusion qu’on aurait pu vivre ensemble n’auront plus de regrets.
V. Ezagouri

Vous trouverez ci-dessous la nouvelle programmation pour le mois de mai des sorties classée par ville et par cinéma.   

J'ai vu le film de J-P LLedo dans films.émissions TV pdf maidebatsavecjplledo.pdf

A suivre Polémiques autour du film  Cliquez

images.jpg                                                                                                            

10 commentaires »

  1. ezagouri viviane dit :

    C e film est intéressant à voir ;les algériens racontent leur quotidien avec les PN ,leur point de vue est à l’opposé des clichés colonialistes.

    Viviane

  2. michelle dit :

    M’dame est-ce qu’ils le donneront pas à Marseille une autre fois. Je voudrais bien aller le voir.

  3. François sanchez dit :

    M’dame,
    je n’irais pas voir le film, non pas par contradiction , mais tout simplement parceque je fais partie de ceux qui sont partis quelques temps apres l’indépendance, j’ai vu Oran vidé de sa substance europeenne,se faire envahir.
    Je ne peux pas me resigner à entendre les propos d’anciens pro Fln..même s’ils regrettent certains de leurs actes ou qui déplorent notre absence.
    le passé est le passé…rien ne sert de remuer la plaie qui est la notre.
    François.

  4. Jaumet dit :

    J’ai toujours une appréhension à aller voir tout ce qui me rappelle mon passé, la cicatrisation n’étant que superficielle.
    Je sais aussi à quels appels répondaient nos amis algériens si un ordre de tuer l’ami d’enfance « roumi » leur était donné, autrement dit c’est lui ou c’est toi.
    Ces souvenirs n’ont pas disparu de ma mémoire raison qui me pousse à être circonspect mais aussi ne pas vivre dans ce perpétuel questionnement qui ne me quitte jamais de me demander pourquoi tout cela, pourquoi nous et toujours nous sans jamais trouver de réponse !…
    Jaumet

  5. lopez dit :

    B’jour M’dame

    Je pense comme François Sanchez. Pour les même raisons que lui, je ne veux pas les entendre aujourd’hui dire le contraire de ce qu’ils ont fait hier.J’ai assisté également à l’invasion de mon quartier et de la ville d’Oran. Jusqu’à me faire agresser par l’un d’eux. Pour un de modéré , il y en avait dix mille agressifs, arrogants et inbuvables. Pour ces raisons aussi, quand j’entends les commentaires des PN qui s’extasient devant leurs salamalecs lors de leur « retour » là-bas, je me hérisse.
    Ceux d’aujourd’hui ne sont pas ceux qui nous ont combattus pendant sept longues années. Et leur accueil est très intéressé.
    Jamais je ne pourrais, comme tant d’entre nous, oublier ni pardonner. Et ce film, fait par un « algérien nommé LLEDO » est encore plus méprisable à mon sens que s’il avait été fait par un arabe d’Algérie ou d’ailleurs.
    Pardonnez-moi, je vais de ce pas visiter la totalité de votre site.
    danièle

  6. TIOFOTO dit :

    M’dame,

    J’ai lu vos commentaires ici et ailleurs!

    Je n’irai pas voir ce film car je serais capable de vomir devant ces algériens qui , soit disant regrettent leurs actes mais tout en précisant qu’ils obéissaient aux ordres et qu’ils auraient tués même des amis!

    Le fameux TChiTchi aurait sauvé des PN? Laissez moi rire car il a trahi ses propres amis avec qui il sortait , jouait au foot et allait dans les boums!

    Depuis les hauteurs il jettait des pierres en bas dans les rues qu’il a fréquentées et il visait ses amis!

    Non! je ne crois pas que tous ces acteurs regrettent quoique ce soit et ils font bonne figure aujourd’hui car ils ont besoin que les PN reviennent visiter leur maison occupée!

    J’aurais honte de faire venir des PN pour leur montrer les ruines du pays aujourd’hui!

    Non! jamais je ne retournerai dans CE PARADIS PERDU!

    Si je veux voir des ruines j’irai à Rome ou en Grece mais jamais en Algérie!Je veux finir mes jours avec les souvenirs de ma jeunesse!

    Bises

    Antoine

  7. christiane dit :

    détrompez vous lez uns les autres et vous auriez bien tord de ne pas allez le voir car celà vaut vraiment le coup bravo à JPP LLEDO .Ce film étant interdit en ALGERIE vous comprendrez la raison !

  8. andrellopis dit :

    Je lis beaucoup de commentaires à ce sujet par des algériens qui justifient les massacres d’oran par les exactions de l’oas en oranie, or,d’aprés les dires des bouchers du fln tout ceci était programmé depuis le début des évenements et notamment d’aprés de récit des assassinats des femmes et enfants au mois d’août 1955,et qu’il s’agit là d’une fausse excuse et je reproduit la citation de madame ils donnent l’image d’un terrorisma qui coule dans le sang des algériens depuis la nuit des temps!!

  9. andrellopis dit :

    je lis le commentaire de TIOFOTO, je pense qu’il a tord et que ce fil conforte mes idées à savoir que nous n’aurions pas pu rester et qu’il fallait partir,il me semble que nous avons commis des erreur par notre ignorance de la politique qui nous a laissé manipulé par des gens qui avaient tout à fait intérêts à laisser les choses en l’état,quand au paradis perdu,je crois qu’il l’est beaucoup plus pour les algériens,quand à moi je ne retournerai plus là bas pour garder le souvenir de ma terre natale.

  10. Vincent Lajaro dit :

    Je suis pied-noir vrai de vrai, sur plusieurs générations. Et nous devons reconnaître nos fautes et nos erreurs. Notre faute, c’était le mépris pour les populations autochtones (pas toujours, mais souvent). L’arabe était un sale bougnoule. Je l’ai entendu plusieurs fois durant mon enfance. Cela est méprisable et je crois que cela a gâché la vraie fraternisation qui pouvait exister entre les communautés. Notre erreur a été de croire que l’Algérie serait immuable jusqu’à la nuit des temps. Dans le monde toute bouge. Mais dans ce domaine, nous n’avons pas été les seuls. Rester sur le statu quo, garder ses avantages acquis est le propre de l’homme.

    Naturellement, je suis toujours prêt à dénoncer les attentats aveugles et les crimes de guerre du FLN, sans compter la mort gratuite des harkis, des hommes qui nous avaient fait confiance. Alors si, de l’autre bord, il y a des individus qui sont enfin prêts à revisiter l’histoire, je suis preneur et attentif. Le pardon, voire la repentance, ne peuvent être que réciproque. La violence extrême du FLN ne pouvait qu’entraîner une répression quelquefois démesurée.

    Bravo pour votre site, je reviendrai m’exprimer.

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